3 militants identitaires condamnés à Lille : l’extrême droite, un danger pour la cohésion sociale !

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Samedi, 21 Mai, 2022
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Promotion du IIIème Reich, provocation à des actes terroristes contre les musulmans et violence raciste, voilà comment se manifeste l’extrême droite lorsqu’elle est sans filtre et ne cherche pas à séduire dans les médias.

La Maison des potes vous invite à venir au tribunal judiciaire pour montrer que nous ne pouvons accepter la banalisation de tels propos racistes et qu'il faut des sanctions des tribunaux au nom du peuple français.

 

Ces actes odieux et d’une particulière gravité ont tous eu lieu le même soir à Lille le 10 janvier 2018 par trois militants d’extrême droite.

 

Tout commence à la Citadelle à Lille, un club privé géré par Aurélien Verhassel, responsable de Génération identitaire Flandre. Quartier général de Génération Identitaire, aujourd’hui dissout, dans le Nord de la France, ce lieu qui à l’heure actuelle reste ouvert, leur sert de bar, de salle de conférence et accueille des combats clandestins.

 

Toutefois, ce « club » est aussi le lieu où seront filmé les éléments permettant d’aboutir à cette condamnation. Le 9 décembre 2018, la chaine AL JAZEERA diffusait un reportage intitulé « Génération Hate » réalisé grâce à un journaliste infiltré dans le milieu identitaire lillois. Il s’agissait notamment de montrer l’idéologie et la violence des identitaires. 3 jours après la diffusion du reportage, le Procureur de la République de Lille décide d’ouvrir une enquête pour violence aggravée, incitation à la haine raciale et provocation et apologie du terrorisme.

Ainsi, face à la caméra cachée du journaliste d’investigation infiltré chez Génération Identitaire[1] l’un des trois prévenus, Remi Falize, expose avec fierté son projet d’attentat contre le marché de Wazemmes où il viserait exclusivement et systématiquement les populations musulmanes en les écrasant avec sa voiture, plusieurs fois s’il le faut. Voici donc le projet de reconquête : tuer des musulmans et des étrangers pour provoquer la peur et les pousser à quitter la France. On comprend mieux le slogan « Les nôtres avant les autres » de Génération Identitaire. 

Or, il faut noter que ces propos sont répréhensibles et relèvent du délit pénal au titre de l’article 421-2-5 du Code pénal incriminant la provocation en public d’un acte de terrorisme. C’est d’ailleurs la qualification que retiendra le Tribunal correctionnel de Lille contre Remi Falize, après avoir retenu que son projet criminel entrait dans la définition de l’acte de terrorisme tel que défini à l’article 421-1 du même Code[2].

Il est d’ailleurs intéressant de noter, comme l’avait soulevé l’avocat de la Maison des Potes Maitre Antoine CHAUDEY, avocat au Barreau de Lille, que ce projet d’attentat, bien qu’exprimé dans l’arrière-cour de la Citadelle, n’en constitue pas moins une apologie publique, condition requise pour retenir l’infraction.  Il note qu’Aurélien VERHASSEL, dans son audition, a indiqué que son bar est fréquenté par toutes personnes de sphères sociales différentes en faisant nécessairement un lieu public.  En tout état de cause, Remi F. a tenu ces propos sous la fenêtre des voisins du bar qui sont susceptibles d’entendre l’apologie.  Les juges du fond ont rappelé d’ailleurs à plusieurs reprises que pour reconnaître le caractère public des propos, seule la présence de quelques personnes suffit.  Ce fut le cas pour les magistrats du tribunal correctionnel de Paris qui a condamné le couturier John GALLIANO pour avoir lancé des insultes racistes à l’égard des juifs et des asiatiques devant deux amis.

