LOGIEST : « vu leur profil, ils attendront »
Tout d’abord, il lui est reproché de procéder à un fichage ethnique de ses locataires ; les mentions de nationalité et de pays de naissance figuraient en effet, colorées en bleu, sur les rubriques des demandes de location.
Or, un tel fichage est non seulement prohibé mais également tronqué ; il apparait en effet qu’un certain nombre de locataires nés en France étaient pourtant répertoriés en personnes nées à l’étranger. De plus, il semblerait que des actes de discrimination soient opérés par LOGIEST dans le cadre de ses procédures d’attribution de logements.
Un jeune couple d’origine turque a ainsi vu l’étude de son dossier mise de côté, la conseillère clientèle de LOGIEST considérant que « vu leur profil […] ils attendront ». Cette discrimination peut être mise en relation avec l’enquête de peuplement réalisée en interne à LOGIEST en 1997 pour le compte de la Préfecture et qui fait apparaitre que les locataires immigrés sont concentrés volontairement à WOIPPY (quartier populaire de Metz), tandis qu’ils sont dans une très faible proportion dans d’autres quartiers agréables. Dans les documents remis par un ancien responsable financier de LOGIEST, il apparait que celle-ci remettait de fausses statistiques sur la répartition des locataires immigrés sur son patrimoine, afin de tenter de se conformer aux exigences réfectorales. En outre, la lecture de certains dossiers met en lumière des annotations de la main du chargé de clientèle de LOGIEST, faisant référence aux pratiques religieuses (coutumes vestimentaires notamment) ou aux origines extra-européennes des futurs locataires, avant de leur attribuer un avis « réservé » ou « défavorable ». Le dossier d’un candidat à la location mentionnait notamment : « si monsieur parait très européen, sa jeune épouse est vêtue à la mode musulmane ». Toutefois, malgré les nombreux contrôles effectués lors de l’enquête policière révélant l’existence de ces mentions illicites, ainsi que l’audition des salariés et victimes de LOGIEST confirmant pour la plupart le système de discrimination pratiqué par cet organisme, le procureur a classé sans suite le dossier, ce qui explique la plainte avec constitution de partie civile déposée par Samuel Thomas au nom de SOS Racisme le 23 février 2004.
L’affaire encore en cours, le 23 octobre 2012, la Maison de l’Egalité se constitue à son tour partie civile avec Me Ralf Blindauer, afin de redonner un nouvel élan à l’instruction. Ce n’était sans compter une demande de copie du dossier formulée il y a près de deux ans, restée, à ce jour, sans réponse positive malgré les multiples relances !
Noémi Fischbein
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