Eva Joly répond aux 10 proposition pour faire de l'égalité une réalité

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Mardi, 6 Décembre, 2011
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Eva Joly a répondu par courrier envoyé à la Fédération Nationale des Maisons des Potes aux 10 propositions pour faire de l'égalité une réalité. Vous trouverez dans cet article la retranscription de la missive. Bonne lecture.

Je vous remercie pour votre invitation à participer au Rencard de l’égalité samedi 3 décembre. C’est avec une réelle déception que j’ai du annuler ma venue, mais je tenais à vous témoigner par écrit mon soutien et à réagir à vos propositions.

Je connais l’énergie des quartiers. Et je ne supporte plus le gâchis qui en est fait. Je ne supporte pas de voir les ambitions découragées par les parois de verre qui entourent la jeunesse des quartiers. Je ne supporte plus de voir le dévouement des acteurs de terrain dilapidé par l’abandon de l’état. Je ne supporte pas de voir tous ces talents s’épuiser.

Les gouvernements doivent comprendre que les quelques milliers d’euros qu’ils rabotent sur le dos des associations ou des travailleurs sociaux, de l’école ou de la formation, les privent de milliers de citoyens sereins et formés, des talents de demain qui peuvent apporter au pays.

Mon ambition pour les quartiers : faire confiance aux habitants des quartiers, à commencer par les jeunes. Et redonner confiance en refusant les discriminations. Je crois que je partage avec vous, les organisateurs du Tour de France de l’Égalité, la même démarche. Je partage également vos propositions, même si certaines mériteraient une discussion approfondie entre nous.

Redonner confiance en refusant les discriminations territoriales

Les Banlieues ont eu leur lot de promesses. La dernière en date a été l’écran de fumée du « Plan Marshall pour les banlieues » de Nicolas Sarkozy. Moi, je fais peu de promesses parce que je veux respecter les engagements que je prends. Mais je vais vous en faire une : je vous promets le grand retour ! Le grand retour des médecins, des infirmiers, des travailleurs sociaux, des commerçants, des enseignants, des policiers de proximité, des médiateurs. Je veux le grand retour de la solidarité grâce à la création d’un Fond National de Péréquation Urbaine, permettant de faire de la banlieue une zone prioritaire pour toutes les politiques des écologistes.

Concrètement, cela veut dire que pour un euro engagé dans la rénovation urbaine, dans le béton, je demande à ce qu’il y ait un euro dans le retour du vivre mieux. Un euro dans l’éducation de nos enfants, un euro dans la formation de notre jeunesse. Un euro dans la santé, dans l’accès au droit. Un euro pour les associations, les travailleurs sociaux, ces « médiateurs invisibles de la République ». Un euro pour développer les services de proximité, les commerces, l’économie locale. Un euro pour l’économie sociale et solidaire, pour la culture.

En cela, je soutiens votre proposition relative à l’aide juridictionnelle. Je partage votre intérêt sur la culture ou sur l’éducation populaire, même si j’aimerais regarder plus précisément, avec vous, vos propositions chiffrées. Pour les ZEP, je considère que 20 élèves par classe dans les classes de primaire devra être un maximum. Pour reprendre la formule de mon ami Mérieu : arrêtons d’arroser là où c’est le plus mouillé, là où il y a de bons résultats et des groupes de pression puissants. Mais il ne faut pas nier les difficultés de l’école au-delà de la question des moyens. Si aujourd’hui plus de 150 000 élèves sortent sans qualification ni diplôme du système scolaire, c’est que notre système est trop souvent fondé sur l’application des mêmes méthodes et des mêmes programmes partout. Le résultat c’est que le système creuse les inégalités car dans la réalité l’enfant du 6è arrondissement de Paris n’a pas les mêmes besoins que celui de Sevran pour atteindre les mêmes résultats. Pour réellement assurer l’égalité des chances, il faut donner de l’autonomie aux équipes éducatives pour organiser au mieux les enseignements aux besoins des élèves. Cette autonomie doit évidemment s’inscrire dans une définition nationale des objectifs à atteindre.

