Femmes du Mali et d’ici
Une fille écrit à sa mère, une autre parle de sa condition de working-girl au bas des tours de La Défense, une autre encore annonce à son père qu’elle va réaliser son rêve, ouvrir une école. Des trottoirs de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, au marché de Kayes au Mali, toutes parlent de leur vie. Toutes parlent à la première personne et s’adressent à quelqu’un, familier, proche, parent décédé ou ami imaginé. Seule contrainte, se raconter à travers le travail.
Une femme assise dans un square, parle de dos. « Je travaille de 6h00 à 22h00 chez trois personnes par jour. Les coupures sont trop courtes pour rentrer chez moi. Je vis comme toute citoyenne française. Pourtant depuis cinq ans, mon titre de séjour n’a pas été renouvelé. Je ne peux pas retourner au Mali. Depuis cinq ans, je n’ai pas vu mes enfants. Mon coeur saigne. » Des bruissements de tissus. Une jeune fille se regarde dans le miroir et arrange le costume traditionnel quel porte. Elle parle à sa mère, rentrée au Mali quand elle avait onze ans. « J’ai choisi de faire passer ma vision du bonheur avant la tienne. J’ai choisi de me détacher de toi. »
Qualité de parole
« Cette qualité de parole est le fruit d’un travail en atelier. Elles sont toutes co-auteures du film et auteures de leur lettre » », insiste Laurence Petit-Jouvet, la réalisatrice. « J’ai fait très attention à leur laisser toute la place. Il était très important d’être extrêmement à l’écoute. » A tel point que l’une des jeunes femmes filmées à Montreuil a avoué à la réalisatrice avoir réussi à dire et se dire des choses qu’elle ne dit jamais.
Christine Chalier
Correspondances, sur les écrans depuis le 2 mars.
Crédits photo : Films du Paradoxe
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