Procès de deux suprémacistes du RN adeptes du "White Power" à Besançon

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Dimanche, 20 Novembre, 2022
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A l'extérieur du tribunal, devant la statue de Victor Hugo, une centaine de militants antiracistes et antifascistes s'étaient rassemblés pour rappeler l'extrême dangerosité de l'extrême droite à l'occasion de ce procès.

La Maison des potes y avait déployé  la banderole "Faire de l'égalité une réalité” qui rappelait l'enjeu de faire triompher les valeurs de la République contre ceux qui préconisent la haine raciste et les discriminations.  L'équipe de la Maison des potes venait de faire une heure et demi d'émission de radio consacrée à cette affaire dans les studios de Radio Sud avec le journaliste Toufik de Planoise, spécialiste de l'extrême droite radicale Bisontine, qui avait été un des artisans de cette mobilisation. RADIO SUD est une radio associative de Besançon présidée par Kamel Hakkar, qui fêtera prochainement ses 40 ans. 

 

 

A l'intérieur de la salle d'audience, le public était très nombreux et les journalistes aussi. Les personnes qui ne trouvaient pas de place assises étaient invitées par la présidente du tribunal à sortir de la salle. Dans le  calme, le public présent dès 13h30 a attendu 16h pour que démarre le procès de l'extrême droite.

 

 

La présidente a convié les 2 prévenus à la barre et a lu les résultats de l'enquête de police. Une enquête de flagrance, très efficace, réalisée en 3 jours, qui avait simplement permis d'obtenir des aveux des 2 délinquants de 20 et 22 ans et lors d'une perquisition à leur domicile, de photographier les autocollants de groupuscules d'extrême droite radicale présents sur un réfrigérateur, une cafetière et un ordinateur des prévenus. Ces autocollants, dont les contenus incitant à la haine raciste, notamment contre les immigrés et les musulmans (732 Charlie martel, stop immigration,  etc) démontrent leur proximité avec ces organisations racistes,  suprémacistes, néo-nazies ou encore identitaires et nationalistes.  (GUD, action française,  Ouest Casual, Génération identitaire, Aurora, Cocarde étudiante,  Vandal Besak,  7 mai, etc).

 

 

La présidente les a interrogés sur la symbolique de la croix celtique utilisée sur leur pancarte comme par le GUD dont l'autocollant était sur le réfrigérateur de Théo GIACONE. Les deux militants du RN et responsables de la Cocarde étudiante ont prétendu ignorer sa signification et le sens politique de la mention "White Power" qu'ils avaient accroché à la statue de Victor Hugo et qu'ils avaient repeinte en blanc. Ils ont indiqué avoir récupéré les autocollants des groupes radicaux d'extrême droite à l'occasion de réunions du parti RN qui les amenaient à rencontrer les militants de ces autres organisations. Ils ont indiqué qu'ils avaient, en qualité de dirigeants locaux de l'association d'extrême droite "La Cocarde étudiante", reçu la consigne de Florian, le coordinateur national, membre du Bureau National, de faire une action de "communication" concernant la couleur de la statue de Victor Hugo créée par Ousmane Sow. Les messages envoyés par la direction comprenaient une publication de "Fdesouche" (site du numéro 2 de Reconquête,  ancien leader du RN et de Génération identitaire) qui  reprenait un article de l'Est Républicain sur la couleur de la statue. 

 

 

 

Ils justifiaient la nécessité de leur action par le succès du tweet de Philippe De Villiers qui critiquait la couleur de la statue de Victor Hugo au nom des blancs hétérosexuels. Ils revendiquaient avoir envoyé les photos de leur action le dimanche 21 novembre à la direction de la Cocarde étudiante mais faisaient mine d'ignorer comment ces photos s'étaient immédiatement retrouvées le lundi 22 novembre sur la boucle Télégram d'une autre organisation d'extrême droite radicale "Ouest casual" qui regroupe des militants fascistes lyonnais et parisiens. Obéissants aux conseils de leurs avocats, les prévenus devant le tribunal ont fait mine de regrets, et ont prétendu avoir quitté la politique et le RN fin 2021 et être désormais retirés de la vie politique.