La soirée ne s’arrête pas là, ils font la tournée des bars armés de gants plombés et de bombes lacrymogènes. Etienne W., deuxième prévenu, affiche ostensiblement son adhésion au IIIème Reich en lançant des « Heil Hitler » et en levant son verre au régime nazi tout en faisant le lien entre le nazisme et la nécessité de s’en prendre aux étrangers. Encore une fois, tout est enregistré par le journaliste d’investigation et le Tribunal retiendra à son égard le délit de provocation à la discrimination et à la haine raciale en raison de la race sur le fondement de l’article 24 de la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que si le Tribunal condamne ces deux prévenus pour des propos, il le fait dans le respect de la liberté d’expression. En effet, comme toute liberté, elle n’est pas absolue et doit rencontrer des limites pour éviter tout abus. Les juges réalisent alors un contrôle de proportionnalité entre la nature de propos tenus et la nécessité de les sanctionner. 

A cet égard, la décision du Tribunal précise : « le contexte idéologique, par nature indifférent à une juridiction pénale dans le cadre d’un Etat de droit dans lequel le pluralisme et la liberté d’expression sont garantis, présente dans le cas des trois prévenus un intérêt particulier dès lors que la nature des faits qui leur sont reprochés les inscrits dans ce qui, justement va au-delà de l’expression d’une opinion politique à savoir l’expression d’opinion prohibées parce que dangereuses pour la cohésion sociale voire pour des personnes en tant qu’individus dont le rejet prend une tournure radicale potentiellement violente ».

Le tribunal avait vu juste, les provocations à la haine raciale ont été suivis des faits.  Les trois prévenus, galvanisés par leurs projets racistes, s’en prennent courageusement à une jeune femme simplement en raison de son origine ethnique. Etienne W.  la pousse tandis que Remi F. lui assène plusieurs coups de poings avec ses gants renforcés, il en sera d’ailleurs très fier. Le troisième prévenu, Guillaume DP, utilise enfin sa bombe lacrymogène sur la jeune femme. 

Pour ces faits de violence, le Procureur de la République avait retenu les violences volontaires aggravées par le fait qu’elles ont été commises en réunion. Cependant, le Tribunal considère, au regard de l’ensemble des éléments du dossier, que les violences ont été commises avant tout en raison de l’appartenance ethnique réelle ou supposée de la victime.  Les trois prévenus sont alors reconnus coupables sur le fondement de l’article 222-13, al.1 5bis du Code pénal de violences volontaires aggravés à raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie.

Pour l’ensemble de leur œuvre, ils ne seront que condamnés à une peine de prison avec sursis. 8 mois pour Remi Falize., 5 mois pour Etienne W. et 3 mois pour Guillaume DP.

La Fédération Nationale de la Maison des Potes verra d’ailleurs sa constitution de partie civile admise par le Tribunal correctionnel de Lille aux côtés de celle de SOS Racisme, de la LICRA, du MRAP et de l’ADDH-CCIF.  Cet élément est important car la décision de recevabilité du Tribunal sert d’assise pour la Maison des Potes lorsqu’elle se constitue partie civile dans des affaires similaire et pour porter dans le débat juridique la voix des antiracistes.

Si cette affaire n’est pas emblématique au regard de la condamnation obtenue, elle l’est car elle établit sans équivoque la dangerosité de l’extrême droite en France. Ainsi, l’idéologie véhiculée par les groupuscules et individus les plus radiaux favorise le passage à l’acte et appelle à la plus grande vigilance dans notre combat pour une société fondée sur le respect, l’égalité et la dignité.

 

[1] Le 9 décembre 2018, la chaine AL JAZEERA diffusait un reportage intitulé « Génération Hate » réalisé grâce à un journaliste infiltré dans le milieu identitaire lillois. Il s’agissait notamment de montrer l’idéologie et la violence des identitaires. 3 jours après la diffusion du reportage, le Procureur de la République de Lille décide d’ouvrir une enquête pour violence aggravée, incitation à la haine raciale et provocation et apologie du terrorisme.

 

[2] Selon cet article : « Constituent des actes de terrorisme, lorsqu'elles sont intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur, les infractions suivantes : 1° Les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l'intégrité de la personne, l'enlèvement et la séquestration ainsi que le détournement d'aéronef, de navire ou de tout autre moyen de transport, définis par le livre II du présent code ».

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