La Jungle : du « Coup de com’ » au « Coup de gueule »
Notre ministre de l’Immigration, de l’Identité Nationale et du Développement solidaire est venu trois fois à Calais. Une action de communication bien huilée, puisque déjà répétée en 2002 par un autre prédécesseur, l’actuel Président de la République Nicolas Sarkozy.
Pour les habitants du Calaisis, nous voici devant un remake de Sangatte 2002.
A l’époque, ce ministre de l’Intérieur a fermé le camp de Sangatte. Nous ne disons pas que la situation était acceptable, mais d’un problème ancré sur un point précis, on a étendu la problématique sur un territoire bien plus grand, rendant la situation sanitaire et humanitaire des plus critiques. Aujourd’hui, de nouveau, un ministre vient avec nombre de caméras, soutenu par un maire local à l’étiquette similaire, pour fermer un nouveau symbole, la jungle de Calais. Pour quel résultat ?
Il a stoppé des filières ? Donner un message ferme que l’on ne passe plus par Calais ? Le message a fait comme le nuage de Tchernobyl, il s’est arrêté à la frontière… Nous devons tout de même noter que les migrants sont moins nombreux. 800 début août rien qu’à Calais, ils n’étaient qu’un peu moins de 300 le jour du fameux démantèlement. En fait, l’annonce a entraîné un départ des migrants vers d’autres filières de passage et il se dit aussi qu’un grand nombre a pu passer durant le mois d’août… Tiens, tiens, tous les journalistes qui ont couvert Sangatte en 2002 ont remarqué ces similitudes…
Le jour du démantèlement, les migrants ont été interpellés et comme les associations le dénonçaient, ils sont depuis de nouveau dans la nature, un peu plus cachés, un peu plus seuls. Mais cette fois, notre ministre d’ouverture a fait plus fort, il est venu deux fois de plus que son prédécesseur et il le martèle : « ces marchands d’esclaves ne pourront plus vendre de ticket en passant par Calais ». Absurde : que va choisir un jeune Afghan entre la mort et fuir pour un monde qu’il espère meilleur ? Et la question est la même pour nombre des nationalités présentes sur la Côte d’Opale.
En fait, le déploiement de la force rassure l’électorat du Front National tout en étant une réponse simple. Alors que la vraie réponse, c’est forcer l’Angleterre à revoir sa politique, c’est avoir une vraie politique européenne de l’immigration digne des droits de l’homme car nous savons que l’Europe a besoin de main d’œuvre. La vraie réponse locale, déjà proposée par des élus locaux de gauche, serait la mise en place de locaux, répartis sur toute la Côte d’Opale, et dans lesquels les migrants auraient des informations, des douches, un accès au soin plus général, des vêtements, de l’eau et de la nourriture. Car oui, ces campements de fortune ne sont pas non plus une solution.
Quand l’Etat fera-t-il réellement face à ses responsabilités ? Quand accordera-t-il un véritable soutien, par exemple, au Conseil général du Pas-de-Calais pour le financement des aides aux mineurs étrangers ?
Au lieu de cela, on saccage des campements de fortune, on enterre des vêtements, des couvertures, données par des habitants, on installe une pression de chaque instant. Une élue locale irresponsable affiche un contentement, tout en dénonçant de fausses agressions des migrants, et on veut créer une PAF européenne…
Si j’étais cynique, si je ne croyais plus en rien, je dirais que dans les prochaines années, un autre ministre viendra pour annoncer de nouveaux errements aux habitants de la Côte d’Opale. Pour l’heure, les habitants continuent de faire des dons aux associations et restent calmes. Pour combien de temps ?
La vérité, c’est que rien n’est réglé parce que le Gouvernement ne s’est pas attaqué à la réalité du problème, parce qu’un ministre a eu besoin d’images. Encore un…
Président du Comité SOS Racisme Calais-Dunkerque
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