Enfants damnés de la TV
« Maintenant, il y a une véritable appréhension par rapport aux journalistes : quand ils viennent on les regarde de bas en haut .On a déjà subi. En 1997, Canal+ est venu : tout le monde a refusé de parler, sauf quelques grands- frères avertis .le problème c’est avec les plus jeunes. Tu peux leur faire dire n’importe quoi ,c’est un jeu pour eux. »
Tout remonte à un reportage d’en- voyé spécial avant les émeutes de 1991 : « les journalistes sont allés chercher les bêtes noires, ils ont coupé les phrases et laissé seulement les on veut tout cas- ser les bras d`honneur .On nous montrait comme des animaux sauvages. En 91, après la mort de la flic et du jeune, un journaliste de TF1 s`est mis à l’extérieur du Val-Fourré, avec la cité derrière lui, et a raconté : A Mantes, il y a une zone de non-droit, on ne peut plus y aller ; les jeunes se sont accaparé le quartier...Depuis, on a l’impression que Mantes doit garder cette image, rien d’autre ne peut intéresser les journalistes. Jacques Martin parlait systématiquement du jeune de Mantes, pour dire les banlieues à problèmes.. »
Ou alors, il s’agit de filmer sur le thème <<la réussite dans les quartiers>>,pour prouver que <<le rêve est possible >> ,selon l’expression de Foued. <<Faudel ou les footballeurs ont réussi à Mantes. Mais c’est des cas, des exceptions. Les médias ne nous montrent pas ceux qui ont trouvé un boulot, tout simplement. Bien sûr, Faudel a réussi, mais les jeunes ne sont pas dupes :ils ne croient pas que tous peuvent y arriver. Leur rêve, c’est de trouver un boulot, un appart, avoir des enfants. Des choses simples sont devenues très difficiles à obtenir. La préfé- rence nationale existe déjà : pour quelqu’un du Val, chercher un appart dans le centre-ville, c’est le parcours du combattant...Alors ceux qui réussissent,ils partent à Poissy ou à Paris.>>
La liste des cités discréditées, grillées après le passage des journalistes est longues :Mantes,Vaulx-en-Velin ,Grigny, Chanteloup...Là où les caméras passent ,l`herbe a du mal à repousser.
Erwan Ruty
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