Entreprises Ethniques de nettoyage

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Mercredi, 1 Août, 2012
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Pote à Pote n°31, Mars 1998

Si la France n'est pas assez propre aux yeux de certains démagos, on peut leur rétorquer que le nettoyage urbain est pris en charge par nombre d'immigrés, souvent exploités. Et certaines entreprises de nettoyage sans scrupules utilisant des méthodes radicales mériteraient, pour le coup, qu'on leur passe un savon.

 

Nos sociétés modernes aiment le clinquant, le lisse, le propre. Ainsi, une ville propre, c’est un slogan usité par bien des mairies. La propreté c’est un symbole, celui des sociétés d’abondance... Les dépotoirs, le sale, la misère, c’est de l’autre côté de la mer, loin, dans les sociétés dites du tiers- monde. Dans la rue, dans le métro, personne ne remarque le balayeur, il fait partie du décor. Et justement ce décor, si nous allions en visiter les coulisses : les entreprises de nettoyage. Comme en témoigne l’histoire de H.C. travailleur sénégalais... Celui-ci, à la recherche d’un emploi, se rend à l’ANPE de Montreuil et aperçoit une annonce : Entreprise de nettoyage, embauche personne en CDI. « Je saute sur l’occasion, je me rends à l’entreprise et, après des formalités d’usage, ma candidature est acceptée. Je débute au mois d’octobre et je travaille de 6h du matin à 17h pour un taux horaire de 37 francs.

 

Premier désagrément : pendant 15 jours, l’employeur ne fournit pas de contrat de travail ». Des travailleurs africains et portugais sont concernés. Finalement, autre mauvaise surprise, lorsque le contrat est remis aux intéressés, il s’agit d’un CDD d’un mois, à temps partiel, contrairement à ce que l’annonce de l’AMPE spécifiait. De galère en galère, H.C. prend à partie le patron pour faire valoir ses droits légitimes. Ce dernier n’apprécie pas et menace d’appeler la police. « Dans son bureau un sonnerie est reliée directement au commissariat. Il sonne. Peu de temps après, la police arrive et demande des explications à l’employeur sans me consulter » reprend le travailleur sénégalais. « Devant la police l’employeur parle d’agression ! Les policiers se retournent alors vers moi et me demandent mes papiers. » H.C. ne les a pas sur lui, il se fait aussitôt menotter pour vérification d’identité. On peut légitimement s’indigner voire s’inquiéter de pareille procédure policière.

H.C. accuse d’ailleurs l’employeur d’avoir utilisé des sans-papiers sans les payer, en les menaçant d’avertir la police... Sans que cela semble prêter à conséquence. Après avoir été emmené au commissariat et véri- fier qu’il est en situation régulière, H.C est relâché. Quelques temps après, il reçoit par pli recommandé le restant de son salaire...

 

Autre exemple rapporté par Gérard Filoche, inspecteur du travail : une entreprise de nettoyage démarchait les foyers d’immigrés pour embaucher 80 personnes pour un travail de trois jours sans contrat. Ces personnes furent payées en liquide sans, bien entendu sans fiches de salaires. Selon une enquête de l’INSEE datée en 1995, le taux de temps partiel atteint un niveau record dans le nettoyage : 60%. Selon Gérard Filoche, c’est une politique qui permet une exonération des cotisations sociales. Cependant, bien souvent, le temps partiel est dépassé sans que les heures supplé- mentaires ne soient rémunérées. Ce sont, en langage codé, des « heures dissimulées ». Un nettoyeur peut travailler jusqu’à 280 heures par mois. Voici à titre d’indica- tion les entreprises par ordre décroissant qui pratiquent les heures dissimulées : la restauration, le bâtiment, l’agriculture, la confection, les entreprises de nettoyage. La population immigrée employée dans ce dernier secteur s’élève à 60,9%. La proportion de femmes immigrées à 82%. Ainsi qu’en témoigne Gérard Filoche, une entreprise de nettoyage qui employait 129 salariés obligeait ceux-ci à un tel surplus d’heures qu’après intervention de l’inspection du travail, dix-neuf personnes furent embauchées pour couvrir les heures supplémentaires. De tels faits sont-ils isolés ? Il est certain que cette main d’œuvre est diffi- cile à syndicaliser, étant souvent éclatée en plusieurs sites. Par ailleurs, si un inspecteur du travail découvre un abus de la part de l’employeur, l’employé est aussitôt rayé des listes de l’entreprise, ce qui empêche toute poursuite. Nos sociétés modernes aiment le propre ou plutôt l’apparence du propre ; elles emploient pour cela bon nombre d’immigré et de femmes qu’elles n’hésitent pas, dans de nombreux cas, à surexploiter !

 

 

Dahmane Alban Bokelif

 


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