Isabelle Germain, directrice de publication et fondatrice des NOUVELLES news, l’autre genre d’info.
Les jeunes générations ont du mal à se revendiquer comme féministe, peut-on alors considérer que le féminisme a un réel sens aujourd’hui ?
Aujourd’hui le féminisme est un gros mot donc personne n’ose plus l’employer et c’est particulièrement vrai pour les jeunes générations. Sur ce mot, j’entends très souvent des femmes me dire « Je ne suis pas féministe mais… » et en général, dans la phrase d’après, elles démontrent le contraire. En réalité, c’est qu’aujourd’hui se revendiquer féministe est mal vu et maintenant il n’y a plus que les hommes qui osent le dire !
Comment expliquer que certains freins persistent malgré les avancées juridiques ?
Je distingue deux sortes deux freins qui sont les freins matériels et psychologiques. Les freins matériels sont une organisation de la société encore faite comme si seuls les hommes travaillaient à l’extérieur et les femmes s’occupaient du foyer. Les règles du jeu sont donc encore en fonction de critères très masculins. Exemple : dans une entreprise on considère, comme hauts potentiels, les personnes faisant partie de la tranche d’âge 30/35 ans. Les femmes en sont d’emblée exclues puisque c’est, en général, l’âge où elles font des enfants.
Les freins psychologiques, trop souvent oubliés, sont redoutables. Dès leur plus jeune âge, on enfonce dans la tête des filles que leur carrière est secondaire, du coup, elles développent un fort sentiment de culpabilité dont elles ont beaucoup de mal à se défaire.
Pour vous quel est le combat essentiel à mener pour faire de l’égalité homme/femme une réalité quotidienne ?
Je pense que les indicateurs de richesse font vraiment partie des éléments qui peuvent faire avancer l’égalité homme/femme. Il faut donc reconsidérer la richesse parce qu’au fond la richesse ce n’est pas que l’argent, le PIB. Il s’agirait par exemple de cesser de considérer comme des richesses des modes de production qui détruisent l’environnement ou encore de mieux prendre en compte le travail domestique et familial jusqu’ici pris en charge par des femmes.
Propos recueillis par Yasmine Oudjebour
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