Interview : Olivier Leonhartd, "Comment l’Etat va assécher les revenus des villes"
Erwan Ruty : Quelles pourraient être les conséquences de ces réformes, pour une ville comme la vôtre ?
Oliver Léonhartd : Cette taxe constitue 50% des revenus (environ 39 millions d’euros) de notre Communauté d’Agglomération [depuis sa création en 2000, c’est en effet cette dernière, et non plus la ville, qui perçoit et redistribue la taxe, NDLR], en augmentation constante depuis 10 ans. Mais même indemnisée par la dotation que l’Etat promet, cette mesure n’a pas de sens : elle ne serait pas liée, comme la taxe professionnelle, à notre capacité à développer notre territoire en faisant venir plus d’entreprises, puisqu’elle serait automatique. On me propose de devenir un fonctionnaire gérant cette nouvelle dotation, sans que je puisse me battre, si je veux l’augmenter… C’est totalement contre-productif du point de vue du développement économique ! Grâce ces sommes données à la Communauté d’agglo, on a pu développer des projets qui rayonnaient pour tout le territoire, comme notre Centre nautique. Comment pourra-t-on faire ça maintenant ?
Et en ce qui concerne la réaffectation de la DSU ?
Là, ça serait 600 000 euros en moins ! C’est absurde : nous, quand on utilise cet argent, c’est pour créer de l’emploi localement, pour aider les petits patrons. Ces derniers sont fous de rage ! C’est eux qui créent de l’emploi, pas les grandes entreprises à qui tout cela va profiter. Quant au remplacement évoqué de la taxe pro par la taxe carbone, ça ne tient pas debout : par définition, cette dernière a vocation à baisser !
Que faire ?
On demande un moratoire d’un an sur ces réformes, des vraies assises avec les élus des territoires. En attendant, on fera le minimum d’investissements : en période de crise, il n’est pas question d’augmenter les impôts locaux pour pallier à ces réformes imposées par l’Etat.
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