L’Europe veut elle encore lutter contre les discriminations?
Au Royaume-Uni pour comprendre le racisme et les discriminations, il faut connaître les changements qui résultent de la lutte contre les attitudes et les mouvements racistes. Ils proviennent de l’action politique, des organisations de terrain et des universitaires. Ils sensibilisent l’opinion et apportent un aspect plus informatif à ce qui se passe dans les rues
Deux choses ont un impact fort au Royaume-Uni. De par notre histoire coloniale, de nombreuses personnes viennent des pays d’Asie du Sud ou d’Afrique. Elles possèdent le droit de vote et peuvent se présenter aux élections. De plus, nous sommes très ouverts au sujet de la double nationalité. Nous avons par exemple un député européen qui a la double nationalité britannique et sri lankaise. C’est également grâce à ces personnes qui ont le droit de vote que les politiques font plus attention à leurs attentes.
Nous avons une histoire moderne des relations raciales qui remonte aux années 70. En l’occurrence la loi des relations raciales était en quelque sorte une réponse à l’émergence du parti de l’extrême droite britannique, le BNP (British National Party). A cette époque le gouvernement travailliste a essayé de mettre en place des lois qui portaient plutôt sur l’égalité et qui étaient davantage une réponse aux questions de logement et de police.
Dans les écoles, nous avons assisté à un développement des politiques antiracistes. Par exemple, on enseignait aux enfants quelle attitude adopter face aux évènements racistes qui avaient lieu à l’école.
Puis on apprenait aux enfants l’histoire des Noirs ou ce qu’on appelle le mois des Noirs où on parlait de l’histoire et des revendications de cette communauté.
A l’époque nous avions décidé qu’il nous fallait surtout des données chiffrées sur le nombre de personnes qui étaient employées et leur niveau hiérarchique dans le service public et au sein des différentes entreprises. La Commission pour l’égalité raciale avait d’importants pouvoirs en matière de représentation et d’investigation.
Un autre évènement vint marquer la lutte contre les discriminations : le meurtre d’un jeune homme noir de 18 ans, Stephen Lawrence. La police a tellement minimisée cet incident qu’une enquête a été lancée. Pour beaucoup de familles blanches de classe moyenne, c’était la première fois qu’ils voyaient la réalité du point de vue d’une famille noire britannique. Cette enquête a révélé au grand jour le racisme institutionnalisé de la police. C’est pour cela que la famille de la victime n’a jamais obtenu justice.
Cela a engendré de nombreux changements au sein de la police comme la façon de recruter. Notamment, la police doit refléter davantage la communauté qu’elle sert. D’autres institutions publiques ont également dû apporter des changements. Aujourd’hui dans la législation britannique, il existe un devoir public de défense de l’égalité et des bonnes relations au sein de la communauté. C’est loin d’être parfait mais au moins ce devoir existe dans la loi.
Il était également nécessaire qu’il y ait des organisations qui puissent lancer des enquêtes à la suite d’évènements racistes. Et tout cela a eu une certaine influence sur la législation au niveau de l’U.E. Il existe
un débat concernant l’Union européenne et le Royaume-Uni, à savoir en quoi l’U.E peut profiter au Royaume-Uni ? Et qu’est-ce que le Royaume-Uni peut apporter à l’Union Européenne ? Je pense que le Royaume-Uni a apporté une sorte d’attitude positive en matière d’égalité même s’il est vrai qu’il reste beaucoup de travail à faire.
Jean Lambert, députée Verte britannique,
Propos Recueillis aux Universités d’été desMaisons des Potes par Julia Moumon
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