Modibo Keita
Il est même dit que ses professeurs le signalèrent comme : «
Instituteur d'élite, très intelligent, mais anti-français... Agitateur
de haute classe à surveiller de près ». Mais l’histoire rappellera que
Modibo Keita n'était pas anti-français mais, bel est bien
anticolonialiste, qu’il justifie par son activisme dans plusieurs
mouvements et associations à partir de 1937.
Ne
pouvant se soumettre à l'interdiction faite aux africains de faire de
la politique, il contourna la loi et fondera avec Mamadou Konaté «
l'Association des lettrés du Soudan » qui deviendra le « Foyer du Soudan
». Apolitique de vitrine, cette association fut un terreau duquel
naîtra la force de ce panafricaniste convaincu.
En
1943, il créa le journal « l'oeil de Kénédougou » dans lequel il
expose, sans retenue, son opposition au colonialisme et la féodalisation
de l’Afrique. Dans le même temps, il crée avec Mamadou Konaté la
fédération des syndicats des enseignants. Mais les démonstrations de sa
détermination, qu’il cultive dans ses engagements nationalistes,
politiques et syndicales le conduiront tout droit à la prison de la
Santé à Paris pendant 3 semaines en 1946 où il est jugé comme un
dangereux opposant par la justice française.
De
retour à Bamako, il devient secrétaire général de l’Union soudanaise du
Rassemblement Démocratique Africain (RDA) qui fut présidé par Houphouet
Boigny.
En
1953, il est élu conseiller de l'Union française alors que trois années
plus tard il devient à la fois maire de Bamako et député à l’Assemblée
Nationale française puis vice-président de cette même assemblée.
Sous
la IV République Modibo Keïta sera, à deux reprises, secrétaire d’Etat
dans les gouvernements français : à l’Outre Mer en 1957 puis à la
présidence du Conseil d’Etat de novembre 1957 à mai 1958.
1958
fut également l’année où il est élu président de l’Assemblée
constituante de la Fédération du Mali qui regroupe le Soudan français
(Mali), le Sénégal, la Haute Volta (Burkina Faso) et le Dahomey (Bénin).
Modibo
Keïta est nommé à la tête du gouvernement de la Fédération du Mali qui,
en 1960, est déjà amputée de la Haute Volta et du Bénin.
Cette
Fédération éclatera le 22 septembre 1960, date à laquelle il proclamera
l’indépendance du Soudan français, qui deviendra la République du Mali
dont il sera président.
A
partir de cette date, Modibo Keïta met son pays sur les rails du
socialisme en s’intéressant tout particulièrement aux deux secteurs
économiques cruciaux que sont l’agriculture et le commerce.
En
1962, il crée le franc malien mais les difficultés d’approvisionnements
entraînent une inflation qui déclenche un mécontentement massif de la
population avec en première ligne les paysans et les commerçants.
Après
avoir incarcéré bon nombre de ses opposants, Modibo Keïta lance « la
révolution active » et suspend la constitution en créant le Comité
Nationale de Défense de la Révolution (CNDR). Mais de nombreuses «
milices populaires » sévirent dans le pays et le franc malien connaît
une dévaluation significative en 1967 ce qui fait émerger une grogne
générale de la population. Ce contexte sera en effet propice à un coup
d’Etat que le lieutenant Moussa Traoré organisera avec succès le 19
novembre 1968. Il enverra Modibo Keïta à la prison de Kidal puis le
transférera dans les geôles de Bamako où il mourut le 16 mai 1977, à
l’âge de 62 ans, dans des circonstances encore inconnues.
Nadjib SELLALI
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