Survivre : Parcours de combattante

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Lundi, 15 Novembre, 2010
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La violence conjugale n'est pas anodine. Le témoignage de Marie* décrit ses méfaits au quotidien, surtout sur les enfants. Sa logique implacable plonge souvent des familles monoparentales dans la précarité, faute de soutien des pouvoirs publics. Ce témoignage démonte surtout les mécanismes d'une violence insidieuse, silencieuse, dont il est difficile à rendre compte dans toute son ampleur.


Je l'ai rencontré en 2007. Ça a été de suite une passion, on était tout le temps ensemble. Huit mois plus tard, je suis tombée enceinte et on a décidé de garder le bébé. A ce moment-là, j'étais entre deux chaises, je pensais à le quitter parce qu’il y avait certaines choses qui m'interpelaient. J'étais autonome, j'avais un travail, je gagnais 2 000 € par mois. Lui ne travaillait pas. J’ai emménagé chez lui et là ça a commencé, des relations de couple dans la brutalité totale. Des mots comme « pute », « charogne », « T'as qu'à te casser. Si tu te casses, tu laisses le gamin. » Les gens s'imaginent qu’un pervers-narcissique est manipulateur, mais c'est quelqu’un de destructeur psychologiquement. C'est vraiment un meurtre psychique. C’est quelqu’un qui vous dit qu'il vous aime, qui est toujours avenant, et dès que vous êtes dans son piège, vous êtes complètement cassée, castrée. Vous perdez totalement confiance, vous ne connaissez plus vos qualités, plus vos défauts car il vous fait penser que tout vient de vous en permanence. Au niveau des frais, c'est toujours moi qui faisais face à tout. Il s’est mis à sortir de plus en plus. Il revenait complètement bourré. J'étais toute seule, enceinte, jusqu'à deux mois d'accoucher. C'était un flip permanent. Mais le fait qu'il n'était pas là, ça me soulageait un peu parce qu'il y avait de la violence verbale en permanence. C'était toujours « T'es bonne à rien », « T'as qu'à nettoyer les chiottes ». Je me sentais dégradée en permanence. Et les gens autour de moi ne s'en apercevaient pas. Quand il me descendait devant des amis, ça me blessait, mais ça faisait rire les amis. Pour eux il n'y avait rien de choquant. Au fur et à mesure, on perd les commandes au point de ne plus avoir confiance en quoi que ce soit.

Après mon accouchement, les choses se sont accélérées. C'est devenu de plus en plus violent, surtout au niveau des paroles. Quand je me fâchais avec lui et que ça allait très loin dans les engueulades, je dormais par terre dans la chambre du petit. J'en avais tellement peur. J'ai essayé d'en parler à mes parents, mais je ne voulais pas alerter tout le monde car je me sentais coupable et il y avait le petit. La peur c'est surtout pour le petit. Se demander comment on va faire après. Une semaine chez papa, une semaine chez maman ? C'est très dur.

PARTIR. J'ai essayé de partir mais il m’a frappée et m’a arraché le petit des bras, en refusant de me le rendre. Pendant deux jours, je suis restée complètement dans le brouillard. J'ai appelé mon avocate qui m'a dit « Partez. Emmenez l'enfant. Les meubles vous vous en foutez, mais il faut partir. » J’ai profité de son absence pour rassembler un maximum d'affaires, nos vêtements et mes papiers, avec l’aide de ma mère, mon frère et une copine. Tout ce que j'avais investi dans la maison, les meubles, je n'avais plus rien. Et bien sûr, pas moyen de récupérer quoique ce soit. Financièrement il faut tenir derrière. J'ai eu mon appartement, j'avais signé une semaine avant, heureusement. Je suis allée me réfugier là-bas.

