L'Ecole sous tension
Harmoniser les relations entre tous, émanciper les individus de leur milieu d’origine, créer du lien social, faire voler en éclats les préjugés, telles sont, ou devraient être, ses missions. Et bien sûr, préparer les nouvelles générations aux défis de notre temps : acquérir les fondamentaux (lire, écrire, compter) mais aussi décrypter le monde dans lequel nous vivons, maîtriser les outils de communication, savoir se repérer dans l’imbroglio complexe qu’est devenu le monde en 2003. De cela, chacun semble convaincu. D’ailleurs, aucune voix ne manque pour réaffirmer l’importance du « côté de l’École », le « magnifique métier de prof », la « mission de service public » qu’est l’Éducation nationale. La critique est unanime : on a tous besoin d’un plus grand que soi !
ECOLE A 2 VITESSE
Mais il y a un hic. Comment peut-on prétendre faire de l’Éducation une priorité quand on supprime d’un coup les 20000 emploi-jeunes qui faisaient leur job vaille que vaille depuis cinq ans auprès de notre turbulente jeunesse ? Et comment faire avec 5600 pions en moins cette année ? Sans parler des 1500 postes de profs qui manquent selon les syndicats (ah, les syndicats, ces empêcheurs de réformer, arc-boutés sur leurs avantages acquis!).
Résultat, alors que nous-mêmes étions plutôt dubitatifs quant à l’injection massive de ces emploi-jeunes à l’École (salaires faibles, substitution d’emplois déjà existants), nous sommes contraints de constater que leur suppression définitive en janvier 2004 va laisser un trou béant dans l’ensemble des établissements. Plus que jamais, c’est vers une École à deux vitesses que l’on se dirige tout droit.
On nous répondra peut-être que pour pallier ce manque, 20000 assistants d’éducation vont être embauchés. Mais chacun sait bien que ces fameux « ASSEDU », moins bien formés, moins bien payés, aux missions de surveillance et non plus animation-médiation, ne remplaceront pas l’expérience acquise en cinq par ceux qui d’ores et déjà font les frais d’une politique de restriction budgétaire à tous niveaux.
Nos responsables avaient l’occasion de va- lider un système qui avait fait ses preuves et de conforter des milliers d’éducateurs dans leur mission. L’occasion est ratée. Il ne faudra pas se plaindre quand les tensions résurgiront.
THIERRY KELLER
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