Tribune de Victorin Lurel "Banissons la "race" de notre constitution"

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Mardi, 13 Mars, 2012
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Multiplication des discriminations, discours xénophobe voire agressions dues à la seule couleur de la peau. A l’heure où la « peur de l’autre », l’assimilation « musulman/islamistes » ou encore les discours sur l’inégalité des civilisations  font florès,  la République doit rappeler ses principes fondamentaux et à vocation universelle inscrits notamment à l’article 1 de la Constitution. A la faveur de la révision de notre Loi fondamentale, c’est bien l’égalité de tous les êtres humains qu’il serait urgent de rappeler.

 

Multiplication des discriminations, discours xénophobe voire agressions dues à la seule couleur de la peau. A l’heure où la « peur de l’autre », l’assimilation « musulman/islamistes » ou encore les discours sur l’inégalité des civilisations  font florès,  la République doit rappeler ses principes fondamentaux et à vocation universelle inscrits notamment à l’article 1 de la Constitution. A la faveur de la révision de notre Loi fondamentale, c’est bien l’égalité de tous les êtres humains qu’il serait urgent de rappeler.

Or, cet article 1er de la Constitution dispose que : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances».

L’inscription du terme  « race», dans l’article même qui dispose des valeurs fondamentales de la République, est inadmissible même dans une « phrase qui a pour objet de lui dénier toute portée » (Guy Carcassonne in « la Constitution de 1958 commentée »). La Constitution reconnaît en effet l’usage d’un terme dont l’application à l’espèce humaine est, non seulement inopérante, mais surtout, choquante et dangereuse. C’est bien ce mot qu’il convient de supprimer.

 

Utilisé pour signifier la différence entre les groupes humains, ce terme s’attache à des caractères apparents, le plus souvent immédiatement visibles (la couleur de la peau, la forme du visage, etc.). Mais à ces différences physiques visibles peuvent s’ajouter celles des vêtements, des moeurs, de la culture, du niveau social, de la lignée généalogique, bref, tout ce qui peut différencier les hommes entre eux. Il existe ainsi de multiples acceptions de ce terme, selon le critère de distinction utilisé. En tout état, le concept biologique de « race » n’est pas pertinent pour l’espèce humaine. Terme polysémique, foisonnant, « ondoyant et divers », il est dangereux politiquement et juridiquement. Dangereux par son indétermination, il l’est également par son rôle de support idéologique. Par la classification et la hiérarchisation qu’il induit, l’utilisation de ce terme, philosophiquement, historiquement et politiquement, permet de présenter un ordre des valeurs justifiant, soi- disant scientifiquement, l’inacceptable.

Le mot « race » a toujours servi de support au discours qui prélude à l’extermination des peuples.

 

En tant que républicain, « homme de couleur » et représentant de la Nation, je suis choqué par ce terme et propose sa suppression de notre Constitution : c’est l’objet de la proposition de loi constitutionnelle signée par l’ensemble du groupe socialiste de l’Assemblée nationale.

 

Si supprimer le support ne supprime pas le discours, il l’ôte de toute légitimité qu’il pourrait puiser dans la loi fondamentale. En effet, lorsque la Constitution interdit à la loi d’établir une distinction selon « la race », elle légitime paradoxalement et donc en creux l’opinion selon laquelle il existe des « races distinctes ». L’utilisation du terme de race est de plus contraire à notre tradition constitutionnelle républicaine qui vise depuis 1789 à nier le concept même de différence naturelle, différence par la naissance ou par la généalogie. L’apparition subreptice de ce terme dans la Constitution est purement conjoncturelle et historiquement datée. On comprend aisément les raisons pour lesquelles deux parlementaires, insoupçonnables et de haute volée, Pierre Cot et Paul Ramadier, au lendemain de l’horreur de la 2ème guerre mondiale, ait amendé le préambule du projet de Constitution de 1946 lors des travaux de la Commission constituante pour ajouter qu’ « au lendemain de la victoire remportée par les peuples libres qui ont tenté d’asservir et de dégrader la personne humaine, le peuple français proclame à nouveau que tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés ».

On comprend beaucoup moins que le constituant de 1958 ait conservé ce terme alors même que l’interdiction  faite par notre loi fondamentale de discrimination selon « l’origine », terme plus objectif et général, donne les garanties suffisantes à l’interdiction de distinction selon la couleur de la peau, l’origine génétique, généalogique, sociale, culturelle, etc.

L’argument selon lequel la suppression de ce mot risquerait d’impliquer une régression dans la lutte contre les discriminations doit donc être écarté d’autant plus que ce terme continuera, malheureusement, de figurer non seulement dans le préambule de la Constitution de 1946 mais également dans la Convention européenne des droits de l’homme, elle-même inspirée de notre texte fondamental.

 

L’indétermination de ce terme en fait non seulement un terme inopérant mais en plus dangereux. Sa suppression n’entraînerait pas moins de protections et permettrait d’ôter à des discours fondés sur l’inégalité « naturelle » due à la couleur de la peau, à la culture, aux mœurs, la légitimité qu’ils peuvent puiser aujourd’hui dans le texte même de notre Loi fondamentale.

Le jugement de valeur à partir des différences constatées qu’entraîne le terme « race » conduit invariablement au même refus de l’autre alors que tout au contraire, il convient d’accepter, en toute fraternité, l’altérité et la différence. Seule l’acceptation de celle-ci doit permettre de maintenir la diversité et la richesse de l’humanité.

N’en déplaise à certains, dans le contexte actuel, notre Constitution doit réaffirmer de manière haute, lucide et conséquente ces valeurs égalitaires et universaliste. Bref, une France plurielle doit savoir faire cohabiter harmonieusement universalité et « diversalité ».

 

La réforme constitutionnelle qui ne manquera pas d’être engagée par les socialistes n’omettra pas de bannir la « race » de notre Loi fondamentale. 

 

Victorin LUREL, Député socialiste de la Guadeloupe

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