Profanation du Cimetière juif de Carpentras en 1990

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Vendredi, 20 Août, 2021
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Les faits :


L’affaire du Cimetière juif de Carpentras débute dans la nuit du 8 au 9 mai 1990.

Cinq néonazis âgés de moins de 25 ans, armés de pelles, pioches et pieds-de-biche saccagent 34 sépultures dans le carré juif du cimetière de cette cité du Vaucluse.

Le cadavre d'un homme, Félix Germon, 81 ans, décédé 15 jours plus tôt, a été exhumé, son linceul ouvert et son empalement simulé avec un pied de parasol.

En 1989, Jean-Claude Gos fait visiter le cimetière juif à un ami d'enfance, Olivier Fimbry.

Le lieu est pour ce militant du PNFE (Parti national français et européen) un symbole de l'emprise des juifs sur la région. Les deux hommes se quittent en se promettant d'y faire un jour un «coup d'éclat».

L'année suivante, aux alentours du 30 avril 1990, date anniversaire de la mort d'Adolf Hitler, ils décident, pour célébrer l'événement, d'attaquer le cimetière et d'y déterrer un cadavre juif.

De véritables repérages sont alors effectués.

S'ajoute, pour l'occasion, un troisième compère, Patrick Laonegro, lui aussi membre du PNFE. Les trois hommes découvrent un trou dans le mur d'enceinte et localisent la tombe à laquelle ils veulent s’attaquer, celle d'Emma Ulmann, située un peu à l’écart.

 

Deux jeunes apprentis skinheads d'Avignon, Yannick Garnier et Bertrand Nouveau viennent en aide à Jean-Claude GOS, Olivier FIMBRY et Patrick LAONEGRO.

 

L’expédition dans le cimetière de Carpentras est soigneusement préparée.

En effet, les cinq individus prennent le soin de confectionner des cagoules à partir de manches de tee-shirts, gants, baskets pour ne pas laisser de traces. Les cinq protagonistes sont équipés de pelles et de pieds-de-biche.

 

Dans la soirée du 8 mai 1990, Jean-Claude Gos, Olivier Fimbry, Patrick Laonegro, Yannick Garnier et Bertrand Nouveau partent d'Avignon dans deux voitures pour Carpentras.

Après minuit, les cinq hommes arrivent au cimetière dans deux voitures. Ils commencent par saccager des dizaines de tombes au hasard. Mais, ensuite, malgré leurs efforts, ils ne parviennent pas à ouvrir la tombe repérée le 30 avril, celle d’Emma Ulmann car trop lourde, ils se replient alors sur la tombe de Félix Germon. Ils grattent la terre avec les pelles, mais manquent de cordes pour hisser le cercueil. Du coup, ils utilisent un tuyau d'arrosage trouvé dans un local d'entretien du cimetière. Ils exhument le corps, et Gos, pris d'une folie raciste, tente de l'empaler avec un pied de parasol trouvé sur place. Il voulait, en fait, dresser le corps verticalement.

 

En quittant le cimetière, les profanateurs détruisent les objets funéraires et renversent les stèles devant lesquels ils passent. Mais ils veillent à ne pas rédiger la moindre inscription ou graffiti à caractère antisémite de façon à brouiller les pistes. Plus tard, avant de se séparer, après avoir jeté gants, vêtements et cagoules dans des poubelles, ils jurent de ne jamais parler de ce qu'ils ont fait cette soirée-là.

 

Ampleur de l’affaire : 

Le fait divers prend une dimension nationale du fait de l'irruption du ministre de l'Intérieur, Pierre Joxe, qui se trouve en visite officielle avec des journalistes à proximité, et se rend le jour même à Carpentras en hélicoptère, le jeudi 10 mai 1990. Il déclare à la sortie de la synagogue que les responsables sont « le racisme, l'antisémitisme et l'intolérance ».

 

Des manifestations contre le racisme et l'antisémitisme sont organisées durant la semaine qui suit en France. Le président François Mitterrand participe à l'une d'entre elles à Paris le 14 mai 1990.

Lors de cette manifestation, 200 000 personnes défilent à Paris à l'appel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) avec, en tête du cortège, pour la première fois dans l'histoire de la République, le président, François Mitterrand.

 

Les auteurs de la profanation ont été arrêtés en juillet 1996 à la suite des révélations faites par Yannick GARNIER à la police.

