Fiction : 3919…

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Dimanche, 14 Octobre, 2012
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Blogueuse mais aussi infirmière, Mille a écrit cette nouvelle après avoir visionné le court-métrage de Laurence Ferreira Barbosa "Violences conjugales".


19 heures :

Il n’est pas rentré. C’est mauvais signe, je crois. Je pourrais lui envoyer un message rapide sur son téléphone. Je n’ose pas, raviver sa colère n’aurait pas de sens.

20 heures :

Toujours pas là, je décide de manger. Sans lui, et surtout sans faim. J’ai peur maintenant. Les minutes qui se sont écoulées depuis tout à l’heure n’ont servies qu’à alimenter mes angoisses. Je me souviens très bien de sa dernière absence, je m’en souviens trop bien.

21 heures :

Je ne sais pas quoi faire. J’ai couché Manon, lui ai conté l’histoire du Prince charmant qui vient sauver Blanche Neige. Elle s’est endormie, le visage calme et apaisé. Je la regarde et emplie ma mémoire de son visage. Je l’aime tellement, elle est le fruit de notre amour.

22 heures :

Je vais me coucher. Morphée veille, peut-être, sur moi.

23 heures :

Je m’endors.

Minuit :

J’entends les clés qui tournent dans la serrure. Je m’éveille en sursaut. Je me lève, vite. Je le rejoins dans le salon.

Minuit une minute :

Il est là. Il me sourit. Je n’aime pas ce sourire. J’aurais peut-être du l’attendre dans le salon.

« Alors, tu t’es couchée ? Tu n’étais même pas inquiète ? »

« Si, mon amour. Je n’ai pas osé te déranger sur ton téléphone, je t’ai cru en réunion. »

Il se fige, je n’aime pas son expression.

Minuit deux minutes :

Il s’approche de moi, je recule. Mais, le canapé situé derrière mon dos stoppe ma fuite. Sa main se lève. Je prends le premier coup. Un coup de poing, violent, brutal, qui me fait tomber à terre. Je suis sonnée. Surtout, j’ai mal. Très mal.

Je sais, hélas, que ce n’est pas le dernier coup. Je me protège, lève les mains vers mon visage et me place en position de fœtus. Cela le fait rire. J’voudrais crier pour que quelqu’un vienne. Je ne peux pas, Manon dort.

Je sais, d’ailleurs, que personne ne viendra : j’ai déjà hurlé, rien n’a bougé. Les habitants de mon immeuble ont juste arrêté de me sourire dans la cage d’escaliers. Ils ont peut-être eu peur, eux aussi. Que ce mal qui ronge mon mari soit contagieux. Que m’aider soit trop compliqué. Je ne leur en veux pas, je n’arrive pas moi-même à m’aider.

Minuit trois minutes :

Les coups pleuvent, comme un déluge. Je ne peux pas les arrêter, même plus les esquiver. Il s’est assis sur moi, a plaqué mes bras sous le poids de son corps. Mon visage est à découvert.

Je tourne juste à temps la tête. Deux coups de poings successifs me fracassent la mâchoire. J’ai un gout horrible de sang dans la bouche, quelque chose entre le caillou et le métal. Je déteste ce gout.

J’voudrais que cela s’arrête. Je me débats. A armes inégales, j’essaie de le faire tomber. Malgré la douleur et ma vision qui s’est troublée depuis le premier coup reçu (probablement parce que mon arcade sourcilière a volé en éclats), mon corps s’agite. Je fais des petits bonds pour le déstabiliser et le faire tomber.

J’entends des « Arrêtes, salope ». Cela décuple ma force.

J’réussi à le faire glisser. Trente secondes vont s’écouler, trente secondes à ma disposition pour m’échapper, m’évader.

Minuit … (je ne vois plus les minutes) :

Je rampe vers la porte de la maison. J’essaie de me relever. La porte est ouverte. Dehors, je pourrai crier et hurler. Je suis sûre, quelqu’un viendra. On m’aidera cette fois.

Minuit …

Il est là, devant moi. Comment a t’il fait ? Il me sourit en fermant cette porte, cette putain de porte. « Rêves pas, salope. Tu vas pas y échapper ».

Il m’attrape par les cheveux. Je hurle, je ne peux plus m’en empêcher. J’ai mal. J’ai peur, j’ai du mal respirer, mon nez lui aussi doit être cassé.

Il me tire avec force, je voudrais… Mes doigts s’agrippent, je cherche un truc pour l’empêcher. Rien, y’a rien. Mes ongles cherchent une lame, un petit trou pour m’éviter.  Y’a rien. Putain de parquet vitrifié sur lequel je glisse si bien. Je n’aurais pas du si bien l’entretenir. Je continue de hurler, même la porte fermée. J’ai trop peur maintenant. Il n’a jamais été si fâché. Qu’est-ce que je n’ai pas fait, qu’est ce que j’ai oublié ? Je réfléchis. Je ne trouve pas de raison à sa colère.

« Manon, caches-toi. Fermes ta porte à clé » seront les derniers mots que je pourrais articuler.

Ma tête heurte très violemment l’angle de notre lit en bois massif. L’intensité du choc me rend muette. La décharge électrique de douleur inonde mon cerveau. Je vais mourir, je crois…

 

 

Millie

@Trimillie sur Twitter

 

Crédit photo : Aurélie Launay

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