Le Grand-Père de la démocratie participative

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Lundi, 26 Décembre, 2011
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Pour l’ingénieur en démocratie locale, Jean-Pierre Worms, la démocratie déléguée alimente la bureaucratie, engendre la discrimination, et empêche la démocratie réelle. A l’inverse, tout en partant de l’humain, la confiance et la coopération permettent une démocratie active. 


(Crédit photo : dolpi)

 

« Bien plus qu’un grand-père ! Et bien plus que la démocratie ! ». Député et élu local en Saône-et-Loire jusqu’en 1993, Jean-Pierre Worms est un militant politique, devenu un militant associatif. Jean-Pierre Worms est le « Grand Père de la Démocratie Participative ». Il connait ces assemblées extracommunautaires qui ne fonctionnent pas comme prévu (voir page 26 et Danielle Simonnet), il sait les raisons du non-engagement des classes populaires (voir page 34 et Lilian Mathieu)…! Mais pourquoi la machine démocratique semble en panne ?

La faute est à un état d’esprit bureaucratique animé par une culture de « mise sous tutelle ». Pour celui qui est le rapporteur des principales lois de décentralisation du gouvernement Mitterrand, en France : « La souveraineté du citoyen est une souveraineté déléguée ». Tout vient d’en haut, et rien d’en bas. Sans parler de toutes les logiques de fonctionnement de l’offre publique (écoles, hôpitaux, emplois) avec des procédures d’accès, codées, élitistes, qui introduisent de la sélectivité « pour ne pas dire de la discrimination ». Et quand on y ajoute une volonté de fragmentation de la difficulté sociale, ça donne au final une « prévention socialisée » qui « organise la dépendance » et, aux yeux du sociologue, c’est dangereux. Par exemple, à une famille qui a un problème de logement, et d’éducation, et d’emploi, on apporte une solution sectorisée avec un travailleur social différent, à chaque fois, pour chaque tiroir, et au bout du compte : « Cette famille, on l’a rendue passive parce que consommatrice comme quelqu’un qui remplit son caddie au supermarché ».

 

Pour sortir de cette logique de mise sous tutelle, pyramidale, la tâche parait pharaonique tant ce model descendant nourrit la passivité et les inégalités. « La représentation la plus féroce de l’inégalité, c’est l’école avec le mouvement associatif où il y a le plus de discriminations, à savoir « les parents d’élèves ». Il suffit de regarder la composition du conseil de l’école. Là encore l’école est entre les mains de l’appareil d’Etat et non pas des familles qui en ont le plus besoin ! Il faut ouvrir le fonctionnement de l’école. »

 

Cet homme lucide de 87 ans a pu constater de près les paradoxes inattendus de la pratique de la démocratie participative en France. Il a présidé l’Observatoire parisien de la démocratie locale. De 2003 à 2007, la mission de Jean-Pierre Worms a été d’améliorer les dispositifs proposés par la ville (ou la loi) : les instances de participation et les initiatives venant des habitants. Alors quelles solutions apporter pour quels problèmes récurrents ?

 

Dans les structures de démocratie locale, ce sont toujours les mêmes que l’on retrouve ou qui s’expriment : « Des blancs, des hommes, des âgés, des bac + 5. Une élite homogène. Les gens qui ne se sentent pas représentés ne sont pas mieux représentés par les mécanismes qu’on a mis en place.

Pour lutter contre ça, la solution, c’est le tirage au sort ». La solution ? Ici, pas vraiment. Les réactions reposent sur des stratégies d’évitements : « J’ai pas le temps. Me sens pas capable. Je ne connais pas les problèmes… tout un processus d’auto élimination. On recommence le tirage au sort. Après ça, ceux qui acceptent sont encore plus typés que les autres (encore des blancs, des hommes…) ».

 

Obéissant aux principes de démocratie de délégation dénoncés plus haut, progressivement s’installe une espèce de couche de notables « reconnus parce que reconnus par les élus ». On retrouve le modèle de responsabilité jamais ascendante et toujours descendante : « les pouvoirs et les contre-pouvoirs mis en place sont du même milieu ». Alors, comme l’observe Jean-Pierre Worms : « Un effet pervers s’impose. Les populations qui s’installent dans un monde de mise à l’écart, ne jouent plus le jeu : « même ça, ce n’est pas notre monde ». Et sont encore plus victimes de discrimination (logement, travail). Les espaces publics sont perçus comme des dangers, au lieu de les utiliser comme un sas ou un tremplin vers le monde commun ».

 

Le mot est lâché : le monde « commun ». Jean-Pierre Worms fait une critique de la démocratie bien plus que de la démocratie participative. Pour vaincre cette « comédie du contre-pouvoir maqué avec le pouvoir », il propose de non plus partir d’en haut, mais de partir de l’essentiel : la ressource première, la ressource humaine. Il faut partir de l’humain, le patrimoine le plus riche de l’humanité, c’est l’humanité elle-même. « L’élève qui ne sait rien, ne sait pas rien, il sait plein de de choses ». Il faut partir de la ressource de la personne pour construire : « on part de la ressource que constitue l’expérience humaine, car chaque personne a en elle-même des ressources ». Jean-Pierre Worms sait que l’espace commun est réappropriable par chacun sur « ce que chacun peut apporter, et non pas sacrifier. » Mettant de côté le principe de « l’intérêt général », le sociologue opte pour celui du « bien partageable ». Y compris par la loi, il faut créer les conditions de mettre en avant la confiance et la coopération, plutôt que la méfiance et la compétition. « La coopération est le fondement de la démocratie ».

 

 

dolpi

 

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