L’immigration : quel poids économique ?
Quelle est la contribution de l’immigration au dynamisme de l’économie française ? Répondre à cette question est difficile pour plusieurs raisons. D’une part, il faut pouvoir dire ce qui se serait passé sans immigration. Ensuite, il faudrait identifier précisément la contribution en termes de production, de consommation, d’investissement, de recettes fiscales, de dépenses publiques, d’exportations et d’importations. Par exemple, dans les années 1970, les politiques de retour au pays, notamment dans les territoires touchés par les restructurations, ont engendré des difficultés pour les commerçants de ces territoires par diminution de la consommation. De plus, par définition on dispose d’éléments chiffrés uniquement pour les immigrés réguliers.
Néanmoins, il y a cinq ans, une étude officielle avait estimé l’arrivée de 50 000 immigrés à une augmentation du PIB de 0,1 à 0,25 point. En outre, l’immigration contribue à l’accroissement de la population active, notamment parce que 70% des immigrés sont âgés d’au moins 18 ans à leur arrivée, ce qui est un facteur important du potentiel de croissance d’une économie.
L’immigration représente une part non négligeable de l’emploi (8%) et des flux sur le marché du travail. Certes, les immigrés ont un taux de chômage deux fois plus élevé que les non-immigrés, en raison d’un niveau de qualification plus faible, de discriminations à l’embauche, de lacunes en français, d’un nombre encore important d’emplois interdits aux immigrés…
Surtout, l’emploi immigré est très concentré dans certains métiers peu qualifiés, comme ceux du bâtiment, de la mécanique, de l’hôtellerie-restauration, du gardiennage, les services aux particuliers (employés de maison, assistantes maternelles, aides à domicile), sans compter les saisonniers agricoles. Dans ces métiers, la part des immigrés dans l’emploi dépasse 10% et parfois 25%. En Ile de France, dans les entreprises de nettoyage, les immigrés représentent même sept salariés sur dix d’après les données de l’INSEE (hors immigration irrégulière). A métier et secteur d’activité comparable, les immigrés occupent enfin des emplois spécifiques en termes de conditions de travail, avec des expositions plus fortes aux postures pénibles, des travaux plus monotones, des organisations du travail moins innovantes. Bref, dans de nombreux emplois, les immigrés s’avèrent indispensables !
Tristan Klein
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Immigration sélective et besoins de l’économie française, Ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, La Documentation française, février 2006.
Les métiers en 2015, CAS – Dares, La Documentation française, janvier 2007.
« L’activité des immigrés en 2007 », INSEE Première, octobre 2008
« Les conditions de travail des salariés immigrés en 2005 : plus de monotonie, moins de coopération », Premières synthèses, Dares, février 2009.
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