25 ans de lutte contre le FN

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Samedi, 8 Octobre, 2011
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Hélène Orain a été membre du bureau national de SOS Racisme de 1993 à 1999. Comme beaucoup des militants de sa génération, la lutte contre le Front National est à l'origine de son engagement. Elle revient sur 25 ans de combats. 


Aquand peut-on faire remonter la lutte contre le FN en France ?

 

Le Front National a été fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen dans la plus parfaite indifférence. L’événement charnière se produit une décennie plus tard, lors des élections municipales de 1983, puis aux européennes de 1984. A Dreux, le candidat du Front avait totalisé 13,5% des suffrages. L’année suivante, aux élections européennes la liste du FN obtient exactement le même nombre d’élus que le PC : 10 députés et 11% des suffrages. A l’époque, ces deux événements ont été comme un coup de tonnerre, et ce n’est qu’à partir de cette date que la riposte au FN a véritablement commencé.

 

Comment la lutte s’est-elle organisée ?

 

De 1984 à 1998, la bataille s’est structurée autours de deux axes : le cordon sanitaire et la dénonciation. Le cordon sanitaire a consisté à empêcher la droite de signer des accords électoraux avec le FN et pour ce faire, la gauche a tenté de démontrer par tous les moyens que les valeurs et les idées défendues par le FN ne sont pas républicaines : derrière les thèmes de l’invasion (migratoire), de la dénonciation des élites, des sans droits, des oubliés de la République, se cachent les thèses tout à fait classiques de l’extrême droite française : l’antisémitisme, le racisme, l’islamophobie, la terre de nos morts, les ripoublicains. Un patient travail de décryptage des discours et des écrits du FN a débuté avec l’aide précieuse d’historiens et d’intellectuels. Il a accompagné les campagnes militantes.

L’un évidemment n’allait pas sans l’autre : pour contraindre la droite à ne pas discuter avec le FN, il fallait pouvoir démontrer que toute alliance ferait sortir le RPR et l’UDF du jeu républicain. Ça a marché ; pendant 15 ans. Les principaux dirigeants ont pris des positions claires et le slogan de Michel Noir (« mieux vaut perdre les élections que perdre son âme ») a limité le problème à quelques accords locaux. A gauche, cette stratégie a payé également. Elle a d’abord été le combat des réseaux antiracistes, au premier rang desquels SOS racisme. Mais elle a également forcé les partis de gauche et les syndicats à s’engager clairement mais aussi à défendre la République métissée, la politique de la ville, le refus des ghettos, la lutte contre les discriminations ; bref, la lutte contre le FN, a aussi alimenté le projet politique de la gauche jusqu’à la fin des années 90.

 

Qu’est-ce qui a changé ?

 

Tout a changé à partir de 1998. A l’extrême droite d’abord. Le FN a explosé en vol : le courant de Bruno Mégret a fait scission justement sur la question du rapprochement avec la droite et le FN a perdu beaucoup de ses cadres et la plupart de ses élus. Le FN s’est trouvé désorganisé pendant plusieurs années.

A gauche ensuite, parce que le gouvernement Jospin a échoué. Alors que la gauche plurielle dirigeait le pays ; alors que la croissance était forte, les quartiers ont été négligés. La gauche n’a pas su enrayer la ghettoïsation, la progression du communautarisme, la régression de la condition des femmes des quartiers. Les discriminations, les inégali- tés ont continué à progresser et avec elles, fatalement, la lutte contre l’extrême droite s’est limitée à une dénonciation morale qui à son tour, a contribué à affaiblir le cordon sanitaire.

A droite enfin, où la montée en puissance du thème de l’insécurité à partir de la campagne présidentielle de 2002, a permis progressivement de lever les tabous. La « lepennisation » des esprits a pris corps et s’est incarnée dans le 21 avril 2002. Elle a continué à distiller son poison depuis et elle a inexorablement conduit aux dernières déclarations du Ministre de l’intérieur qui auraient été inimaginables il y a quelques années.

 

Pourquoi la lutte contre le FN ne s’est-elle pas réorganisée après 2002 ?

 

Parce que la gauche était sonnée, qu’elle n’a pas su reconstruire de projet politique fédérateur et parce que la droite est prise à son propre piège. La répression de la délinquance la condamne à une surenchère de moyens et de prises de positions qui ne font que valider les thèses du FN. Bien sûr, le mouvement antiraciste continue le combat. Mais les associations et les militants sont souvent bien seuls.

 

Et maintenant ?

 

La parenthèse qui s’est ouverte en 1998 se referme avec l’accession de Marine Lepen à la présidence du FN. Nous entrons, je crois, dans une nouvelle ère du combat contre la droite extrême. Tous les instruments sont à réinventer : le cordon sanitaire ne pourra pas être réactivé facilement parce que la fille, hélas, est aux yeux des dirigeants de la droite beaucoup plus fréquentable que son père. Le front républicain lui aussi est à bout de souffle. Les dernières élections l’ont bien illustré.

Pour autant, nous ne sommes pas sans atout. Il y a d’abord la masse de travail accumulée depuis 25 ans. Sur le fond, nous sommes toujours capables de décrypter très vite les thèses du FN. Par exemple, l’«UMPS», a remplacé l’establishment de Jean-Marie Le Pen qui avait lui-même recyclé le vieux thème des «ripoublicains» des fascistes des années 1930. La jeunesse ensuite. Elle reste mobilisée. A sa manière, à travers les blogs et les réseaux sociaux, elle fait circuler des informations, des photos qu’il était très difficile d’obtenir avant.

Mais surtout, je crois que parce que le FN veut se présenter comme un parti de gouvernement et non plus comme un parti protestataire, nous pouvons désormais l’interroger sur le caractère peu opérationnel de ses propositions phares. Par exemple, comment mettre en œuvre la préférence nationale ? Que se passe-t-il pour les couples mixtes ? On leur donne la moitié des alloc ? Et les enfants de ces familles bi-nationales ? A eux aussi on applique le même principe ? Le même type de questions peut être décliné sur le droit du sang, l’accès au logement etc.

En résumé, la bataille sera rude mais on peut la gagner pour peu qu’on prenne la peine de dévoiler l’absurdité des propositions et de rappeler la vraie nature du FN.




Merci. Non au racisme.

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