Meurtre raciste par des militants du Front National

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Mercredi, 15 Septembre, 2021
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Ibrahim Ali avait 17 ans lorsqu’il a été tué par des hommes dont le comportement était motivé par l’idéologie du Front National. Il préparait son CAP de menuiserie au lycée d’enseignement professionnel de l’Estaque et était passionné de rap. Il faisait partie d’un groupe de musique nommé Bivice qu’il avait monté avec son groupe d'amis de la cité de la Savine.

 

Le mardi 21 février 1995, Ibrahim Ali se rend au centre culturel Mirabeau afin de répéter avec les membres de son groupe de musique.

 

Une fois la répétition terminée, il sort du centre accompagné de ses amis aux alentours de 23h30 afin de récupérer le bus “30” pour rentrer chez eux dans la Savine. Sur le chemin pour rejoindre le bus, près du carrefour des Aygalades, dans le 15e arrondissement de Marseille, Ibrahim Ali et ses amis croisent le chemin de Robert Lagier, Pierre Giglio et Mario d’Ambrosio, trois hommes colleurs d’affiche du Front National.

 

Ce soir-là, ces trois militants décidèrent d’aller coller des affiches à l'effigie de Jean-Marie Le Pen dans le cadre de la campagne électorale des présidentielles et municipales. D’après le témoignage des amis d’Ibrahim Ali, les trois hommes étaient en voiture, se sont arrêtés à un feu rouge, sont sortis de leur voiture et ont tiré à de nombreuses reprises en direction des jeunes.

 

Mario d’Ambrosio tire à deux reprises tandis que Robert Lagier tire trois coups de feu dont l’un touchera le jeune Ibrahim Ali dans le dos. Ibrahim tentera de courir quelques mètres avant de tomber sur le sol.

 

Le patron du bar d'à côté “le Modern Bar”, alerté par les coups de feu, prévient les marins-pompiers. En sortant de son bar, pour constater ce qu’il se passe, il reconnaît, stationnée le long du trottoir, une R18 grise qu’il dit avoir déjà repérée ces derniers mois.

 

Dans la foulée, les marins-pompiers arrivent sur les lieux et découvrent sur le corps du jeune Ibrahim, une plaie au thorax dans le dos.

 

Une demi-heure après sa prise en charge, Ibrahim Ali décède.

 

Sur les trois accusés, deux se sont livrés à la police. Le dernier a été interpellé.

 

Le lendemain du meurtre d’Ibrahim Ali, la ville de Marseille se lève aux coôtés de la famille du défunt pour marcher et réclamer justice pour Ibrahim Ali. Le défilé qui a eu lieu en hommage à Ibrahim Ali, victime d’un crime raciste, comptait près de 15 000 personnes.

 

Au cours du procès qui s’est déroulé en juin 1998, l’avocat général, Etienne CECCALDI a démontré à plusieurs reprises la responsabilité que pouvait avoir le parti du Front National en raison de leur idéologie et de leur discour dans le meurtre de Ibrahim Ali.

 

L’avocat général consacre la moitié de sa plaidoirie contre le Front National. Lors d’une rapide interview au sein de la Cour d’Assises d’Aix-en-Provence, Maître Ceccaldi soutient “qu’on ne peut pas dissocier dans cette affaire, le comportement des accusés de l’idéologie qu’ils ont mis en action”, “je ne me suis pas dispensé de rechercher dans les motivations qui étaient les leur, ce qui dans l'idéologie du Front National et dans leur slogan avaient pu jouer comme facteur déterminant dans le passage à l’acte”.

 

A été démontré tout au long du procès que le pistolet qui a servi à tuer le jeune Ibrahim Ali est l’arme du crime tandis que les affiches sur Front National à l’effigie de Jean-Marie Le Pen retrouvés dans la voiture des accusés est la circonstance du crime.

 

Durant le procès est dépeint le portrait de Robert Lagier, un homme de 66 ans? militant de longue date du Front National et membre d’un stand de tir. Sa petite fille, Julie Lagier est venue témoigner à la barre de la Cour d’Assises d’Aix-en-Provence contre son grand-père et à dressé un portrait de son grand-père très différent de celui fait par l’avocat de la défense.

 

Au cours de son témoignage, elle relate des moments passés avec Robert Lagier, son grand-père, notamment lorsqu’elle avait huit ans et que son grand-père l'entraînait à tirer sur des cibles qu’il baptisait “melons”.

 

Le terme “melon” est un mot argot qui était très utilisé par les colons français pour nommer les arabes dans les années 1960. Ce terme était utilisé dans le but de déshumaniser l’Homme arabes en le nommant et le considérant comme une plante.

 

Ainsi, l’objectif était de rabaisser les Arabes à une caractéristique non-humaine comme cela pouvait également être fait en leur donnant le statut d’un animal.

 

Les associations antiracistes parties civiles au procès n’ont pas manqué de rappeler qu’il s’agissait du troisième procès de militants ou sympathisants du Front National devant une Cour d’Assises ces six derniers mois.

