Un Français à New York, "Pourquoi je crois encore en la politique"

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Samedi, 28 Février, 2009
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Mikhail a 28 ans. Franco-américain, il vit à New-York, et pour la première fois, grâce à Barack Obama, la politique l’inspire. Jusqu’au 4 novembre, il va tenir pour Pote à Pote la chronique de la campagne américaine. Entrée en matière de cette plongée de l’autre côté de l’Atlantique.

 

New York, de notre correspondant… récit avant élection

Barack Obama. Un nom qui aujourd’hui qui est sur toutes les lèvres. Un nom qui impressionne, un nom qui choque, un nom inattendu pour un candidat a la présidence des Etats-Unis.  Barack Obama. Il y a de ça un an, vous m’auriez demandé : qui ?  Barack Obama.

Il « efface les frontières »

 Depuis son discours à la convention démocrate de 2007, le jeune sénateur de l’Illinois ne cesse d’impressionner. Ses discours inspirent ; celui sur les races a même été comparé aux grands discours de l’histoire américaine, à côté de ceux d’Abraham Lincoln, Franklin D. Roosevelt et de celui, plus récent, de John F. Kennedy en 1960 sur la religion. Il a attiré les gens en masse et fait habituellement ses allocutions devant des foules immenses, alors que ses rivaux, de Clinton à McCain, eux, s’en tiennent à des nombres plus restreints. Les gens de tout bord parlent de son aura, de son charisme, de sa personnalité ; cette vieille dame m’a même fait remarquer ses bonnes manières lorsqu’il a tenu la chaise pour Hillary Clinton lors de l’un de leurs débat s ; si certains le trouvent charmant, d’autres le trouvent persuasif, capable de réunir démocrates et républicains dans un but commun, a l’image du Sénateur Républicain du Nebraska Chuck Hagel, qui accompagna Obama lors de sa visite en Irak. La liste des républicains qui ont fait défection au camp McCain se rallonge chaque mois (l’exemple de ce site : www.republicansforobama.org parle de lui-même.), à l’image de ce jeune rencontré, avant l’été, qui me raconta que son grand-père ‘a devoted repubican` voterait Barack Obama aux prochaines élections. « Cet homme efface les frontières, il rend les lignes floues entre batailles partisanes », m’a-t’il répété, et il n’est plus question de voter démocrate ou républicain j’ai pensé à ce moment-là, il est simplement question de voter Barack Obama et croire au changement dont il parle avec une si belle éloquence.

« Blue print » du rêve américain

 Alors ce changement existe-t-il vraiment ? Bon nombre de jeunes, moi inclus, se posent la question. Les politiciens ont la solide réputation de faire des promesses durant leur campagne qu’ils ne tiennent pas ensuite – qu’ils soient de droite, de gauche, américain ou français, ce leitmotiv est aussi vieux que la dite plus vieille profession du monde. Mais, dans le cas d’Obama, ce qu’il est prend le pas sur ce qu’il dit. Fils d’une mère blanche du Kansas, il est aussi celui d’un immigré Kenyan dont le père fut un ’boy’ pour le régime britannique ; sa grand-mère paternelle habite toujours un village dans la brousse du Kenya, comme le titra Newsweek au début de l’année tandis que ses grands -parents maternels, eux, vivent tranquillement au pays de Dorothée. Il comprend donc mieux que personne les enjeux de l’immigration qui divisent profondément l’Amérique ; il comprend mieux que beaucoup l’opportunité que les Etats-Unis peuvent encore offrir, car dans ses gènes il y a le ’blue print’ du rêve américain. A ceux qui l’accuseraient de n’être pas "in sync" avec la réalité, comme bon nombre de politiciens, il répondrait que lui, comme sa femme Michelle, viennent juste de finir de rembourser leur prêt étudiant, qu’ils ont deux enfants, et que même s’il siège désormais au sénat américain, il n’en fut pas toujours ainsi. Sa campagne n’est pas un produit fini, mais un parcours, un cheminement, et l’homme est l’incarnation, l’exemple de ce que pourrait être une Amérique réconciliée avec elle-même. En un mot, il inspire. Rappelez-vous la dernière fois que vous avez été inspirés par un politicien. Pour moi ça sera ma première fois. Alors, savoir si oui ou non il tiendra ses promesses, savoir si oui ou non il donnera une direction nouvelle à son pays.... je ne suis pas devin, donc nous n’en saurons rien avant qu’il prenne place dans le bureau ovale ; mais, en attendant, il rend bien deux choses dont les gens de ce pays ont besoin : conviction et espoir. Alors Barack’n’Roll comme on dit (OU : si certains disent Inch Allah, moi je dis Barack’n’Roll). 

