INTERVIEW : Vincent Cespedes. « En banlieue, l’école sert à naturaliser l’échec »

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Jeudi, 17 Décembre, 2009
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Vincent Cespedes, philosophe, écrivain, directeur de la collection « Philosopher », chez Larousse a enseigné la Philosophie en ZEP de 1997 à 2002. Il revient pour Pote à Pote sur son expérience de Prof et nous dit pourquoi il est urgent de réformer la pédagogie et la formation des enseignants pour adapter l’école à son nouveau public.

V.M : Diriez-vous comme certains observateurs que l'école est malade?

V.C : Oui, l’école est malade parce qu’elle est complètement inadaptée à son public et parce qu’elle est incapable de relever les défis de demain.

C’est d’abord une maladie d’adaptation à un public qui s’est massifié, depuis 30-40 ans, avec une population qui n’est plus celle d’avant : « de bons petits écoliers modèles ».

Ce nouveau public a un fort besoin de se sociabiliser ce qui se caractérise par le bavardage. Moi en tant que prof, je permettais à mes élèves de bavarder en cours et je pense que les profs ne devraient pas s’en plaindre mais travailler pour faire une pédagogie qui prenne en compte ce phénomène. L’école doit aussi être un cadre pour créer du lien social.

L’école est également inadaptée de par l’organisation de l’espace et son manque de lien avec la cité. Les élèves parlent de "bagne", de "prison" pour désigner l’école. On parle à l’école une langue différente de celle qui est parlée dans la vie de tous les jours. L’école est un sanctuaire alors qu’elle devrait être ouverte sur la ville.

Le syndrome le plus persistant de ce mal est la situation en banlieue où l’école sert à naturaliser l’échec.

 

V.M : Comme pour beaucoup de jeunes enseignants, vos "premiers pas" ont eu lieu dans un établissement en ZEP, quels enseignements en tirez-vous ?

V.C : Pour moi c’était une vocation profonde d’être prof en ZEP. J’ai fait prof pour aller en banlieue. Ma volonté était de rencontrer un public différent de moi. J’ai découvert en ZEP des élèves qui, pour certains, savaient beaucoup plus de choses de la vie que moi. Certains étaient à 17 ans des chefs de famille. Ce sont des élèves qui ont du désir d’apprendre, de vivre, de savoir, de connaître, de parler.

 

J’ai également décidé de m’appuyer sur mon vécu pour enseigner, d’avoir une empathie avec mes élèves. Etre prof en ZEP, ou ailleurs, c’est être prof au-delà de sa matière.

Mon ambition en tant que prof était la réussite de tous, c’est pourquoi je considérais que l’échec de mes élèves était avant tout mon échec personnel.

 

V.M : Le système d'affectation amène les enseignants les moins expérimentés à se retrouver dans les établissements les plus difficiles et, à l'inverse, les plus expérimentés dans les établissements les plus "tranquilles", qu'en pensez-vous ?

V.C : Le problème n’est pas le système d’affectation mais la formation des enseignants.

Je ne pense pas qu’il faille maintenir coûte que coûte des profs expérimentés et usés par l’enseignement en ZEP. D’un autre côté, envoyer en ZEP des enseignants sans expérience est une catastrophe.

Ce qui me semble essentiel c’est de transmettre l’expérience aux profs débutants. Mais malheureusement la formation des jeunes profs est souvent assurée par des profs désabusés, en fin de parcours.

 

V.M : Pour rétablir l'égalité, la Fédération Nationale des Maisons des Potes propose l'augmentation de 30% du nombre d'enseignants en ZEP ? Qu’en pensez-vous ?

Cette augmentation me paraît essentielle car cela permet de baisser les effectifs. Je pense qu’il faut un maximum de 15 élèves dans les classes en ZEP.

Il est physiquement possible avec 15 élèves de suivre tout le monde et de gérer l’énergie des élèves, ce qui est impossible avec 33 élèves.

 

 

Sur ce sujet, Vincent Cespedes a notamment publié, en 2002, « La Cerise sur le béton. Violences urbaines et libéralisme sauvage », et en 2007, « Mot pour mot. Kel ortograf pr 2m1 ? », tous deux aux éditions Flammarion

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