Moulin Rouge : le french carcan de la discrimination
Le Moulin Rouge était en pleine campagne de recrutement de serveurs. A cet égard, il informa François Masson, responsable de la mission locale pour l’emploi de Paris afin que celui-ci redirige les candidats potentiels vers le music-hall. Parallèlement, Monsieur Abdoulaye Marega, serveur à la recherche d’un emploi se présenta à la mission locale. Il auditionna alors pour un poste de serveur en salle, sans succès.
« Welcome to the cabaret! […] stranger, happy to see you […] stay! »
Cet air de cabaret ne se chantait décidément pas au Moulin Rouge. En effet, lorsque Abdoulaye Marega se présente à l’entrée de cette revue parisienne, on lui prétexta qu’ils recherchaient des commis de salle parlant l’anglais ou l’espagnol. Pourtant aucune référence à ces compétences n’avait été formulée par Micheline Beuzit, secrétaire de l’établissement. Monsieur Masson la rappela afin d’obtenir des explications. Celle-ci lui expliqua qu’ils ne prenaient pas de noirs à ce poste. Choqués par les propos tenus, Messieurs Marega et Masson alertèrent SOS Racisme. Avec la contribution de l’inspection du travail, le vice-président de SOS Racisme réalisa un testing au Moulin Rouge qui devînt le théâtre d’un bien triste spectacle : le personnel blanc est mis sur le devant de la scène tandis que le personnel de couleur reste en coulisse. Les propos de Mme Beuzit étant alors enregistrés par une caméra de France 3. Loin de cancaner, les salariés – témoins de cette pratique – confirmèrent la politique discriminatoire de recrutement de leur employeur.
Pour sa défense, André Poussimour, Président du Moulin Rouge, avancera une justification des plus crédibles :
« si en quarante ans, le Moulin-Rouge n’a pas engagé un serveur noir, c’est qu’aucun candidat noir ne s’est jamais présenté ». N’adhérent pas à la fable servie par le Président, le 22 novembre 2002, le tribunal correctionnel de Paris condamna Micheline Beuzit à 3000 euro d’amende, la légendaire enseigne à 10000 euro d’amende et 6800 euro de dommages et intérêts. En 2003, la Cour d’appel confirma cette décision : « C’est un avertissement pour tous les employeurs qui commettent des recrutements discriminatoires, notamment dans la restauration, où l’on constate une forte hiérarchisation raciale des tâches », déclara Samuel Thomas.
Naïla Dzanouni-Brousse de Laborde
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