Eclairage : Alphabetisation à quel prix ?
En vigueur depuis 2006, le Contrat d’accueil et d’intégration impose, depuis 2007, à chaque demandeur d’une carte de séjour l’obligation d’apprendre le français. Cette injonction est une bonne chose, puisqu’elle offre à toute personne désireuse de s’installer en France des outils pour une meilleure intégration et une socialisation plus rapide.
Cependant, si l’apprentissage de la langue demeure gratuit pour les primo-arrivants, les conditions qui leur sont offertes ont été mises à mal par une récente donne. Hier mandatées, les associations qui font de l’alphabétisation dépendent aujourd’hui d’un marché public. « C’est un système que l’on n’a pas cherché. Nous avions l’habitude de fonctionner sur des subventions », nous dit Victor Silberefeld, directeur de la Fédération des AEFTI (Association pour l’Enseignement et la Formation des Travailleurs Immigrés). Un appel d’offres qui équivaut à une mise en concurrence des associations entre elles, voire avec des entreprises privées. « C’est de la marchandisation. Le système de marché public rend le critère financier très important. Et nous n’y sommes pas favorables car nous considérons que le niveau de qualité des formations baisse quand le principal critère de sélection en est le coût. »
Par ailleurs, la baisse des subventions allouées aux associations par l’Acsé (Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances), dès cette année, a fait fermer certaines d’entre elles qui faisaient de l’alphabétisation. Cette politique qui permet d’évincer les associations du système d’accueil des étrangers n’aura au final qu’une conséquence, celle de démanteler le réseau de solidarité avec les immigrés. Car, l’apprentissage du français dans une association permet d’emblée aux travailleurs étrangers de s’inscrire dans « la vie la cité » et de défendre leurs droits.
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