 

 

Ensuite, ce fut le tour des parties civiles de s'exprimer à la barre. Anne Vignot, la Maire EELV de Besançon,  propriétaire de la statue de Victor Hugo (achetée 200 000 euros à l'Etat français et installée Esplanade des droits de l'homme à Besançon en 2003) a défendu la mémoire de Victor Hugo,  poète humaniste et homme politique Républicain et la mémoire d'Ousmane, Sow artiste sénégalais admis à l'Académie des Beaux-arts en France. L'avocat de la Mairie de Besançon, Maître Henon, à son tour a défendu la mémoire de Victor Hugo comme l'a fait ensuite l'avocate de SOS Racisme.

 

 

Le président de la Maison des Potes, Samuel Thomas, qui représentait sans avocat l'association de lutte contre le racisme, s'est concentré dans son intervention sur la démonstration du caractère raciste de la dégradation des 2 prévenus. Il a expliqué que la Maison des potes, de son côté, avec une équipe d'élèves-avocats chevronnés, avait poursuivi l'enquête réalisée en flagrant délit par la police, en cherchant des éléments sur le profil politique des prévenus pour comprendre comment et à cause de qui des jeunes de 20 et 22 ans se radicalisent dans la haine raciste.  L'enquête de la Maison des potes, aidée par le journaliste antifasciste de Besançon Toufik de Planoise, a permis de découvrir les actions radicales des prévenus dans des publications sur des sites internet, dans des journaux et à partir des publications de comptes Instagram, Facebook, Twitter, Télégram des prévenus et de proches des prévenus.

 

 

L'enquête de la Maison des potes démontre, au contraire de leur prétendu éloignement de la politique fin 2021, que la radicalisation politique des deux prévenus avait continué en 2022 et en fournissait toutes les preuves dans les pièces communiquées à leurs avocats et aux juges. 

Pour le jeune Étienne M. de 20 ans, la Maison des potes fournissait au tribunal une photo d'un collage d'affiche publiée par la Cocarde étudiante en 2022 sur laquelle il faisait le signe de ralliement des adeptes du Ku Klux Klan,  le geste OKKK sur chaque main. Ce geste est la signature notamment que faisait en août 2020 lors de son procès Brenton Tarrant, le terroriste suprémaciste qui avait, en 2019, assassiné 51 musulmans dans les mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande.  

 

 

Pour le jeune Théo Giacone de 22 ans, qui a rejoint le RN à 16 ans, la Maison des potes a fourni en premier lieu sa photo en admirateur du KKK dont il avait revêtu en 2019 l'uniforme blanc pour se prendre en photo en faisant un salut fasciste et la publier sur son compte Facebook.  La Maison des potes a démontré par diverses photos qu'il était proche de Marine Le Pen  et de Julien Odoul, patron du RN en Bourgogne Franche-Comté, qui lui avait donné les investitures pour représenter le RN aux municipales de 2020 à 20 ans, aux départementales et régionales de 2021 à 21 ans.

 

 

 

La Maison des potes a montré que Théo Giacone appelait encore à voter Marine Le Pen en janvier 2022 par "fidélité" avant de rejoindre avec son association "La Cocarde Etudiante" la campagne pour Éric Zemmour. Surtout, elle a montré qu'en 2022 Théo Giacone avait mené plusieurs manifestations publiques avec le groupe néo-nazi Vandal Besak. Ce groupe célébrait notamment en août 2022 l'anniversaire des 22 ans de Théo Giacone par une manifestation dans laquelle étaient scandés des "sieg heil" et "Besançon est national socialiste". En septembre 2022 enfin, Théo Giacone se présentait sur les réseaux sociaux comme l'entraîneur à la boxe, en forêt, des nationalistes qu'on identifiait comme étant les militants néo-nazis du groupuscule  Vandal Besak.

