L'Insolence contre l'injustice

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Jeudi, 18 Octobre, 2012
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L’injustice à deux vitesses peut être combattue avec lucidité et esprit de transmission. Le rappeur, cinéaste et animateur radio XV Blackara est un intellectuel actif qui incarne ce combat de terrain, dont l’arme médiatique est l’insolence.

XV Blackara (prononcez « x » « v » blackara…) a la justice dans la peau. Ce rappeur, ce présentateur radio, cinéaste et acteur du renouveau culturel urbain milite pour une justice qui doit arrêter de jouer les aveugles quand celle-ci, sur sa balance, fait comme s’il y avait « deux poids deux mesures ». D’un côté le démuni, de l’autre le fortuné. Mais que faut-il faire pour qu’il y ait plus de justice dans une société capitaliste, avide de clichés ?

 

Transmettre. Et agir toujours. Même s’il faut être insolent… c’est la réponse de XV Blackara. Dans une chanson de rap, Comportement Insolent, il se montre acerbe, lucide et précis : « Condamné Alain Juppé, il peut toujours être réélu, mais moi je ne peux même pas rêver travailler dans la sécu ». D’après XV Blackara, la justice est aveugle, mais pour certains privilégiés elle ouvre un œil et oublie vite : « Pouvoir avoir une famille, se reconstruire… il y a des gens pour qui avoir une seconde chance, c’est vital. Mais comme ton nom a été mêlé à une affaire, on te dit « ah non vous avez un casier ». Alain Juppé, lui, a été condamné pour abus de biens sociaux, il purge sa peine, puis on lui refile le coffre avec les clefs. Alors eux ils ont changé ? Et pas nous ? Pour un téléphone, on te bloque, mais eux ont privé combien de personnes ? On a la mémoire courte. Pourtant Alain Juppé est connu des services de police. »

 

Pas de phrases choc, pas de réactions

 

Mais cette situation comique va plus loin : « pour économiser : on ferme les tribunaux ». Et le montant de l’aide juridictionnelle pour se défendre, apportée par l’Etat aux faibles revenus, reste peu élevé. Pour XV Blackara, qui donne raison à la proposition de la Fédération Nationale des Maisons Des Potes de doubler cette aide : « L’avocat a besoin de temps, plus on lui donne du temps », plus la justice portera bien son nom. « Il faut montrer la nécessité que les personnes soient bien défendues. »  Comment ? Par l’insolence, encore et toujours, parce que « si tu pleures en silence, personne ne te demandera pourquoi tu pleures ».

 

Mais, XV crie plus haut cette lucidité en posant cette question : «  comment leur faire sentir le besoin, alors qu’ils ne sont pas dans le besoin ? ». Ce qu’il l’amuse, c’est quand le serpent se mange la queue : « la « politique du chiffre », ça a commencé à toucher tout le monde. Et puisqu’une tranche de la population a été touchée, avec les gardes-à-vue abusives, on commence à avoir une médiatisation du contrôle au faciès. Voilà le problème : ils ne le comprennent que quand ils sont dans la situation ».

 

Offensives culturelles

 

A 30 ans, accompagné de deux animatrices, à qui il laisse carte blanche pour parler culture, musique, hip-hop, bons plans, et style de vie, ce Congolais anime une émission sur Fréquences Paris Plurielles (106.3 Fm) : « Glory Time ». XV Blackara n’hésite pas à rappeler certaines injustices en cassant les clichés : « Think like a man, a été interdit pour « pas assez de mixité ». Apparemment, il y avait trop de Noirs dans ce film de Tom Story. Si ça avait été un Boyz N the Hood, ça serait passé. Les distributeurs n’aiment pas trop les rôles non-clichés. Ils préfèrent des films comme… il n’y a pas plus cliché qu’Intouchables par exemple. »

 

Mais son émission radio n’est qu’une facette de l’étendue de sa pensée et de son action. XV Blackara, qui a aussi joué dans Banlieue 13–Ultimatum et African Gangster, fait partie du mouvement C.R.E.E.L. (Construire Rassembler Eduquer Elévation Libre). Ce collectif artistique et social est une dynamique qui se veut être « un maillon de la chaîne ». La transmission est un enjeu primordial pour XV et les siens : « c’est important qu’il y ait des gens après nous. » Pour casser les clichés et se faire plaisir XV Blackara a mis en place les soirées « Offensives sur la Littérature Urbaine ». A l’image des soirées poésies aux USA dans les clubs de jazz, ces Offensives réunissent dans une ambiance hip-hop, autour de deux trois invités confirmés, des écrivains de banlieues (ou dits de banlieue). Pendant les intermèdes musicaux du DJ, c’est micro-ouvert, et chacun peut se lancer et proposer ses mots. « Moi ce dont je veux, c’est de montrer qu’on a du talent. Rendre la culture urbaine permanente. La sublimer. A nous de nous mettre en valeur, et comme on disait à l’époque : d’être la plus belle meuf de la soirée ! » De l’insolence, certes, mais à l’ancienne.

dolpi

blackara-officiel.skyrock.com

www.xv-blackara.com 

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