Vers un droit au logement pour tous ?

Yasmine Oudjebour : A votre avis, la loi sur le droit au logement opposable est-elle une avancée en soi ?
Didier Cusserne : Je dirai qu’elle constitue plusieurs types d’avancées en ce sens où elle donne à la société la responsabilité de loger tous les citoyens installés sur le territoire français. Au même titre que le droit à la scolarité pour tous c’est aujourd’hui le droit au logement pour tous ! Malheureusement la mise en œuvre ne fonctionne que très partiellement en raison du nombre insuffisant de logements vacants à des loyers abordables, pour les personnes ayant peu de moyens, y compris ceux considérés comme logements sociaux. En effet, une grande partie de ces logements est à des niveaux de loyers inaccessibles à quelqu’un qui, par exemple, perçoit le RMI (Revenu Minimum d’Insertion). Il existe plusieurs gammes de logements sociaux et c’est du côté du logement très social et donc des financements publics que le bas blesse le plus !
Quelles mesures faudrait-il alors mettre en place ?
D’abord, il faudrait une réelle volonté d’affichage politique c’est-à-dire l’obligation pour les collectivités d’avoir son lot de logements accessibles aux plus défavorisés. Combattre l’idée véhiculée par un certain nombre de responsables politiques, en particulier les élus locaux, à savoir que les pauvres peuvent déranger les riches. En somme, un affichage politique qui se traduit par un certain nombre d’actes dans lequel les autorités politiques nationales ont une vraie responsabilité : d’une part, faire respecter l’obligation de construire 20% de logements sociaux dans chaque commune, d’autre part, aller plus loin en augmentant ce pourcentage et surtout en réservant une partie conséquente au logement très social, y compris dans le privé.
On parle aujourd’hui de « travailleurs pauvres », comment expliquez-vous ce nouveau phénomène ?
Les effets des différentes crises économiques mais globalement de la crise sociale, la multiplication de familles monoparentales font que de plus en plus de personnes se retrouvent exclues du système et aboutissent à une augmentation constante, depuis le début des années 80, du nombre de sans abri et/ou de « précaires ». Si on observe les tendances sur les dix dernières années, c’est l’augmentation, de manière significative, du nombre de femmes, de jeunes mais également de « travailleurs pauvres ». Aujourd’hui, une bonne partie des personnes que nous accueillons, en centres d’hébergement et qui travaillent, ont souvent des contrats précaires, cumulent les missions en intérim ou les petits boulots. Leur situation ne leur permet donc pas de réunir les conditions nécessaires pour trouver un logement.
on se croirait dans un pays sous developpe j'aurais honte d'etre president!
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