Lilian Mathieu : le temps, l’argent, et l’anti-militantisme

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Lundi, 26 Décembre, 2011
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Pour militer, « faut du temps, mais pas nécessairement de l’argent ». Pour le sociologue Lilian Mathieu, militer nécessite de la « socialisation », et aussi de se défaire des complexes induits par un discours antisyndical.


Lilian Mathieu, 40 ans, est un chercheur en sciences sociales. Cet homme ordinaire comme il se présente, s’intéresse aux moyens d’action et de protestation des plus démunis avec, comme le dit sa fiche du CNRS : « :’étude des mobilisations prenant naissance au sein de milieux peu favorisés, de populations pauvres voire marginales ou stigmatisées ». Pour le sociologue de terrain, c’est simple : « on voit rarement de telles mobilisations chez des actionnaires ou des banquiers, car eux ont d’autres moyens de faire valoir leurs intérêts. »

 

L’argent ou le manque d’argent est-il la condition sine qua non pour militer ?

L’argent est avant tout l’indicateur de beaucoup d’autres choses… La situation scolaire en dit plus (les plus pauvres sont les moins pourvus en capital scolaire par exemple). La plupart des organisations n’exigent pas une cotisation. Est membre celui qui fait quelque chose, qui a du temps plutôt que de l’argent. Les dispositions à s’engager c’est des tendances, pas des barrages.

 

Pourquoi la classe populaire et les chômeurs ne s’engagent-ils pas plus que ça ?

Parce que s’engager donne un mouvement social, c’est donner son opinion. Or, il faut se sentir en mesure légitime de s’engager, habilité à prendre la parole. Se sentir autorisé. Chez ceux qui s’engagent, on retrouve une récurrence sociale : les diplômes, les hommes se sentent plus compétents que les femmes, le lieu de résidence…

 

Puis il y a des codes, un jargon, des idiomes...

Il faut savoir comment militer, quelles sont ces pratiques, comment se fait une réunion publique. Dans une réunion, quelqu’un qui n’est pas militant on le reconnait tout de suite, il prend la parole de manière intempestive.

 

Est-ce un manque d’éducation citoyenne ?

« Citoyenne » le mot me semble un peu trop vaste. Plutôt que d’éducation citoyenne, c’est une histoire de socialisation. « Socialisation », au sens qui a été intégré à des groupes.

 

Au sujet des nouvelles formes d’engagement, est-ce que l’on peut parler de militantisme quand il s’agit de pétition à cliquer sur Facebook ou ailleurs ?

C’est socialement très sélectif (tout le monde n’a pas accès à internet), beaucoup de gens ne savent pas se servir d’un ordinateur. Après, est-ce radicalement opposé que d’inscrire son nom sur un papier ? Les mœurs techniques ont renouvelé le procédé, mais ne l’ont pas révolutionné.

 

Aujourd’hui, il y a comme une crainte d’être ringard quand on s’engage…

L’idée c’est qu’il y aurait une grande rupture : parce qu’il y aurait plus de pétitions internet que papier. Mais on est toujours avec des formes d’actions publiques (grèves, pétitions). La mise en forme des manifestations peut être un peu plus ludique qu’il y a 40 ans, et encore … C’est sûr, c’est mieux en rigolant que de manière mortifiée. Il y a comme une crainte d’être ringard, mais ce n’est pas quelques manifs de Jeudi Noir qui changent le fond.

 

Comment le syndicalisme, perçu comme une ancienne forme de lutte, peut-il sortir de la tempête de ringardisation dont il est victime ?

C’est l’environnement idéologique qui est défavorable. Quand on connait la répression syndicale dans les petites et moyennes entreprises quand le simple fait d’exprimer le mot syndicat peut amener à être viré… Je ne pense pas que le syndicalisme soit ringard. C’est institutionnalisé, avec l’Etat, les syndicats dirigent des comités paritaires. Ce n’est pas une tempête, c’est un discours idéologique.

 

Un combat idéologique ?

Une société est traversée par les rapports de force. Il existe un antagonisme entre le capital et le travail, un rapport de force économique et symbolique. Ce discours idéologique participe à cet argumentaire. On essaie par la ringardisation, de disqualifier les défenseurs de causes. Le problème du syndicalisme est seulement interne au syndicalisme. Pour lutter : il faut faire son travail de syndicaliste,et ne pas avoir de complexe.

 

 

Propos recueillis par dolpi

 

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