Algérie : ses doutes, ses peurs, ses espoirs...

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Lundi, 14 Février, 2011
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Belkasmi Slimane est membre fondateur du CLA, un syndicat de l'Education Nationale Algérienne. Interview au coeur du siège du parti travailliste, à la veille de la marche du 12 février qui fut interdite par les autorités et qui mobilisa près de 25 000 agents des forces de l'ordre.


Votre mouvement n’a jamais été légalisé, cela signifie-t-il que votre association syndicale n’est pas reconnue par l’Etat ?
Exactement. Il faut présenter patte blanche pour pouvoir y prétendre. En Algérie tu peux parler, tu peux dire que t’es pas d’accord avec les prises de position de tes gouvernants, mais le pouvoir n’écoute pas... Ce sont les mêmes pratiques qui ont été utilisées en Tunisie, en Egypte et en cela nos Etats ont quelque chose de commun. Il y a un fossé énorme entre la population algérienne et nos dirigeants, ce qui fait que nous, associations, avons le sentiment, voire le devoir de négocier avec eux, comme nous pourrions négocier avec une puissance étrangère. D’ailleurs en parlant de puissance étrangère, ici, en Algérie, les pouvoirs successifs ont régulièrement joué de la théorie du complot émanant de l’étranger qui aurait pour but de déstabiliser le pays. Mais ceci n’est que foutaise et les Algériens en sont las. Regardez comment ont fini Ben Ali et Moubarak à coup de discours sur ces «théories du complot» ou de «mains mise de l’étranger». Ils sont tombés un à un...
Le Monde bouge, il évolue, tous les pays sont en mouvement alors que notre pays stagne et fonctionne selon les us et coutumes d’un régime stalinien. On veut manipuler les masses alors que nous ne sommes plus si flexibles que nous avions pû l’être. Je vous le dis en toute sincérité, j’avais perdu espoir en ce pays, je me suis retiré du syndicalisme car c’était sans issue... On ne nous laissait pas le choix pour exprimer notre volonté de changement : soit nous devions passer par la violence comme ce que nous imposait le FIS, soit devions nous résigner. Si je suis ici aujourd’hui c’est grâce à ce souffle nouveau venu de Tunisie et d’Egypte qui nous a redonné espoir. Je viens de reprendre aujourd’hui mes fonctions syndicales et je compte mobiliser des gens parce que je fais confiance à ce peuple !

Pensez-vous qu’un mouvement comme celui que connaît l’Algérie actuellement peut ouvrir sur un nouveau projet de société ?
Les jeunes sont conscients de ce qu’il se passe dans ce pays, conscients de l’enjeu que représente une telle mobilisation historique. Ils voient ce qu’il se passe ailleurs, ils vivent une impatience qui sera difficile à faire taire. Savez vous que depuis deux ans l’Algérie vit aux rythme des émeutes loin des caméras étrangères ? Saviez vous que les services secrets algériens ont recensé près de 9 000 émeutes sur l’ensemble du territoire algérien ces deux dernières années ? Qui sont ces émeutiers à votre avis ? Ce sont nos jeunes, des gamins d’une vingtaine d’années.

Pensez-vous que la jeunesse algérienne est affranchie des horreurs de ces vingt dernières années ?
Je le pense sincèrement. Il y a deux ans de cela, il y a eu une mobilisation pacifiste comme rarement nous avons eu le plaisir d’en voir en Algérie. C’était un mouvement étudiant de masse qui demandait l’allègement des programmes. Ils se sont organisés via internet et cela a rassemblé un nombre important de jeunes. Il nous est paru évident qu’en tant que profs, nous devions les suivre. Une délégation a rencontré le Ministre et ils ont obtenu gain de cause.

L’Algérie est face à un taux de chômage record des jeunes, la formation connaît un niveau abyssal. Quel est votre ressenti en tant que professeur de lycée ?
Sachez que le second plus gros budget de l’Etat est l’Education, juste derrière la Défense, mais personne n’en profite. J’ai été au ministère, j’ai vu comment ça se passe. Ce sont des groupes de mafieux (ministres, conseillers du ministère, fils et filles de...) qui s’accaparent les marchés publics et qui gangrènent le système. Ici la corruption est partout ! Moi je suis né en 1964 et je peux vous jurer que je ne me suis jamais senti libre dans ce pays. Je ne comprends pas pourquoi les Algériens qui ont quitté ce pays ont pu émerger vers d’autres cieux alors que ceux qui restent sont cloués au sol... C’est la question que tout le monde se pose ici.

Quel est le salaire moyen d’un professeur en Algérie ?
Entre 300 et 350 euros par mois et ça reste largement insuffisant. Vous vous doutez bien qu’à ce prix-là nous ne pouvons subvenir à nos besoins. Je travaille avec un jeune prof qui n’est pas marié, qui n’a pas d’enfant, qui ne peux pas se projeter dans l’avenir. Face aux élèves, il se sent totalement discrédité matériellement et cela pèse sur le corps enseignant. Qui nous donne les moyens d’enseigner dignement ? Nos programmes n’ont aucun contenu. Nous sommes obligés de faire des «copier coller» des programmes étrangers via internet pour monter nos cours... C’est juste honteux et scandaleux !

Quelles sont vos vœux pour l’avenir ?
Tant que ce système perdurera, je n’aurai aucun espoir. Comment voulez-vous avoir confiance en un système qui fonctionne au jour le jour, qui n’a aucun projet pour l’avenir... Je ne peux avoir confiance qu’aux forces de changements, celles portées par une jeunesse gonflée d’audace et d’ambition. Je ne crois qu’aux forces du changement émanant du peuple et vu ce que le Maghreb connaît aujourd’hui, je ne peux qu’y croire !


Propos recueillis par Nadjib Sellali Alger- 11 février 2011.

 

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