 

Portrait des auteurs de la profanation du cimetière juif de Carpentras : 

Jean-Claude GOS est le premier auteur de la profanation du cimetière juif de Carpentras. Elle avait été longuement préméditée et orchestrée par Jean-Claude Gos, un ancien militant du Parti nationaliste français européen (PNFE). Mort en 1993, GOS ne sera jamais jugé. Jean-Claude GOS avait déjà été condamné pour une ratonnade en 1992.

Patrick LAONEGRO est le second auteur de la profanation. C’est un ancien militant du PNFE (Parti national français et européen), il est le bras-droit du chef de groupe, Jean-Claude GOS. Il a exprimé son admiration pour "l'aspect social et le travail pour tout le monde" du IIIe Reich. Il a été condamné à deux ans d’emprisonnement.

Olivier FIMBRY est le troisième auteur de la profanation. Après la profanation, Fimbry est devenu militaire. Arrêté à Colmar, dans son régiment, il gardait dans ses affaires un buste de Hitler acheté lors d'une précédente affectation, à Berlin. L'armée a résilié son contrat.

Yannick GARNIER est le quatrième auteur de la profanation. Il a été recruté comme homme de main dans la profanation du cimetière de Carpentras.

Bertrand NOUVEAU est le cinquième auteur de la profanation. Il a également été recruté comme homme de main dans la profanation du cimetière de Carpentras.

Peines requises par le Procureur : 

Le substitut du procureur de la République, Fabienne Roze, a requis devant le tribunal correctionnel de Marseille, deux années d'emprisonnement ferme contre Olivier Fimbry et Patrick Laonegro, et dix-huit mois contre Yannick Garnier et Bertrand Nouveau.

 

Peines prononcées à l’encontre des auteurs de l’infraction : 

 

Les quatre auteurs sont condamnés pour violations de sépultures et destruction volontaire d'objets mobiliers ou de biens immobiliers appartenant à autrui.

 

Le tribunal correctionnel de Marseille a rendu son jugement contre les profanateurs du cimetière juif de Carpentras en relevant la « motivation [...] purement antisémite » des quatre membres du commando néo-nazi.

Le tribunal condamne Patrick LAONEGRO et Olivier FIMBRY à deux ans de prison ferme et Yannick GARNIER et Bertrand NOUVEAU à vingt mois ferme d’emprisonnement.

 

 

 

 

 

Parties civiles : 

 

Les parties civiles sont le Consistoire israélite national, la Mairie UDF de Carpentras, Magdeleine GERMON, veuve de Félix GERMON et Alain GERMON, frère de Félix GERMON.

 

Avocats des parties civiles : 

 

Maître Gilbert COLLARD représente la mère d’Alexandra Berrus et Alain Germon, cousin de Félix GERMON, dont le corps a été exhumé.

 

Maître MACARY est l’avocat qui représente une Française de confession juive (dont la sépulture familiale avait également été profanée).

 

Maître JAKUBOWICZ et l’avocat du consistoire israélite national.

 

Maître FEDIDA est l’avocate de Magdeleine GERMON.

 

Maître PENARD est l’avocat de la mairie UDF de Carpentras.

 

Recevabilité constitution partie civile Associations : 

 

Le Tribunal de Grande Instance de Marseille, (TGI de Marseille, audience du 24 avril 1997) a indiqué que les associations antiracistes étaient recevables dans leurs constitutions de partie civile, lors du procès qui a jugé les auteurs des profanations du cimetière juif de Carpentras, aux motifs que “Attendu que le caractère raciste des faits reprochés étant admis, les constitutions de parties civiles des Associations dont le but est de combattre le racisme doivent être reçues ».

Le Tribunal de Grande Instance de Marseille a considéré que les dégradations avaient un caractère raciste lorsque “la volonté de porter atteinte au respect des morts avait déjà été accomplie ; que subsistait, ensuite le désir de casser, saccager, le plus grand nombre de choses ou de biens, et ce parce qu’il s’agissait de juifs”. 

Associations qui se sont constituées parties civiles : 

Les associations s’étant portées parties civiles sont la LICRA, le MRAP, SOS Racisme et la Ligue des droits de l’homme 

Avocats des associations qui se sont constituées parties civiles : 

 

Maître Patrick QUENTIN est l’avocat de la LICRA.

 

Maître Alain LHOTE est l’avocat du MRAP.

 

Maître Yann GALUT est l’avocat de SOS RACISME.

 

Maître Jean-Michel ABENSOUR est l’avocat de la Ligue des droits de l’homme.

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