Tentative de meurtre raciste à Cambrai : de la parole à l’acte il n’y a qu’un pas

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Jeudi, 21 Avril, 2022
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Au lendemain des attentats du 13 novembre 2015, Enis, un Kurde de 36 ans, arrivé de Turquie il y a dix ans, téléphone à sa femme pour la prévenir qu’il quitte le restaurant Le Méditerranéen.

Il ne rentrera pas chez lui ce soir-là, une Clio grise, arborant un drapeau français sur le capot, surgit devant lui et l’un de ses occupants, Josué Tredan, ouvre le feu avec un pistolet que lui avait fourni le conducteur de la voiture Adryan Colombo.  

Enis s’effondre, touché au dos, il est grièvement blessé. Pensant qu’il allait mourir, il s’en sortira miraculeusement mais restera durablement affecté tant sur le plan physique que psychologique. Cet évènement d’une extrême violence a marqué un point de rupture dans sa vie.

 

Les auteurs de cette attaque ne connaissaient pas la victime mais désireux de se venger des attentats, ils ciblent et tirent délibérément sur un homme en raison de sa couleur de peau.

 

Leur objectif était simple : chasser et tuer des étrangers.

 

Un témoin, Damien C., déclare qu’après le coup de feu, il avait entendu des cris de joie en provenance de la voiture. Josué Tredan se félicite d’avoir atteint Enis en criant « en plein dans le mille ! ».

 

Cet acte ne doit pas être considéré comme isolé ou comme l’expression d’une folie passagère provoquée par la drogue ou l’alcool. Les auteurs de l’attaque étaient imprégnés de l’idéologie raciste d’extrême droite faisant l’amalgame entre les étrangers et les musulmans et les terroristes.

 

Cette pensée mortifère s’acharne à dépeindre une image négative des personnes de confession musulmane, d’origine maghrébine ou des personnes issues de l’immigration. D’une violence extrême, elles visent à légitimer l’existence d’une nécessité à prendre les armes contre la menace que représenterait l’Islam et ses croyants. Ce fut le cas dans cette affaire.

 

L’enquête relève ainsi, par l’exploitation du téléphone d’Eva Bakkay troisième accusée que Josué Trédan et Adryan Colombo ont exprimé le désir d’ailler tuer ou se faire « des bougnoules ». Leur projet criminel était résolu, avant de faire feu sur Enis, le tireur et son acolyte Adryan ont voulu attenter à la vie d’une personne d’origine maghrébine, Monsieur Djerourou, ainsi que deux autres personnes qui étaient à proximité du restaurant.

 

La Maison des Potes se constitue alors nécessairement partie civile. Représentée par Maitre Antoine Regley, elle plaide pour que la nature raciste du crime soit retenue. Rémi Schwartz, procureur Général près la Cour d’appel de Douai précise alors au cours de l’audience que la victime avait été ciblée « parce qu'elle avait une couleur de peau qui ne convenait pas au tireur ».

 

Le procès s’ouvre début le 13 octobre 2020 devant la Cour d’assises de Douai, mais l’auteur des coups de feu, s’étant donné la mort le lendemain l’attaque. L’action publique est éteinte à son égard.

 

Adryan Colombo reste tout de même poursuivi. Il est renvoyé devant la Cour d’Assises pour les faits de complicité de tentative d’homicide volontaire avec préméditation à caractère raciste. La complicité est réprimée même si l’auteur principal n’est pas puni pour une raison de fait tel que le décès de l’auteur. En effet, pour caractériser une complicité au sens des articles 121-6 et suivant du code pénal, il faut simplement établir l’existence fait principal punissable, en l’espèce la tentative de meurtre.

 

A l’issue de trois jours d’audiences, pendant lesquels la Maison des Potes n’a eu de cesse de soutenir qu’il fallait retenir le caractère raciste de l’infraction, la Cour d’Assises de Douai retient que cette tentative de meurtre était « uniquement raciste » au regard de la véritable chasse aux arabes que préparaient les accusés.

 

Adryan Colombo est donc reconnu coupable par la Cour d’assises de Douai, le 16 octobre 2020, de complicité de tentative d’assassinat à caractère raciste. Il est condamné à 10 de prison ferme et à 15 ans d’interdiction de détenir ou porter une arme. Il a aussi l’obligation de réparer les souffrances endurées par Enis, sa femme et ses enfants.

 

S’il a été puni, ce crime reste l’effroyable illustration du passage à l’acte raciste s’appuyant sur les thèses d’extrême droite d’assimilation des arabes et des musulmans à des terroristes et de l’invasion dont la France sera victime.

En tant que citoyen et antiraciste, cela nous interroge aussi sur l’importance de mettre fin aux discours d’incitation la haine et de provocation à s’armer. De la parole à l’acte, il n’y a qu’un pas.

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