Nantes pour l'Égalité le 18 novembre 2021
Concernant les participants appartenant à la Maison des Potes, il y avait Samuel Thomas, délégué général de la fédération, Clara Hodemon, juriste, Abdoulaye Dia, médiateur social, Maya Ourari, élève-avocate, Ibrahima Coulibaly, élève-avocat et Romane Menacer, chargée de communication. Pour les participants hors Maison des Potes, on comptait Georges Cavret, président de l’association Ville Simplement à Nantes, Mahaut Bertu, adjointe à l’égalité, à la ville non sexiste, à la vie associative et à la lutte contre les discriminations à la ville de Nantes et Nicolas, militant antiraciste de conviction ayant participé à des collectifs antifascistes et anarchistes.
Georges Cavret démarre la visioconférence en expliquant que le projet associatif de Ville Simplement est de combattre les inégalités. Pour ce faire, un jeu qui s’appelle « Guetteurs d’injustice » a été créé au sein de l’association, qui permet de se conscientiser sur les inégalités que l’on vit ou que l’on voit autour de nous. Georges Cavret soulève le problème majeur que rencontre de nombreux jeunes, notamment en lycées professionnels, et qui recherchent des stages et donc des entreprises prêtes à les accueillir, tout en sachant que la plupart des jeunes dont l’association s’occupe sont des jeunes de quartiers dont l’origine de leurs parents est souvent étrangère. Cette action correspond au dispositif SOS Stage de la Maison des Potes.
Georges Cavret explique qu’il y a aussi une autre association dans le quartier nord de Nantes qui s’appelle « Casse ta routine » et qui traite les sujets des discriminations, des inégalités sociales, de recherche de stages, etc. Il nomme aussi les associations « Ambition jeunesse » et « Résilience » sur d’autres quartiers de Nantes.
Samuel Thomas rappelle qu’un salon de coiffure à Nantes avait fait l’objet il y a des années d’un procès car la responsable du salon ne se voyait pas recruter une femme noire pour sa clientèle de femmes âgées. Cette femme a porté plainte avec l’aide de la Maison des Potes. La preuve de la discrimination avait pu être établie car la Mission Locale de Nantes avait contacté le salon de coiffure pour demander des explications, et que le salon avait confirmé ne pas pouvoir embaucher de femmes noires pour s’occuper de sa clientèle. Au procès, l’agent de la Mission Locale avait témoigné.
Samuel Thomas regrette que, quand un jeune qui est victime de discrimination en parle à l’un de ses professeurs, l’attitude la plus souvent reconnue est un professeur qui nie la discrimination, et donc le travail de vérification de la discrimination n’est pas fait. Dans ce sens, Samuel Thomas propose une formation de tous les professeurs dans le but de savoir repérer une discrimination, et d’être capable d’aller en chercher la preuve. Les proviseurs doivent aussi avoir une formation sur leurs responsabilités. Le réveil des consciences des professeurs et proviseurs devait être fait avec l’appui du Défenseur des droits, qui éditerait un document adressé à tous les lycées sur le fait de ne pas travailler avec des entreprises aux pratiques de recrutement discriminatoires.
Nicolas de son côté n’est pas convaincu de l’efficacité des tribunaux, il compte beaucoup plus sur les actions coup de poing et l’occupation des territoires. Pour lui, la police est aveugle, elle n’intervient qu’après coup et ne fait clairement pas de prévention antiraciste.
Mahaut Bertu prend la parole en expliquant que la ville et la métropole se sont engagées à faire partie d’une expérimentation avec le FEJ (Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse) et notamment avec la ville de Villeurbanne afin de travailler sur le racisme et les discriminations à l’encontre des jeunes des quartiers populaires. Mahaut Bertu explique qu’il est important de venir à la rencontre des personnes qui ne se rendent pas compte qu’elles ont été discriminantes afin de déconstruire leurs préjugés et de leur expliquer en quoi ce qu’ils ont fait/dit est du racisme et de la discrimination. Par contre, pour celles bien conscientes qu’elles sont racistes et/ou discriminantes, une réponse judiciaire doit être apportée.
