Djibo Bakary
Il rejoint en 1946 le Parti Progressiste du Niger et y fut hissé en
1947 à la tête, au poste de secrétaire générale du PPN devenu section
territoriale nigérienne du rassemblement démocratique africain (RDA). Ce
démarquage rencontra un vif succès populaire. C’est alors qu’il se
chargea de restructurer le parti et mit en place de grandes campagnes
fédératrices incitant l’adhésion de la population sur la base de grandes
tournées dans les sous sections de la RDA comme dans les structures
traditionnelles.
La
jeunesse n’était pas insensible à sa force de conviction, ce qui ne lui
a pas value que des honneurs bien au contraire. Il fut poursuivi en
justice pour avoir enrôlé cette force vive dissidente dans les activités
du journal Réveil où il collaborait et où la RDA avait ses tribunes...
Conscient
de la dimension que pouvait prendre l’engagement des forces militantes
qu’il était capable de rassembler autour de ses idées radicales, les
forces coloniales firent en sorte de réduire son champ d’action, chaque
semaine fut le lot d’arrestations arbitraire, poursuites en justice et
autres convocations.
Malgré
ces entraves Djibo Bakary devient représentant officiel de PPN-RDA au
Congrès Interterritorial à Abidjan en janvier 1949. En 1950, il est au
coté de Modibo Keita pour maintenir une pression populaire
anticolonialiste en organisant des meetings, des grèves de travailleurs
et des boycotts de produits de consommations.
En
1951, il quitte le PPN pour s’occuper des syndicats via l’Union
syndicale confédérale du Niger, c’est d’ailleurs dans ce contexte qu’il
créa l’UDN (l’Union Démocratique du Niger), dirigée par des
syndicalistes. Il rejoindra ensuite le Mouvement des socialistes
africains (MSA) en 1956. En 1957, Djibo Bakary fut nommé secrétaire
général adjoint du MSA présidé par Lamine Gueye.
Depuis
juillet 1958 Djibo Bakary était secrétaire général du Parti du
regroupement africain dont il fut le représentant au Congrès de Cotonou
où il opta pour une indépendance immédiate avec l’appui de Sekou Touré
qui fut connu pour son radicalisme indépendantiste. Ensemble ils
créèrent l’UGTAN (Union Générale des Travailleurs Africains) qui avait
des positions progressistes, nationalistes et indépendantistes et c’est
ensemble qu’ils firent campagne pour le « Non » au référendum de 1958.
Face
à quoi, l’administration française au Niger prit ses dispositions pour
empêcher cette tendance qu’elle renversa par des barrages de terreur
empêchant les populations des campagnes d’aller voter mais aussi, en
engageant quelques manipulations frauduleuses. C’est donc un « Oui »
timide qui fut voté et motivé par Hamani Diori alors chef du
gouvernement. Suite à ce vote, Djibo Bakary s’exila chez son ami N’Kruma
au Ghana galvanisé par le rassemblement qu’il avait su susciter autour
de ce scrutin et autour de ses idées. Il fut vice-président du Conseil
du gouvernement avant de devenir le président du Conseil de gouvernement
du Niger du 26 juillet au 10 octobre 1958. Le 18 décembre 1958, le
Niger devient une république autonome au sein de la Communauté. C’est
son cousin Hamani Diori qui le remplaça par la suite pour mener le Niger
à l'indépendance le 3 aout 1960. Hamani accède alors au poste de chef
d’Etat après avoir été élu par l’Assemblée Nationale alors que
l’opposition, menée par Djibo Bakary, radicalise ses relations avec la
majorité. Soutenu par Kwame Nkruma et Ahmed Sekou Toure, il tenta de
prendre le pouvoir par la force mais sans succès et c’est en 1998 que
Djibo Bakary, héro de la décolonisation africaine souvent contreversé s’
est éteint.
Nadjib SELLALI
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