Artiste engagé sur la scène Hip-Hop, Pavlos Fyssas se fait connaître par son talent de lyriciste rappeur et son dévouement pour les combats contre le racisme et les mouvements fascistes.
Pavlos Fyssas est né le 10 avril 1979 et assassiné le 18 septembre 2013 à Keratsini, une banlieue d'Athènes. Il est aussi connu sous le nom de scène Killah P. Des noms représentatifs de l’univers artistique des rappeurs connus sous les acronymes de A.K.A ou de BLAZ.
Chaque rappeur dévoile et définit son Rap à travers un sobriquet, un pseudonyme par le AKA ou le blaz tel dit précédemment qui structure le personnage du rappeur. Ainsi on entendra des noms scéniques célébrissimes tel que Tupac qui a comme véritable nom Tupac Amaru Shakur, Notorious Biggie, appelé aussi Big Popper, avait comme nom Christopher Walker. Tous les deux assassines comme leur frère de micro Pavlos Fyssas. Le pseudonyme ou le AKA Killah P de Pavlos est un dérivé de l’anglais Killer qui signifie tueur. Comme le verlan ou le l'argot dans la langue française, le Rap utilise un procédé linguistique propre en son genre pour se distinguer des autres mouvements de culture. Ainsi l’anglais étant le bastion du Rap est le père de la déformation langagière des rappeurs. Ce qui explique le fait que beaucoup de rappeurs non anglophones font usage de l’anglais du #Broken English# pour nommer leur nom de scène. D’où le pseudonyme de Pavlos Killah P. Un fait que l’on retrouve chez beaucoup de rappeurs francophones, lusophones, etc.
Cela peut paraître bizarre de porter un nom de scène Killah qui signifie tueur en argot américain ou le broken english, et se vouloir être le porte-parole d’une bonne cause. Cependant il faudrait sortir de la lecture factuelle ou usuelle des choses pour rentrer dans le symbolique et la métaphore de l’univers du Rap. Killah peut signifier ici « le chasseur de l'ennemi » ou de celui qu’on juge être à l'opposé de ce que nous sommes. En l'occurrence ici, dans le cas Pavlos, Killah peut signifier « celui qui lutte contre les fasciste et les racistes ». Et dans un sens symbolique le KILLAH fait appel à la résistance, à l'engagement contre la barbarie et la violence des mouvements d'extrême droite.
Tueur sur scène, Pavlos avait comme arme un micro et ses balles avec lesquelles il tue l'ennemi, ce sont ces mots crus et durs.
Malheureusement par cet engagement le guerrier Killah rendra l'âme sur le champ de bataille les armes à la main. En ce sens son micro et ses mots en tant qu’artiste engage et militant dévoué à la cause antifasciste.
Son assassinat est le fait d'un membre du parti grec d'extrême droite Aube Dorée. Un mouvement fasciste et raciste qui voilait ses actions criminelles par la couverture politique de leur parti politique. Comme souvent dans les mouvements politiques d'extrême droite. D’un côté la formation politique qui veut arriver aux commandes à travers un discours haineux xénophobe, à la limite raciste. De l’autre côté le bras armé du parti politique organisé à travers des groupuscules extrêmement dangereux et qui en viennent le plus souvent au meurtre.
Le parti politique d'extrême droite Aube Dorée était lié à des gangs d'extrême droite ultra violents qui commettent des actes de violence et terrorisent la ville.
Galvanisé par leur leader Nikos Michaloliakos, un groupe d'extrême droite va s’en prendre à Pavlos et ses amis.
La scène du crime se déroule suite au match de la Ligue des champions opposant le club Olympiakos au PSG. Le stade de foot est situé au Pirée, un quartier d’Athènes où Aube Dorée a récolté de nombreuses voix aux élections de juin 2012, lors desquelles le parti néonazi a obtenu 18 sièges au Parlement. Et les ultras de l'Olympiakos ont la réputation d’être des recrues faciles du parti au méandre grec. Pourtant, sur place, les témoins oculaires évoquent plus une embuscade qu’une rixe entre hooligans.
