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Interview de Harlem Désir, Président de SOS Racisme de 1984 à 1992
Pote à pote : Quels sont les moments forts que vous avez connus en tant que président de SOS racisme ?
Harlem DESIR : Les souvenirs forts se bousculent, ce soir c’était très émouvant de revoir le film d’Alain périssons et de kaissa Titous sur la concorde, qui est un film sur SOS Racisme en fait. Un moment très très important dans notre histoire. Quand on revoit ce film, on se dit qu’on a eu beaucoup de chance, car il y-a eu beaucoup d’artistes Des artistes et humoristes, notamment Smain et Coluche, et tous ceux qui se sont mobilisé pour que cet évènement ait lieu : des chaines de télévision , le ministère de la culture (jack lang), des sociétés qui ont acceptés de sponsorisé le concert, pleins de gens qui nous ont fait confiance, des intellos comme Bernard Henry Levy, Marek Halter, Max Gallo.
On avait 24-25 ans, certains d’entre nous même moins, et on a mobilisé en quelques mois des centaines de milliers de gens de jeunes surtout, qui portaient la petite main, qui créaient une sorte d’ambiance de rapport de force, face à l’extrême droite et le racisme insidieux qui s’était installé et était lié au contexte économique de l’époque. Nous sans doute étant issue d’une génération métissé, mélangée, on avait l’intuition que la riposte se devait de s’inventer sous des formes nouvelles et surtout culturelles, incluant la musique, le mode de vie, faire de cette diversité une richesse pour la France. Nous étions un groupe qui se constituait de militants, étudiants de seine saint- Denis et finalement ce qui est arrivé nous a dépassés, car beaucoup de gens attendaient ça.
Pote à pote : Cette énergie que vous aviez, comment voulez-vous la transmettre en tant que ministre aujourd’hui ?
Harlem DESIR : En tant que ministre, même quand j’étais député européen, je reste marqué par cet engagement, tout comme les anciens copains qui n’ont pas forcément suivi le même parcours politique, ou n’ont tout simplement pas fait de politique et qui suivent une carrière professionnelle dans l’entreprise ou l’administration. Je crois que les valeurs que nous avons défendues à ce moment-là, une certaine idée de la France qu’on aime, des Lumières, valeurs de la république, c’est ce qui nous a marqué. On voudrait le transmettre, mais c’est à chaque géneration de réinventer le combat antiraciste, le combat pour la fraternité, le combat pour l’humanisme.
J’ai juste envie de dire continuez, car il existe toujours une extrême droite et un populisme encore plus virulent que ce qu’on a connu non seulement en France mais dans plusieurs pays de l’Europe. Cela s’explique par la montée de l’extrême droite d’une part mais aussi par le terrorisme, qui menacent à eux deux l’unité de la France que nous tentons d’instaurer.
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