Redonner confiance en refusant toutes les discriminations

Je veux le retour de la citoyenneté, le retour des mêmes règles pour tous. Cela commence par le droit de vote pour les étrangers non communautaires. Comment croire qu’un jeune issu de l’immigration peut comprendre la citoyenneté quand ses parents qui ont construit ce pays en sont exclus. Cela se poursuit, comme vous le proposez, par l’ouverture des emplois publics aux étrangers sans discriminations. Et par la régularisation des travailleurs sans papiers : on ne peut avoir les devoirs, notamment ceux de payer des impôts, sans les droits.

Jamais je n’accepterais que la location d’un logement soit un parcours du combattant pour des personnes étrangères ou supposées telles. Je soutiens votre proposition visant à rendre anonymes les candidatures de logement HLM.

Vous ne le mentionnez pas dans vos propositions. Mais pour apaiser le débat sur les contrôles au faciès ou les contrôles multiples, je suis favorable à l’instauration d’un coupon de contrôle d’identité.

Seulement quelques jours après la journée contre les violences faites aux femmes, je veux rappeler l’engagement que j’ai déjà pris. Celui, dès 2012, d’une loi cadre pour lutter contre les violences faites aux femmes. Cette loi permettra notamment, comme vous le proposez aussi, d’augmenter le nombre de logements d’urgence pour les femmes victimes de violences. Elle devra également garantir une meilleure prise en charge des auteurs de violences et la formation des personnels de justice, de police, de gendarmerie ou encore les personnels hospitaliers à la prise en charge des femmes victimes de violence.

Redonner confiance avec un discours d’apaisement

Un discours d’apaisement sur la diversité de nos parcours, de nos histoires, de nos croyances. De nos accents. Je veux en finir avec le discours stigmatisant. C’est pourquoi je partage votre volonté de remettre la laïcité au cœur de notre modèle. Ne laissons pas ce mot à la droite populaire et à l’extrème droite, à ceux qui le manipulent pour stigmatiser.

Faire confiance

Plus rien ne doit se faire sans ceux qui vivent dans les quartiers. Quand les rénovations urbaines font tomber les tours, on s’interroge trop peu sur les larmes de leurs anciens habitants. On ne peut pas faire du passé table rase. Ce sont vies qui l’ont contruites et c’est vous qui reconstruirez l’avenir. C’est avec les citoyens que je veux construire les solutions.

A commencer par les jeunes. Je refuse la logique qui transforme la vie scolaire d’un élève en roulette russe. Aujourd’hui, quand on laisse passer sa chance, c’est fini. Et – quelle surprise ! – ce sont les jeunes les plus en difficulté qui laissent le plus souvent « passer leur chance ». Je refuse cela. Je ne veux pas une deuxième chance ni une troisième, je veux que les jeunes aient toujours leur chance de s’épanouir dans la carrière de leur choix.

Mon objectif est d’offrir à chaque jeune un suivi et une aide à l’orientation et l’insertion. « Un jeune = Un projet », le terme de projet étant pris au sens large : études supérieures, formation pro, alternance, réinsertion, service civique, etc. La formule doit être complétée : Un jeune = un projet et un revenu. Car je suis favorable à l’introduction d’une allocation d’autonomie pour tous les jeunes.

Je veux que les jeunes aient toujours leur chance, toute la vie. Pour pouvoir rebondir, je veux ouvrir pour chaque jeune un crédit formation de 8 années, utilisables après la scolarité obligatoire, et tout au long de la vie. Vous le voyez, je partage votre souci concernant la formation des jeunes, même si je pense qu’il faut aller bien au delà de l’implication des entreprises dans la formation professionnelle.

Je souhaite vous féliciter pour le Tour de France et le rencard de l’égalité, vous et toutes les personnes qui portent ces initiatives. Tout au long de ma campagne, je rencontre nombre de héros ordinaires. Par votre engagement, vous en faites partie.

Amicalement

Eva Joly

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