Il m’a retrouvée. Il m’a menacée. J’ai déposé une requête auprès du JAF (juge aux affaires familiales) pour organiser des rencontres, parce que mon but n’était pas de séparer mon fils de son père, mais seulement de mettre les choses au clair parce qu’on ne sépare pas un enfant de huit mois de sa mère comme ça. Une semaine chez l’un, une semaine chez l’autre, c’était impossible, ingérable pour un tout petit. La seule chose qu’il voulait, c’était m’atteindre à travers le petit. Selon le jugement du JAF, le petit devait voir son père une fois tous les quinze jours. Malgré la présence d’une tierce personne, c’était très violent entre nous verbalement et le petit assistait à tout cela.

J’ai appelé toutes les associations de défense des femmes qui m’ont conseillé de me mettre au diapason par rapport à la justice. A Bordeaux où je vivais, j’étais confrontée au manque d’actions au niveau des femmes. C’est un monde caché. Il faut vraiment bouger pour connaître les associations. Un week-end je ne lui ai pas redonné mon fils le dimanche parce qu’il était malade et il a failli tuer mon père. Il a traversé le jardin de mes parents, il a voulu me casser la gueule et c'est mon père qui a failli y passer. Il a été condamné mais a fait appel en disant que c'était nous qui avions tenté de le tuer. Mon père avait le visage tuméfié, des côtes cassées. Moi j’ai eu un traumatisme crânien, des doigts déboîtés, une belle entorse, des cheveux arrachés. Il a été condamné à trois mois de prison avec sursis en correctionnelle.

Après cela, le JAF a décidé que le petit devait continuer à voir son père, les week-ends et les vacances scolaires. Avec tous les certificats que j’avais, tous les témoignages des médiateurs, il devait continuer à aller chez son père alors que je demandais un point rencontre. Tout a été refusé. Je suis sortie du tribunal complètement désorientée. J’étais à deux doigts de faire une grosse connerie. Je me suis dit : « Non, tu ne peux pas le faire. Tu ne peux pas laisser ton enfant. » L’association que j’ai été voir m’a dit : « Avec le dossier que vous avez, partez ! Vous ne pouvez pas rester comme ça. » Depuis notre agression, je ne donnais plus mon fils. Et tous les week-ends, mon ex allait chez mes parents en disant que c’était son tour de garde. J’en suis à soixante-six plaintes pour non présentation d’enfant.

 ADRESSE CONFIDENTIELLE. J’ai pris mes cliques et mes claques et je suis partie à Nantes. Je me suis mise en relation avec SOS Femmes parce que je pensais qu’ils allaient pouvoir m’abriter quelque part, mais il n’y avait plus de budget pour pouvoir m’accueillir. C’est dur à entendre. Il a fallu que je me débrouille financièrement pour trouver un appartement, demander un fond logement pour la caution et comme je ne suis pas dans un logement social, je paye deux fois plus. Toutes les associations qui pouvaient m’aider n’avaient plus de budget. L’assistante sociale à Nantes m’a bien orientée sur plusieurs organismes qui ont pu m’aider psychologiquement, aider mon enfant à voir un pédopsychiatre, car il était dans un sale état du fait qu’il avait subi pas mal de choses lui aussi, mentalement. Physiquement je ne pense pas, je n’espère pas. Mon gros souci c'est que je n'ai jamais pu voir ce qui se passait. Je ne peux pas dire si son père s'en occupait bien ou pas.

Depuis, il a fait une dénonciation auprès du Conseil Général comme quoi je faisais des attouchements à mon fils, que mon père avait violé mon gamin, qu’il m’avait violée aussi... C’est comme ça que le juge pour enfant a été alerté alors que c’est ce que je demandais depuis le départ. Une enquête a été faite, on m’avait assurée que mon adresse resterait confidentielle. Mais, il l’a trouvée. J’en suis à mon troisième déménagement. Depuis, je me bats pour avoir une adresse confidentielle. La Préfecture a demandé un contingent préfectoral pour me mettre à l’abri dans un autre logement Je ne peux pas le voir. J’en ai peur de ce mec.

