Immigrés, dehors?
L’économie d’un pays, c’est aussi et peut être avant tout de la démographie. Le dynamisme démographique d’un pays crée des ressources et des besoins qui alimentent la croissance, or la vieille Europe est de moins en moins fertile... Ce n’est pas un scoop. La population immigrée qui est plus féconde permet de relever ce déclin démographique. En 2004, par exemple, le taux de fécondité des françaises était de 1,7 enfants par femme contre 2,6 en moyenne pour une femme immigrée. Cette fécondité rehausse le taux de natalité et relance le dynamisme d’un pays dans son ensemble. En Europe, certains pays souffrent de manques d’effectifs qui ne peuvent être compensés par la main d’oeuvre autochtone, c’est pourquoi trois types de main d’oeuvre immigrées sont donc recherchés :
- de la main d’oeuvre peu ou moyennement qualifiée pour répondre aux besoins des secteurs historiquement peu attractifs, boudés par les populations locales, comme les métiers du bâtiment, de l’industrie mécanique, de l’hôtellerie ou encore de la restauration.
- de la main d’oeuvre qualifiée pour répondre à plus long terme aux difficultés sectorielles spécifiques et pour enrichir la croissance. L’industrie et les services ont un réel besoin de cadres informaticiens ou administratifs, commerciaux ou technico-commerciaux.
- des personnels hautement qualifiés, autrement dit des cerveaux pour la recherche et les nouvelles technologies. Mais là, la concurrence entre les pays développés est rude pour attirer cette matière grise et ils doivent redoubler d’efforts à l’égard des étudiants et cerveaux pour qui l’immigration est un choix.
En conclusion, si vous pensez que l’immigration a des effets négatifs sur le chômage et qu’elle fait concurrence aux travailleurs locaux sachez que nombre d’études contredisent ces théories. L’immigration engendre une augmentation de la demande de travail par les entreprises et une redistribution salariale à l’ensemble des actifs. En période de crise, l’immigration jouerait même un rôle «d’amortisseur», le travailleur immigré étant plus largement licencié que les autochtones.
Face à cette inégalité de traitement, le Parlement européen a encore du mal à se positionner clairement sur la question du permis unique. Ce permis permettrait aux travailleurs immigrés de bénéficier des même droits du travail et de la sécurité sociale qu’un travailleur européen. Même si cette réflexion représente une avancée en terme de justice sociale, bon nombre de députés européens, principalement de droite, restent frileux voire s’opposent radicalement à une telle innovation. Concrètement, ce permis unique permettrait au travailleur immigré d’être couvert en terme de droits du travail et de sécurité sociale les cinq premières années de son contrat de travail sans principe de «pays d’origine». D’autres directives sont à venir pour les contrats plus particuliers tel que les contrats saisonniers par exemple. Certains députés européens comme le porte- parole du Groupe S&D sur l’emploi et les affaires sociales, Alejandro Cercas, parlent même de « garde fou contre le racisme et la xénophobie qui se nourrit surtout sur la base des différences de traitement entre les travailleurs immigrés et les travailleurs européens»...A suivre...
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