JFK Noir

 Une question plus pertinente est de savoir si le changement dont parle Barack Obama et sa campagne électorale peut trouver un écho favorable dans la société américaine. Y-a-t’il une place pour ce changement dans la société civile une fois l’excitation retombée ? Je pense que pour tout votant blanc Américain, voter Barack Obama sera un acte rédemptoire. Ce serait pour certains, comme un pardon vis-à-vis de la ségrégation raciale passée et présente. Pour la communauté afro-américaine il serait enfin le vengeur de toute les peines accumulées au long des années. Voter Barack Obama serait non seulement un acte rédempteur pour certains mais il servirait de catharsis à d’autres. Il est le "deux en un" de la politique américaine ; il est le JFK de nos jours, dit-t-on de plus en plus, sauf que ne le disons pas fort, mais disons-e quand même : c’est un JFK noir !   Mais deux fois plus d’espoir, c’est aussi deux fois plus de risques : Alors Barack Obama sera-t-il assassiné ? Question stupide, peut-être, mais question nécessaire si l’on doit comprendre la conviction de cet homme ; devenir président des Etats-Unis, c’est aussi mettre sa vie sur la sellette car ici, ne l’oublions pas, c’est les Etats-Unis d’Amérique, c’est le pays où la constitution défend le port de l’arme, le pays où Abraham Lincoln, John et Bobby Kennedy se sont fait assassiner, et ceci plus pour ce qu’ils étaient que pour ce qu’ils disaient. Alors, oui, la question est sur toutes les lèvres, la même peur se lit sur les tous les visages. Personne ne peut écarter cette hypothèse, preuve que les gens ont conscience de l’extrême fragilité de cet espoir, preuve que le message d’Obama, quel qu’il soit et quoi qu’il advienne, est un message rare, unique et qui ne pourrait pas être véhiculé sans lui. Le spectre de sa mort, bizarrement, ne rend que l’évidence trop claire : les gens ont enfin compris qu’il est grand temps.



New York, toujours de notre correspondant, récit post élection….

Les pétards fusent, la foule fait la fête

Onze heures pile. Les bureaux de la côte ouest ferment enfin et le résultat tombe : ce sera bien Barack Obama, le nouveau président des Etats-Unis. Cris, pleurs, les gens autour de moi s’embrassent et se félicitent, pendant que d’autres encaissent en silence, la larme à l’œil. L’événement est incroyable, et si on y croyait avant, on n’ose plus y croire tellement la symbolique est forte. A la télé un commentateur politique s’émeut et commence à verser des larmes pendant qu’on nous le répète, sur CNN comme sur FOX, c’est bien plus qu’un tournant pour les Etats-Unis, c’est bien une nouvelle page d’histoire qui s’offre au pays tout entier. Le monde se réveillera aujourd’hui non pas à l’image des bombes en Iraq, non pas aux mouvements effrénés des indices boursiers, mais au son qui n’a pas résonné depuis longtemps, celui de l’espoir. John McCain livre très rapidement son discours de concession. Si durant toute la campagne on a eu l’impression de voir John danser à gauche et à droite, il semble que ce soir, face à la défaite, il ait trouvé son équilibre. Il livre ce soir un discours juste, sans rancune, et avec grande humilité. Il loue un Barack fort et constant qui a fait preuve d’une grande maturité, et reconnaît que c’est un moment historique pour le pays. Dans une preuve d’humilité il dit à la foule : « the failure is mine » (la faute est mienne) et la foule s’empresse de clamer son nom haut et fort. La déception se lit sur son visage, il félicite ses supporters, sa campagne, sa famille, et enjoint le public à faire comme lui dès demain, à servir loyalement son nouveau président, Barack Obama.

Mikhail Salmon

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