Il a fait une requête au JAF qui vient de rendre son jugement. J’en ai pris plein la tête. La seule chose qu’on a vue, c’est que je n’ai pas donné mon fils à son père depuis un an. Donc lui n’a plus le droit de payer une pension alimentaire, qu’il n’a jamais payée alors qu’il n’avait que 80 € à verser, tous les trajets pour amener mon fils à son père sont à ma charge, une fois par mois en week-end et toutes les vacances scolaires. On parle de ses aspects financiers à lui mais on ne parle pas des miens. Lui revendique d’être handicapé de la main pour éviter de travailler, il touche une rente de 1 200 €. Moi j’ai un enfant, je touche 1 200 € aussi, donc ce n’est pas à moi de faire ce genre de chose. Le juge pour enfant a demandé une enquête psychiatrique et un point rencontre pendant deux mois. Après je devrai amener le gamin chez lui. Quand j’objecte que la correctionnelle avait décidé qu’on ne devait pas rentrer en contact, on me répond que je n’ai qu’à confier mon enfant à une tierce personne. Comme si, étant seule à Nantes, j’allais confier mon enfant à quelqu’un qu’il ne connaît pas pour aller voir son père.

 POINT RENCONTRE. Comment je peux expliquer ce genre de chose à un enfant de deux ans ? C’est moi qui risque gros parce que je le protège. Il a une obligation de se faire soigner mais ne l’a jamais fait, de même que l’obligation de travailler, de verser une pension alimentaire, rien n’a été fait. Aujourd’hui, je suis écoeurée de la justice parce qu’il y a la justice et il y a la vraie vie. Et dans la vie, on voit comment nos gamins sont cassés, ce qu’on leur fait subir. Je demande seulement un point rencontre, je ne veux pas empêcher mon fils de voir son père. Parce que je sais que c’est après moi qu’il en a. On ne peut pas nous laisser comme ça. Le samedi matin, je dois amener mon fils à Bordeaux et le dimanche soir, reprendre la route à 19h00 avec mon gamin. Il est où le rythme pour un enfant de deux ans ? Tout le monde s’en fout.

J’ai la chance d’avoir mes parents qui m’aident financièrement. Parce que je n’y arrive pas toute seule. Il a fallu tout racheter chez moi. Je ne travaille toujours pas parce que tous les jours c'est soit l'assistante sociale, soit l'enquête, soit le tribunal. En un an, j'en suis au huitième tribunal. Et ce n'est pas fini. Être victime tous les jours, c'est une image qu'on vous renvoie de tous les côtés. Toute la journée, j’ai une machine à écrire dans la tête. Tous les jours, je me bats. Je reçois des messages avec des menaces de mort alors qu’il a interdiction de m’appeler.

Toutes les preuves que j’ai, les enregistrements que j’ai faits, personne n’a regardé, personne n’a écouté. Tout ce que j’ai fait depuis un an et demi n’a servi à rien. On est gommé. Si le père ne voit pas le petit autant que la mère, c’est la catastrophe. C’est ça la justice. Alors qu’il y a un malade qui se ballade. J'ai subi des agressions de sa part, il a été condamné à plusieurs reprises mais ça n'a pas changé les choses pour autant. Je suis face à un mur, et pour moi le mur c'est la justice, qui ne comprend rien du tout à ce qu'il faut mettre en place pour protéger cet enfant.

 

* Le prénom a été changé

Crédit photo : Certains droits réservés par strelitzia ---

Pour m'être retrouver dans cette situation je te souhaite tout le courage du monde Dieu sait que tu en a besoin pour continuer à lutter puisque la Justice ne te permet pas de retrouver la sérenité,d e toute façon même quand la justice statue sur un lieu neutre ou une suspension de droit de visite ces messieurs ont la bêtise monstrueuse de continuer à nous gâcher la vie...si l'Etat Français prenait les bonnes dispositions ...mais il  préfère de loin se voiler le visage et faire culpabiliser les mères....Bon courage

Je te souhaite beaucoup de courage, ton témoignage est poignant ... Une pensée pour ton boud'chou.

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