 

 

Avec tous ces éléments,  la Maison des potes entendait informer le tribunal que la dégradation de la statue avec une pancarte incitant à la haine des suprémacistes adeptes du White Power et de la croix celtique,  n'était que l'aboutissement d'une radicalisation dans des organisations politiques qui ont poussé ces jeunes à détester de plus en plus les noirs, les musulmans, les étrangers mais aussi les juges et les valeurs de la République Française. Le représentant de la Maison des potes a souhaité qu'ils soient sanctionnés d'une peine d'inéligibilité et condamnés à suivre une éducation antiraciste qui leur permettrait de comprendre la dangerosité du Ku Klux Klan et des souffrances engendrées par ces suprémacistes. 

La vice procureure, Madame Keller, a finalement requis à l'issue d'un éloquent discours antiraciste des peines de 12 mois de prison avec sursis, 5 ans d'inéligibilité et 140 heures de travail d'intérêt général pour chacun des prévenus.

 

 

Comme la présidente du tribunal avait refusé de poser les questions de la Maison des potes aux prévenus concernant le "geste OKKK" de l'un et le salut fasciste avec le costume du KKK de l'autre, ce sont leurs avocats qui ont répondu à ces accusations dans leurs plaidoiries. Pour la bâtonnière de Besançon, Me Weiermann qui défendait Étienne M,  la preuve que son client ne connaissait pas la signification de ce geste OKKK c'est que Marine Le Pen avait été photographiée faisant ce signe sans savoir sa signification.  Pour Me Julien Vernet, avocat de Théo Giacone photographié en costume des adeptes du KKK, sa réponse était "On se demande comment vous avez pu récupérer tous ces documents". Les 2 avocats des prévenus, comme réponse à ces éléments, se sont finalement contentés de demander que soient rejetée la constitution de partie civile de la Maison des potes et par conséquent les 32 pages de conclusions et les 50 pages annexes montrant la radicalisation de leurs clients.  

Pour la bâtonnière, qui n'avait pas lu correctement les statuts de la Maison des potes, l'association n'avait pas le droit d'être en justice pour lutter contre le racisme.  Cet argument était d'autant plus fallacieux que c'était un avocat de son cabinet qui avait déjà un an auparavant devant le tribunal de Besançon perdu un procès contre la Maison des potes dans une affaire mettant en cause un autre jeune cadre du RN  pour des dégradations de mosquées. Maître Weiermann a même été jusqu'à réclamer, dans le cas où la Maison des potes était déclarée recevable, de ne l'indemniser que d'un euro symbolique au lieu des 2000 euros réclamés par l'association pour s'aligner sur le montant réclamé par SOS Racisme. Pour couronner le tout, la bâtonnière a demandé qu'il ne soit accordé aucune somme à la Maison des potes au titre des frais de justice réclamés sur le fondement de l'article 475-1 du Code de procédure pénale. Pourtant, la Maison des potes était la seule partie civile à avoir produit 32 pages de conclusions, avec une discussion  argumentée sur les faits,  sur les qualifications pénales, et sur la recevabilité des parties civiles.

 

 

 

A contrario, la bâtonnière soutenait les demandes de dédommagement des frais de justice pour SOS Racisme et la mairie de Besançon, qui n'avaient chacune déposé que quelques pages de conclusions pour justifier des demandes de réparation, et s'étaient contentés dans leurs plaidoiries de défendre la mémoire de Victor Hugo et d'Ousmane Sow. La bâtonnière a prétendu que le versement des frais engagés par la partie civile pour son action en justice ne pouvaient concerner que les honoraires d'avocat alors que l'article 475-1 du CPP prévoit " Lorsqu'il apparaît inéquitable de laisser à la charge de la partie civile les sommes exposées par elle et non comprises dans les frais et dépens, le juge peut condamner l'auteur de l'infraction à lui payer le montant qu'il détermine." Dans les frais et dépens, il n'est pas dit qu'il ne pourrait s'agir que des honoraires d'avocat, n'en déplaise à la bâtonnière censée mieux connaître que quiconque le code de procédure pénale.

Le jugement sera rendu le 17 février. 

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