Interview : Nicolas Comte, « le chiffre est un ennemi de l’efficacité »

Comment vous interprétez le ralliement De toutes les organisations syndicales à votre position dure (et ancienne) contre la politique du chiffre ?
C’est la démonstration que nous avions raison, que nous avions bien identifié le ressenti de la base. Nous dénonçons la religion du chiffre parce que c’est l’impossibilité pour le policier d’exercer son libre arbitre, c’est le transformer en robot. Et tous les autres syndicats ont pris récemment conscience que ce que nous disions, « Unité Police » et le « SNOP » (un syndicat d’officiers), depuis longtemps était une réalité.
Très concrètement, quel est le problème posé par cette religion du chiffre ?
Le chiffre est un ennemi de l’efficacité. C’est-à-dire qu’à partir du moment où on ne recherche que le chiffre, que celui-ci est un but et non plus un outil d’expertise, cela produit des effets pervers. En matière de contraventions, ça contribue à faire ce que nous appelons de la bâtonnite (on fixe des quotas de PV). Pour les infractions, ça veut dire qu’on aura tendance à interpeller plus facilement trois fumeurs de shit qu’un revendeur. Et ce, pour une raison toute simple : c’est que dans un cas, ça fera trois affaires élucidées, dans l’autre une seule. Cette logique comptable n’est pas efficace dans la lutte contre la délinquance.
Croyez-vous que le ministre De l’intérieur ait compris le message ?
Lorsque Brice Hortefeux a présenté à la mi-janvier les chiffres de la délinquance, il a indiqué qu’il n’y aurait pas d’objectifs chiffrés, fixés pour 2010, et qu’il ne parlait pas lui de politique du chiffre. Nous prenons acte, et nous espérons que la hiérarchie policière aura entendu la même chose que nous. Mais nous restons vigilants.
Propos recueillis par Franck Maître
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