Hommage à Mohamed Brahmi

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Vendredi, 1 Avril, 2022
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Rendre hommage à un homme d’une telle dimension humaine, qu’est Mohamed Brahimi n’est que chose due. 

Mohamed Brahimi appartient à cette race d’homme qui élève la conscience humaine face à l’injustice aux inégalités, aux racismes et a toutes les formes de discrimination. 

 

Lui qui fut un simple salarié d’ouvrier P1, prenant conscience des inégalités et des discriminations au sein du groupe BOSCH, une firme industrielle multinationale allemande, va entrer dans le militantisme syndical au sein du CGT humaniste à Bosch Vénissieux, dans le département du Rhône. Brillant et déterminé pour lutter contre les pratiques discriminatoires au sein des entreprises, il va grimper les échelons dans le milieu syndical en remportant des victoires très significatives qui ont fait avancer les luttes syndicales contre des pratiques discriminatoires. 

 

Momo, comme le surnomme les intimes dans le milieu syndical, était  responsable des  métallurgistes CGT du Rhône, par la suite il sera élu, à 32 ans, au Comité Exécutif Fédéral en Juin 1993 lors du 34e Congrès. Il sera réélu jusqu'au 39e Congrès de 2011. C’est ainsi que Mohamed va alors s'investir dans la lutte contre le racisme et les discriminations dans la Fédération de la Métallurgie. Ces victoires obtenues contre les discriminations en 2008 ont créé un précédent en matière de droit du travail. Rappelons-nous, les Prud'hommes de Lyon ont condamné à l'époque Bosch à verser de 5 500 à 10 000 euros à sept de ses salariés, six hommes et une femme, qui poursuivaient l'entreprise pour "discrimination raciale" ou "sexiste".

 

Nous allons revenir sur les faits d'armes de Momo à travers ces magnifiques victoires contre le groupe Bosch à Lyon. 

 

Dans l’affaire contre le Groupe Bosch, c’est ainsi que les journaux vont le titrer : « Trente-cinq salariés de l'usine de Vénissieux ont décidé de poursuivre le groupe devant les Prud'hommes de Lyon pour "discrimination raciale" dans leur déroulement de carrière depuis 1965 ».

 

Comme l’indique le titre, 35 salariés de l’usine du groupe Bosch de Vénissieux vont décider d’attaquer la firme industrielle en justice par l’impulsion de Mohamed Brahmi, soutenu par la CGT métallurgique et le MRAP de Lyon  après constatation grave de discrimination raciale sur l’évolution de  carrière de ces derniers depuis 1965. 

 

Cette accusation se fonde sur un constat de discrimination raciale de plus de 35 ans de carrière d’ouvriers d’origine d’Afrique noire et maghrébine. Ces derniers déplorent le fait que durant toute leur carrière, ils n’ont pu bénéficier des possibilités d'évolution de grades contrairement à leur collègue blancs européens. 

Ces faits prélevant de discriminations raciales ont ainsi été dénotés par les concernés eux-mêmes et de l’avis de Mohamed Brahmi: 

 

"Nous sommes remontés jusqu'en 1965 et nous avons trouvé soixante salariés qui ont été discriminés, n'ayant pas eu un déroulement de carrière normal comme leurs collègues dits 'européens'. Mais seulement 35 d'entre eux ont déposé plainte", a expliqué Mohamed Brahmi.

Selon la CGT, ces salariés ont eu leur "carrière bloquée", se sont vu "refuser des formations", et sont restés aux chaînes de montage et aux postes pénibles.

 

"Je suis entré comme OS 2 (ouvrier spécialisé, deuxième échelon, ndlr). 24 ans plus tard, j'étais seulement OS 3. Les métropolitains à qui j'ai appris à se servir des machines sont, eux, devenus contremaîtres". 

 

#C’est mon nom et mes origines algériennes qui ont déterminé là où je travaillais : sur la Huller, la machine la plus pénible. La maîtrise quant à elle, était blanche". Délégué CGT chez Bosch Vénissieux, il est entré comme ouvrier "P1" en 1984.#

 

Selon la CGT, ces salariés ont vu leur "carrière bloquée", se sont vus "refuser des formations", et sont restés aux chaînes de montage et aux postes pénibles.

 

Des accusations qui font froid dans le dos quand on sait l’ampleur des dégâts de ces manquements de droits humains parmi les plus fondamentaux à savoir l'équité et l'égalité entre salariés. Des vies exploitées et discriminées tout au long de leur carrière.  

 

Un combat pour la justice et l'égalité qui va motiver Mohamed Brahmi afin que ces salariés puissent obtenir justice. 

 

C’est ainsi qu’ils vont poursuivre le groupe au conseil des Prud’hommes de Lyon qui vont se pencher sur l’affaire ainsi que celle de trois femmes qui poursuivent la direction pour "discrimination sexuelle", ce que précisera  lors d'une conférence de presse Mohamed Brahmi, responsable du collectif "Racisme et discrimination" de la fédération CGT-Métallurgie.

 

Le procès s'ouvre mardi 4 décembre 2007. Un procès que vont remporter les plaignants. Le groupe Bosch sera en effet condamné de crimes de discriminations raciales contre 24 de ces salariés et sera obligé de s'acquitter de la réparation des dommages et intérêts envers ces derniers. 

 

S’en suivra également d’autres procès que portera vaillamment Mohamed Brahmi, convaincu que les pratiques discriminatoires ne cesseront qu’avec des procès afin de condamner les responsables. Parmi ces procès, on peut citer l’un des plus célèbres : le procès remporté contre Airbus et un autre également contre Renault auquel il a participé. 

 

Son décès suscite de vives émotions et témoignages de la part des gens qui l’ont côtoyés de très près. Ainsi on le décrira comme suit : 

 

“Nous perdons un camarade de grande valeur, qui a marqué l’histoire la CGT, dans la bataille contre les discriminations et contre le racisme, dans un temps où il est de plus en plus nécessaire de rappeler qu’elle est un des piliers de l’identité de la CGT.”

 

C'est dans l'exercice de ses responsabilités professionnelles que Momo a été accidenté et devait succomber à ses blessures. Dans son service, en mairie, les agents sont très affectés par sa disparition "d'une grande valeur professionnelle, apprécié de ses collègues et reconnu par sa hiérarchie à chaque évaluation." a exprimé le maire. "Au-delà du travail, il était un homme respecté" a-t-il ajouté.

Son décès est une triste nouvelle pour tous les métallos qui gardent de Mohamed le souvenir d’un excellent camarade resté fidèle à ses engagements. Mohamed était reconnu et respecté de tous, tant dans son syndicat qu’à la Fédération.

J'adresse à son épouse, à ses enfants, à ses proches et à tous ceux qui l'ont côtoyé, dans sa vie et ses activités, à son syndicat de Bosch Vénissieux mes plus sincères condoléances. Salut Momo.

Jean Chambon

 

Ces témoignages sincères nous décrivent l’homme bon et honnête citoyen, militant sincère et déterminé pour les droits humains qu'était Momo dont la disparition constitue une perte énorme pour les luttes syndicales. 

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