Parcours d'un combattant sans papiers
En ce beau matin de 18 juin. Levé très tôt. Direction la préfecture. Ils sont nombreux comme moi, alignés comme du bétail, pour arracher un ticket, un ticket qui donnera lieu et place à un autre rendez-vous pour essayer de se faire sa place.
Des pensées, des pensées,
pour panser ce qui continue de saigner ?
Dans une rue bourrée de monde, devant tout le monde, t’as droit à des fouilles corporelles. Avec ces méthodes, on affiche la république. Fermer les yeux. Oublier ? Oublier
ces pensées, ces pensées,
pour panser ce qui continue de saigner ?
La porte s’est ouverte. Des va-et-vient, des demandes incessantes d’une régularisation aboutissent.
A un mètre, j’entends dire qu’on veut pas accueillir toute la misère du monde. Mais la misère du monde c’est quoi sinon pas nous-mêmes quand on tourne le dos au monde ?
Des pensées, des pensées,
pour panser ce qui continue de saigner ?
Dans ma douce souffrance ma République. As-tu déjà oublié le sang versé de ces tirailleurs quand ta liberté fut bafouée ce jour-là pour Marianne et sa cocarde comme mon oncle.
Des pensées, des pensées,
pour panser ce qui continue de saigner ?
Mama. Allo ? J’suis arrivé au pays des Droits de l’Homme. J’ne te raconterai pas tout ce que j’ai traversé : ton cœur va saigner. T’inquiète pas ça va. J’ai rencontré un frère qui veut bien m’héberger pour une nuit. Et demain ?
Des pensées, des pensées,
pour panser ce qui continue de saigner ?
Ton cœur a assez saigné quand il parle à sa mère. J’ai dû oublier le sens du mot « assez » ?
Shabaaz
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