Un petit soldat qui dérange
Et pour cause : un déserteur pour héros en pleine guerre d’Algérie et une scène de torture sans concession. Subversif, le film l’est surtout parce qu'il refuse de prendre parti et condamne le conflit dans son ensemble. Les deux parties, FLN et OAS, toutes deux aussi criminelles, sont renvoyées dos à dos. Et c’est la présentation de l’action de la France en Algérie « comme dépourvue d'idéal » qui est entre autres reprochée par le ministre de l'information d’alors. « On doit se battre pour des idées, et non pour des territoires », peut-on en effet entendre dans un dialogue.
Mal compris du public parce que ambivalent, parce que mêlant critique politique, parole intimiste et réflexion sur la condition humaine, Le Petit Soldat est resté voué à la malédiction, même s'il est aujourd'hui loué pour sa prise de position radicale contre la torture, dénoncée dans les deux camps, et contre la guerre d'Algérie. Il est en tout cas à cette époque le seul film à parler ouvertement de ce que l'on nommait pudiquement alors "les événements".
Christine Chalier
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