 

En effet, en décembre 1997 à Rouen, Imad Bouhoud est jeté dans le port du Havre par David Beaune, skinhead et militant pour le Front National. Ce dernier fût condamné par la Cour d’Assises de Rouen à 18 ans de réclusion criminelle. Ce n’est que quelques mois après, en mai 1998 soit 1 mois avant le procès à Marseille, que Mickael Fréminet a été condamné par la Cour d’Assises de Paris à huit ans d’emprisonnement pour le meurtre de Brahim Bouarram.

 

Fodé Sylla, président de l’association SOS Racisme, s’indigne face à l’acte qui a coûté la vie au jeune Ibrahim Ali et évoque la responsabilité du Front National dans ce crime : “Il s’agit de gens qui ont été recrutés, armés par le Front National et lorsqu’ils croisent une jeune français d’origine comorienne, donc noir, ils prennent leurs armes, ils visent et ils tirent. Donc si ça ce n’est pas un crime raciste, alors il arrive à un moment donné où les mots ne veulent plus rien dire”.

 

Peines requises par le Procureur de la République :

 

Le procureur de la République, Etienne CECCALDI, a requis devant la Cour d’Assises d’Aix-en-Provence, une peine de 20 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Robert Lagier pour homicide volontaire, tentative d'homicides volontaires et violences avec armes. Il requiert 7 ans d’emprisonnement pour Mario d’Ambrosio pour tentative d'homicides volontaires.

 

Peines prononcées à l’encontre des auteurs de l’infraction :

 

Le 22 juin 1998 après délibération, la Cour d’Assises d’Aix-en-Provence condamne Robert Lagier à 15 ans de réclusion criminelle, soit une peine inférieure à celle requise par l’avocat général et est reconnu coupable d’homicide volontaire, tentative d'homicides volontaires et violences avec armes.

 

La Cour condamne également Mario d’Ambrosio à 10 ans d’emprisonnement pour tentative d’homicides volontaires soit une peine largement supérieure à celle qu’avait demandé l’avocat général.

 

Pierre Giglio est condamné à deux ans de prison dont un an avec sursis pour port d’arme.

 

Dispositions légales :

L’homicide volontaire est une infraction prévue à l’article 221-1 du code pénal qui dispose que le meurtre est un crime puni de trente ans de réclusion criminelle.

 

L’article 222-8 du code pénal dispose qu’est puni de 20 ans de réclusion criminelle toutes violences ayant entraîné la mort avec usage d’une arme (violences avec armes).

 

L’article 222-52 du code pénal dispose que le fait de détenir des armes éléments d’armes ou munitions relevant des catégories A ou B, sans l'autorisation prévue au I de l'article L. 2332-1 du code de la défense est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 € d'amende (port

d’armes).

 

 

 

 

Recevabilité constitution partie civile Associations :

 

La Cour d’Assises d’Aix-en-Provence a indiqué que les associations antiracistes étaient recevables dans leurs constitutions de partie civile, lors du procès qui a jugé Robert Lagier.

Pierre Giglio et Mario d’Ambrosio, aux motifs que “attendu qu’il s’ensuit que le meurtre et les tentatives de meurtre établis ont été commis à raison de la couleur de peau des victimes et de leur appartenance à une ethnie ou race déterminée; par ces motifs, la cour reçoit la constitution de partie civile des associations” dont le but est de combattre le racisme.

 

Ainsi “attendu qu’il s’ensuit que le meurtre et les tentatives de meurtre établis ont été commis à raison de la couleur de peau des victimes et de leur appartenance à une ethnie ou racte déterminée; par ces motifs, la cour reçoit la constitution de partie civile des associations”, la Cour d’Assises d’Aix-en-Provence a considéré que le meurtre d’Ibrahim Ali avait un caractère raciste.

 

Avocats des parties civiles :

 

Maître Francis TERQUEM est l’avocat de SOS Racisme.

 Maître Marie-Paule PIOLI est représentante de l’association STOP Racisme - SOS Racisme Marseille.

Maître Aragones et maître Korman représentent l’association la LICRA.

Maître Alain Lhote et Maître Dany Cohen représentent les associations La Fédération Départementale des Bouches-du-Rhône et le MRAP.

Maître Chantal Bourglan représente l’association La Ligue des droits de l’Homme.

 

Avocat de la défense :

Maître Jean-Michel PESENTI représente Roger Lagier, Mario d'Ambrosio et Pierre Giglio.

 

Associations qui se sont constituées parties civiles :

Les associations s’étant constituées parties civiles sont la LICRA, le MRAP, la Ligue des droits de l’Homme, SOS Racisme Touche pas à mon pote, STOP Racisme - SOS Racisme Marseille, Sound Musical School B/Vice, la Ligue Contre le Racisme et l’Antisémitisme et la Fédération Départementale des Bouches-du-Rhône

 

Le Président de la Cour d’Assises d’Aix-en-Provence est Bernard FAYOLLE.

L’avocat général de la Cour d’Assises d’Aix-en-Provence est Etienne CECCALDI.

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