Contre une approche des discriminations en noir et blanc

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Lundi, 17 Août, 2009
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On réclame, à cor et à cri, des mesures qui seraient indispensables pour lutter contre les discriminations. Certains revendiquent sur le modèle anglo-saxon que le recensement comporte des questions qui permettent de « mesurer la diversité ». D’autres répètent à longueur d’interviews, de blogs, de pétitions, qu’il est primordial de distinguer les blancs des noirs dans les statistiques, pour lutter contre les discriminations liées à la couleur de peau. 

Patrick Lozès et Manuel Valls ont récemment écrit :

« Dire qu'il manque des « blancs à Évry », ou dire qu’il manque des « noirs à Neuilly » – dire ces vérités que nos concitoyens peuvent observer tous les jours – devient impossible et expose à des critiques calomnieuses. […]

Interrogée sur les raisons pour lesquelles une personne se sent discriminée, il est temps qu'elle puisse répondre : « en raison de la couleur de ma peau ». Tout simplement. »

Déclaration pour le moins surprenante. Il n’a jamais été interdit qu’une personne qui se sente discriminée ne puisse pas répondre « en raison de la couleur de ma peau ». En revanche parler de « noirs » et de « blancs » comme deux catégories évidentes est tout autre chose. Il n’y a ni « noirs » ni « blancs ». Il existe une multitude de nuances dans la couleur de peau et le nombre croissant de mariages mixtes contribue à rendre ces catégories obsolètes. C’est  caricaturer la diversité, la normaliser, que de considérer des « noirs » et des « blancs ». C’est finalement détruire la diversité au profit de la distinction de quelques groupes, au cœur d’une pensée raciale des populations.

Étrange revendication, alors que de multiples recherches pourraient être faites, sur la base de données dont on dispose déjà.

En effet, l’INSEE possède déjà de grandes enquêtes qui pourraient être exploitées, à bon escient, pour observer et mesurer la discrimination. L’échantillon démographique permanent et l’enquête emploi permettent cela. Ces bases de données comportent des informations sur les lieux de naissance des parents, voire les origines sociales et géographiques. En suivant les parcours  des personnes, selon un ensemble de critères géographiques et professionnels, on obtient une vision claire des mécanismes de discrimination selon les origines.

Alors qu’on finance largement une grande enquête (Trajectoire et origine) dont le promoteur principal défend depuis longtemps les statistiques ethniques, aucun programme de recherche de grande ampleur n’a été mis en place mettant en concurrence des équipes de recherche. L’Agence Nationale pour la Recherche aurait pu lancer un tel programme, elle ne l’a pas fait.

Patrick Lozès cite volontiers son exemple :  son nom ne laisse pas supposer sa couleur de peau (bien qu’aujourd’hui, à force de le marteler, nous le savons !) ni son lieu de naissance. Mais statistiquement si l’on observe une forte discrimination dans une population, on pourra, en analysant précisément, déterminer  les facteurs qui conduisent à des inégalités de parcours et identifier la couleur de peau comme l’un d’eux.

Ainsi on comprendrait ce qui tient à la migration elle-même ; on prendrait en compte la diversité de la population; et on combinerait  la dimension migratoire à une dimension tenant à l’apparence physique.  

Mais au-delà d’un tel constat, le cœur du problème réside dans la mise en œuvre de politiques de lutte contre les discriminations. Celles-ci pour être efficaces ne doivent s’appuyer ni sur des quotas ni favoriser tel groupe au détriment de tel autre. Elles doivent être essentiellement territoriales ou sociales et agir sur les facteurs mêmes d’inégalité.

Les inégalités s’inscrivent, avant tout, au sein de territoires et les populations qui souffrent le plus des discriminations, liées aux origines, vivent dans des quartiers particulièrement défavorisés. Redonner aux  ZEP (zones d’éducation prioritaire), ou aux  ZUS (zones urbaines sensibles) des moyens financiers et des infrastructures qui leur permettent de redevenir des lieux de vie non stigmatisés constituerait une grande avancée dans la lutte contre les discriminations.

On peut alors se demander ce que cachent les revendications de ceux qui s’acharnent à vouloir  mesurer les discriminations en noir et blanc. Est-ce l’inaction d’un gouvernement qui démonte les politiques sociales, laisse les forces de police contrôler au faciès, s’attaque à des associations combatives dans ce domaine, supprime la carte scolaire, abandonne les ZEP en réduisant le nombre d’enseignants mais affiche  quelques ministres « issus de la diversité », et récompense les entreprises en leur distribuant des labels de diversité ?

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