Vers minuit, Pavlos, sa petite amie et un autre couple marchent rue P. Tsaldari, lorsque 15 à 20 jeunes vêtus de T-shirt noirs et de pantalons militaires s’en prennent verbalement au rappeur. Au croisement de la rue, dix autres jeunes en noir les arrêtent. Là, une voiture surgit d’une ruelle d’où Georgios Roupakias, 45 ans, sort et poignarde le jeune antifasciste. Selon le site d’information Tvxs.gr, Roupakias était payé par Aube Dorée pour organiser des ratonnades anti-immigrés. « Le professionnalisme avec lequel il a tué le pauvre Fyssas montre qu’il possédait de l’expérience dans l’usage du couteau », souligne le site d’information. Le quarantenaire a tout de suite reconnu être l’auteur du crime et être un membre du parti Aube Dorée.
Suite au meurtre du jeune rappeur Pavlos Fyssas, la formation politique d’Aube Dorée va être dissoute, ses membres emprisonnés dont notamment l’assassin de Pavlos qui sera condamné à pperpétuité.
L’assassinat de Pavlos Fylass AKA Killah P va marquer un tournant dans le pays. Des hommages et des honneurs lui seront rendus dans tout le pays, suscitant une grande indignation dans le pays et de la part de tous.
Des témoignages fusent de partout comme ceux que l’on peut lire dans la presse :
“Pavlos a été inhumé ce midi. Devant les kiosques d’Athènes jeudi matin, il y a plus de monde que d’habitude. On regarde et on lit les titres des journaux. Personne n’ose s’exprimer. “Vous représentez 15% en termes d’influence et vous commettez un meurtre. J’ai honte d’être Grecque, j’ai honte d’élever mes enfants dans un pays d’assassins. Vous provoquez en moi de la honte et du dégout. Honte aux policiers de l’unité DIAS, ils ont préféré observer pour n’intervenir qu’après le meurtre. Bon voyage mon ami, que la terre te soit légère et que la chanson des ‘Premiers morts’ t’accompagne”, message laissé par une mère à l’endroit où Pavlos Fyssas est tombé mercredi soir, grièvement blessé par le couteau de l’aubedorien Yorgos Roupakias.”
Ainsi on reconnaîtra en lui à travers ces mots:
“Pavlos Fyssas avait 34 ans. Membre actif de la scène hip-hop grecque depuis 1997, “Killah P.” organisait des concerts contre le fascisme. Sympathisant du petit mouvement d’extrême gauche Antarsya, le rappeur était aussi impliqué dans l’action sociale de son quartier de la banlieue est d’Athènes. Mardi 17 septembre, il s’installe dans un café de Kératsini pour le match Olympiakos-PSG avec sa copine et un couple d’amis. Mais ils ne sont pas les seuls à suivre les échanges du ballon rond. Derrière eux, une vingtaine de militants de la section locale d’Aube dorée, le parti néo-nazi. Une altercation éclate. Ce n’est pas la première fois dans ce quartier populaire : la semaine dernière, des colleurs d’affiches communistes se sont fait violemment agresser. Pavlos adjure ses amis de se mettre à l’abri et d’appeler la police, avant de faire face aux assaillants. La baston se poursuit dans la rue. Une voiture arrive, remplie de renforts néo-nazis, dont un homme de 45 ans armé d’un couteau. Une vingtaine de minutes plus tard, Pavlos est poignardé au ventre et au cœur.”
C’est ainsi qu’a vécu Pavlos Fyssas AKA Killah P. Une vie remplie de valeurs et d’honneur, pour cela il est parti sur les champs d’honneur en défendant la cause jusqu’au bout. Tombé sous les coups de l’ennemi, il est aujourd’hui un des visage de la lutte anti-raciste.