Interview : Mohamed Douhane, « la police de proximité est un mirage »

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Lundi, 17 Août, 2009
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Commandant de police et Membre du Bureau National du syndicat Synergie- Officiers, Mohamed Douhane nous explique les raisons pour lesquelles l’image de la police nationale est souvent négative dans les quartiers populaires et pourquoi il qualifie la police de proximité de « mirage » dans son ouvrage « Les Tabous de la Police », paru cette année, aux éditions Bourin.

 

Yasmine Oudjebour : Voilà 17 ans que vous avez intégré la police nationale, en tant que fils d’immigrés algériens, quelles ont été vos motivations à choisir ce corps de métier ?

Mohamed Douhane : Je suis, en effet, Français d’origine algérienne, issu d’un milieu populaire. Très vite, j’ai compris que l’école était la seule façon de m’en sortir ; j’ai donc eu cette chance de faire des études universitaires. C’est vrai que lorsqu’on s’appelle Mohamed en 1992, époque où l’on ne parlait ni d’égalité des chances ni de diversité, se dire « je vais intégrer la police » nécessite un réel travail sur soi-même ! En réalité, mon arrivée dans la police est le fruit d’une rencontre avec un inspecteur des Renseignements Généraux. Comme beaucoup de jeunes des quartiers, j’avais une vision très négative de la police mais l’échange avec cet homme, d’une sensibilité et d’une culture peu commune, m’a totalement déstabilisé. C’est après plusieurs heures de conversation que ce dernier m’a vivement recommandé d’intégrer la police en soulignant, qu’à coup sûr, j’y découvrirai des métiers passionnants. Tout s’est alors bousculé dans ma tête et c’est ainsi que j’ai décidé de passer le concours d’inspecteur de police malgré les nombreuses tentatives de dissuasions émises, de la part de mon entourage professionnel, basées sur les stéréotypes habituels. Dix sept après je ne regrette rien et suis toujours aussi passionné par mon métier.

 

Justement, venons-en aux stéréotypes…. Pourquoi, à votre avis, la police a souvent une image négative dans les quartiers populaires ?

Je pense que cette image négative n’est pas propre à ces quartiers. Dans l’histoire de France, les policiers et les gendarmes ont toujours été moins populaires que les bandits ; pour exemple Mandrin, Cartouche, Mesrine, sans oublier Arsène Lupin, ont été des héros positifs dans la conscience collective. C’est donc un état d’esprit, typiquement français, qui n’existe pas dans les pays anglo-saxons où le respect de la loi et le culte de l’autorité sont beaucoup plus forts.

A mon sens et, même si cette question reste compliquée, ce refus de la police par une minorité de la population de ces quartiers s’appuie, en partie, sur les fantasmes générés par les contrôles d’identité. Autrement dit, beaucoup de jeunes pensent qu’ils sont contrôlés, non pas pour ce qu’ils font, mais pour ce qu’ils sont ! Le contrôle au faciès, s’il existe, et s’il doit être condamné fermement reste selon moi un phénomène marginal. Rappelons tout de même qu’en France les contrôles d’identité sont réglementés, par le code de procédure pénale, ce qui n’est pas toujours le cas dans la grande majorité des autres pays.

Par ailleurs, je crois que ce jugement négatif est également lié au fait que des milliers de familles, issues de ces quartiers, vivent de l’économie souterraine et forcément, quand la police intervient, on peut comprendre qu’elle soit mal accueillie puisqu’elle gêne les caïds.

De son côté, la police doit fournir de gros efforts de communication sur l’action des forces de l’ordre, à l’image de l’armée, ce qui permettrait à la fois d’avoir une meilleure connaissance de nos métiers et une image plus positive.

 

Vous venez de publier « Les Tabous de la Police », aux éditions Bourin, dans lequel vous qualifiez la police de proximité de « mirage », pourquoi ?  

Rappelons d’abord que la police de proximité repose sur des concepts nobles comme la prévention des tensions dans les quartiers, une meilleure connaissance des habitants de ces quartiers et enfin une réponse en rapport avec les attentes et les besoins de ces populations ; objectifs qui devraient inspirer tous les services de police. En dépit de ces objectifs, la police de proximité, telle qu’elle a été mise en œuvre au début des années 2000, n’a pas donné les résultats escomptés principalement en raison de la charge écrasante des missions, qui lui ont été attribuées, par rapport aux moyens alloués. Parallèlement à cela, on s’est aperçu que l’ossature des policiers de proximité étaient essentiellement composée d’adjoints de sécurité (ADS), donc des contractuels, trop jeunes et démunis d’expérience, alors que l’ensemble de ces missions supposent un recrutement et un niveau de formation élevé. Par ailleurs, les missions d’investigations judiciaires ont été insuffisamment prises en compte contrairement à des missions de partenariat aux contours très flous. Ainsi, les effectifs les mieux formés, les plus qualifiés ont fait défaut sur le terrain et ce sont donc les ADS qui se sont retrouvés en première ligne ! A cela s’ajoute un encadrement sur le terrain trop faible notamment dans les circonscriptions de la banlieue parisienne. Avec une explosion de la petite et moyenne délinquance, en 2001, il est ainsi difficile de parler de réussite pour la police de proximité, à l’exception de Paris où celle-ci a été mise en œuvre avec succès.

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