« Je suis arrivée au féminisme par la souffrance »

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Lundi, 17 Mai, 2010
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Djemila Benhabib, née en 1972, a grandi à Oran dans une famille de scientifiques engagés. En 1994, sous la menace des islamistes, elle fuit l’Algérie avec sa famille pour rejoindre la France. Depuis 1997, elle vit au Québec où elle s’implique dans les luttes féministes.

Sarah Ben : Votre confrontation très personnelle avec l’islamisme, en Algérie, explique-t-elle votre engagement féministe actuel ?

Djemila Benhabib : Il est certain que mon vécu m’a amené à me poser des questions mais mon engagement est fondé sur des convictions profondes. Tous les jours je reçois des échos de femmes dans les pays arabes et musulmans qui souffrent, des femmes en lutte et je me sens solidaire de leurs combats pour la liberté et l'émancipation. Je veux me battre aux cotés d'elles et pour elles, ne serait-ce que pour leur donner une voix dans les sociétés occidentales. Je me situe aussi dans le sillage de ces militantes de l’indépendance algérienne qui ne portaient pas le voile islamique -qu’on a transformé en premier pilier de l’islam-, mais n’en étaient pas moins musulmanes.

 

Pourquoi insistez-vous autant sur la question du voile islamique ?

Parce que les mouvements islamistes ont fait de cette question leur cheval de bataille. Obsédés par le corps des femmes, ils l’instrumentalisent pour s’imposer. En tant que société, on fait des choix collectifs. L’égalité entre les sexes est un principe fondamental qui doit primer à tout instant et c’est précisément cette valeur qui est brimée quand on autorise le port du voile à l’école publique, quand on accorde une dérogation sur le fondement du sexe… Ces demandes doivent être analysées dans le cadre d’un contexte politique sur lequel on ne peut fermer les yeux. Il ne faut pas céder en donnant une interprétation trop large à la liberté religieuse et ce faisant, venir cautionner une norme sociale que les intégristes cherchent  à imposer aux populations musulmanes issues de l’immigration. N’oublions pas que les premières cibles et victimes de l’islam intégristes sont les musulmans en Orient mais aussi en Europe où l’islam intégriste veut incarner l’islam tout court, notamment dans les quartiers populaires. Il prend appui sur la vision folklorique que les Occidentaux se font de la femme musulmane et sur les archaïsmes de nos sociétés -les inégalités comme ce vieux fond de patriarcat partagé pour faire avancer ses idées..

 Que répondez-vous à ces femmes voilées qui se réclament du féminisme ?

Je suis arrivée au féminisme par la souffrance : dès mon enfance, j’ai vu des femmes souffrir autour de moi parce qu’elles sont femmes. Le féminisme c’est rétablir l’égalité, combattre ces injustices faites aux femmes. Quel projet de société défendent ces femmes voilées qui se réclament féministes et que disent-elles en matière de religion ? Qu’une femme doit hériter à parts égales d’un homme, que son témoignage vaut celui d’un homme, que l’autorité parentale doit être partagée entre l’homme et la femme, que la polygamie et la violence, autorisées par le Coran, doivent être proscrites ? Ont-elles une lecture féministe du Coran ? Moi, je n’ai pas entendu ces femmes remettre en cause ces inégalités, bien au contraire. J’ajouterai que, pour moi, la religion est de l’ordre du privé : personne ne doit me dire ce que j’ai à faire ou ne pas faire, cela ne regarde que moi.

D’où votre attachement à la laïcité…

Le principe de Laïcité est précieux. C’est le cadre citoyen qui nous permet d’inter-agir dans un espace, au-delà de nos croyances et de nos incroyances, pour faire société. C’est ce principe qui protège aussi les religions en assurant la neutralité de l’Etat : dans les sociétés régies par le religieux, les minorités religieuses sont persécutées.

 

Propos recueillis par Sarah Ben

 

D. Benhabib, Ma vie à contre-Coran. Une femme témoigne contre les islamistes, Coll° Partis pris actuels, 2009, 272 p., 189 euros

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