Franck Lepage ou l’oeil du guerrier de l’Educ Pop

Si l’on demande à Franck Lepage s’il y a dé- jà eu un Ministère de l’éducation populaire, il nous  rappelle sans hésitation qu’ « il y a eu une direction de l’éducation populaire qui a été créée au sein du Ministère de l’Education Nationale. Après la guerre il est devenu évident que le Ministère mette en place une direction centrale des adultes, l’école n’étant pas selon certain, une garantie contre la barbarie; l’instruction ne suffisant pas, il fallait aussi apporter une réflexion politique. Ils ont donc rajouté une nouvelle direction au sein de l’éducation nationale qui va devenir le ministère de l’éducation populaire. Ils recrutaient des gens qui avaient une facilité d’expression, des cinéastes, écrivains, des ethnologues... des gens issus du milieu culturel. En même temps c’est délicat de parler ici de culture. Le ministère va leur demander de mettre en place la conception. Comme ça se passe juste après la guerre ils vont mettre en place des stages avec notamment des syndicalistes pour leur apprendre à penser, à décrire la société, à créer des pièces de théâtre sur la guerre.» Une sorte d’école alternative qui va donner naissance à ce que l’on appelle aujourd’hui l’animation socio- culturelle, mais monsieur Lepage précise qu’en créant cette institution d’éducation populaire « ils vont lancer un mouvement de pédagogie alternative à l’école qui concerne notamment les adultes et va donner naissance dans les années 70 à l’animation.»

Mais saviez vous que des enseignants de l’éducation nationale, militant de la ligue de l’enseignement étaient détachés pour travailler dans ce nouveau courant ? « C’était des enseignants qui n’en pouvaient plus de l’école et précisément qui souffraient de ce qu’on leur faisait faire à l’école comme la sélection etc....ils ont découvert dans l’éducation populaire une manière de transmettre des savoirs qui étaient complètement différentes. En fait, ils faisaient ce qu’ils ne pouvaient pas faire dans leur école. C’était un épanouissement personnel qui provenait entre autre de cette abolition de la sélection scolaire institutionnalisée. Je rappelle juste qu’aujourd’hui 30 % de la population échoue au Bac. C’est donc 30 % qui ne peuvent pas accéder à l’enseignement supérieur et c’est une grande majorité d’individus issus des classes ouvrières... Ce genre de système est fait pour leur barrer la route, les maintenir au plus bas de l’instruction. Comme l’animation est devenue dépolitisée il y a eu des gens qui sont retournés dans l’éducation populaire et qui ont retrouvé le concept de l’animation politique comme au début de leur formation,histoire de s’élever intellectuellement et politiquement.»

Et quand on lui demande s’il pense qu’un ministère de l’éducation populaire aurait sa place place aujourd’hui, vous vous doutez bien de sa réponse... «Oui, on a réussi un moment à changer le nom du Ministère de la jeunesse en ministère de l’éducation dans les années 80, sauf que cela n’a finalement rien changé. Les pratiques n’ont rien changé. » Bien évidement, si les idées ne sont pas en adéquation avec la pratique... «Oui voilà, par exemple la coupure entre l’éducation et la culture est à mon sens infondée, quand Jack Lang a réuni les deux et qu’il a mis en place le ministère de la culture cela n’a justement rien changé. L’idée c’est effectivement d’avoir une administration en France qui prennent des risques. Le seul intérêt pour une association c’est d’avoir un espace de parole sur la place publique, sauf qu’aujourd’hui les associations, dans la mesure où elles sont financées localement, dès qu’elles l’ouvrent un peu trop, elles sont menacées sur leur subvention. La seule façon pour que les associations redeviennent en France un contre pouvoir c’est qu’elle n’aient pas à avoir peur pour leur financement.» Il est bon ce Lepage non?!

Propos recueillis par Nadjib Sellali

Le rapport de Franck Lepage, Le Travail de la culture dans la trans- formation sociale : une offre publique de réflexion du ministère de la jeunesse et des sports sur l’avenir de l’éducation populaire est disponible sur le site de la documentation française.

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Emplois salariés dans les associations

• Les associations emploient 1 902 000 personnes.

• Les deux secteurs qui génèrent le plus d’emplois sont l’action sociale et de la santé (49% ) et l’éducation, la formation et l’insertion (17 %).

• L’emploi y est large- ment féminisé (68 % de femmes).

• 25% de CDD (contre 18%, toutes branches confondues, au niveau national).

• 26% des associa- tions ont recours aux aides à l’emploi et 54% des emplois jeunes dans les associations ont été pérennisés.

(source : Rapport au Premier Ministre, Luc Ferry et le Conseil d’analyse de la société. «La représentation du monde associatif dans le dialogue civile». Septembre 2010.)

Rémunération

Selon l’INSEE, un quart des personnes sous le seuil de bas salaire a travaillé dans les collectivités territoriales qui proposent un grand nombre de contrats aidés, le plus souvent assortis d’une courte durée d’emploi.