Georges Cavret rebondit sur les propos de Mahaut Bertu en expliquant qu’il est essentiel de donner du pouvoir aux jeunes des quartiers populaires, pouvoir d’agir, pouvoir de faire des choses, pouvoir de s’entraider, et il trouve que la municipalité de Nantes avance bien dans ce sens, notamment avec l’élue Pauline Langlois pour la jeunesse.
Nicolas explique que les gens ne prennent pas en compte toutes les formes de racisme, et que ce n’est que le racisme radical de haine qui est reconnu. Or, pour lui, d’autres formes de racisme comme l’exotisation et le paternalisme ordinaire, en somme toutes les brimades sous forme de blagues qui semblent inoffensives, doivent être également reconnues. Pour Nicolas, il faut rappeler que le racisme n’est pas qu’une haine viscérale totalement affichée mais que c’est aussi tous ces petits gestes qui ont des effets dévastateurs car massifs.
Samuel Thomas parle ensuite de la proposition n°9 de la Maison des Potes concernant l’anonymisation des candidatures au logement social à Mahaut Bertu. Elle explique qu’à Nantes il y a l’office Nantes Métropole Habitat où siègent notamment des élus de la majorité et de l’opposition et que la transparence sur l’attribution des logements lui paraît essentiel. Elle explique qu’ils ont une liste de critères de priorité sur les attributions comme celui des familles monoparentales. Elle dit ne pas maîtriser la question de l’anonymisation et de l’attribution et qu’il faudrait directement s’en référer à l’adjointe au logement Catherine Piau et un adjoint qui est président de l’office Nantes Métropole Habitat qui est Thomas Quero.
Samuel Thomas rappelle que la maire de Nantes Johanna Rolland s’est engagée en 2014 et en 2020 pour l’anonymisation des candidatures au logement social.
Samuel Thomas demande à Mahaut Bertu s’il serait possible de modifier l’intitulé de sa délégation en rajoutant le terme « racisme » donc « lutte contre le racisme et les discriminations » car il déplore que trop peu d’élus en France aient ce terme dans l’intitulé de leur délégation.
Par ailleurs, il demande à Mahaut Bertu s’il est possible de mettre de l’énergie pour la mobilisation pour la journée du 21 mars et d’en faire un événement important dans le cadre de son cinquantenaire.
En outre, il demande à Mahaut Bertu s’il serait possible de faire un appel à projet pour la réalisation d’opérations de testings à vocation judiciaire contre les discriminations. Il souhaite que toutes les associations de Nantes qui souhaitent réaliser des opérations de testings dont le but est d’attraper des flagrants délits de discrimination et de les faire comparaître devant les tribunaux puissent le faire avec une subvention pendant 3 ans de la mairie.
Aussi, il demande à Mahaut Bertu s’il serait possible que les vacataires recrutés par la mairie de Nantes le soient via le système du CV anonyme. Mahaut Bertu répond que la municipalité de Nantes s’est engagée au travers d’un Observatoire des discriminations face à l’emploi et que le fait qu’un appel à projet afin que les associations soient subventionnées pour réaliser des opérations de testings pourrait rentrer dans ce cadre. Samuel Thomas indique que la Maison des Potes est prête à aider les équipes de la mairie pour les former à comment réaliser des testings à l’emploi.
La mairie de Nantes a obtenu les deux labels « Egalité » et « Diversité dans l’emploi » délivrés par l’AFNOR et cela engage l'engage sur les questions de carrière et de recrutement des agents municipaux et plus largement sur la manière dont la mairie soutient les acteurs du territoire, la mairie cherche à être partenaire avec des entreprises engagées, notamment dans la RSE.
Mahaut Bertu termine la visioconférence en expliquant que la ville de Nantes fait partie du réseau « Écart » dédié au racisme et plusieurs élues dont Johanne Rolland, Nadège Boisramé, Nathalie Blin et Mahaut Bertu elle-même sont engagées dans un réseau d’élus de lutte contre les discriminations.
Publier un nouveau commentaire