Mémoire »
Interview de Nathael Uhl, militant antiraciste et bloggeur
Pote à pote : pourriez-vous vous présenter ?
Nathanaël Ulh : Je suis compagnon de route de la maison des potes. Bloggeur, journaliste et militant antiracisme depuis les années 80.
Pote à pote : quel souvenir vous gardez de l’année 85 ?
Nathanaël Ulh : Moi 85, j’ai le souvenir de ne pas être à paris, j’étai à Albi une petite ville du sud de la France préfecture du Tarn. En fait avec SOS Racisme j’ai fait ma première formation en militantisme, puisque dans mon collège, le collège Louis Rascol, où je vendais des petites mains de SOS Racisme. C’est à cette époque qu’on s’est rendu compte mes camarades et moi, qui étions tous issus de milieu populaire, que la bataille antiracisme n’est pas gagné et que ce n’est pas par ce qu’on vient de milieux populaires, que nos copains s’appellent Pablo ou Mohamed ou Ali, éventuellement Nathanaël ou Christophe que les choses vont de soi. Le discours d’exclusion, de haine qui débouchera un an plus tard sur 33 députés Front national à l’assemblée, a déjà bien avancé au saint de la population. Cela s’explique de différentes manières, mais moi à l’époque je l’ai pris assez viscéralement puisque j’avais l’impression que le fait de rejeter mes potes c’est me rejeter moi aussi. Quand on dit touche pas à mon pote, pour moi c’est quelque chose que je vis de manière très intime. Je n’avais que 14 ans, mais je me sentais complétement concerné par ce combat la malgré le fait que nous n’étions pas nombreux à Albi. En tout cas ce sont ces premiers moments-là qui m’ont appris ce qu’est la confrontation, le débat et même des fois le débat assez vif, qui tourne en bagarre, ce qui est naturel pour un collégien de 14 ans.
« Pote à Pote : Quelle est la différence entre le lycéen que tu as été à Albi et les lycéens d’aujourd’hui, pourquoi sont-ils moins engagés ? »
Nathanaël Ulh : Je ne suis pas sûr qu’ils soient moins engagés. Je pense que les formes d’engagement sont différentes. Elles sont plus ponctuelles sur des sujets donnés, ils sont beaucoup moins ancrés dans la durée comme on pouvait l’être à l’époque. Ce sont des formes d’engagement qui ont muté, les outils d’engagement passent beaucoup plus par les réseaux sociaux, mais j’ai pu constater dans la ville où je travaille, Vitry sur Seine, qu’il y a des gens qui s’engagent pour aider les autres. Il y- a une association que je connais bien, qui s’appelle « Jeunesse Solidaire » .
« Il y a des gens que moi je considère comme jeunes et qui sont capables de monter une radio pour les quartiers (new V-O radio), l’espoir n’est pas perdu. Il y a même de l’engagement de longue durée qui s’installe, mais cela reste différent de nos actions de l’époque et c’est probablement normal, nous avons changé d’époque et le milieu social a changé aussi. »
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